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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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sur les épaules et une casquette brodée de la guirlande dorée. Cette idée le réjouit.
    Else et lui avaient bu le café chez Wiene. Un orchestre tzigane jouait. Il avait embrassé Else dans le couloir qui conduisait aux toilettes des dames. Un baiser du bout de la langue, comme il l’avait lu dans ce livre interdit aux H. J. Un bouquin épatant que tous louaient un bon prix à son propriétaire. Ça en valait la « peine. Ce livre indiquait vraiment comment il fallait se comporter avec une fille. Quel en était donc l’auteur ? Un nom américain. Miller ? Ah ! oui ! Henry Miller. Quelle histoire ce fut lorsque le Bannführer Haxter trouva le bouquin ! On frisa le camp des P. U. (Irrécupérables politiquement.) Lecture juive, avilissante ! avait crié Haxter. On les menaça de toutes les plaies du pays. Pendant trois mois, tout le Bann 19 fut considéré comme la peste. Ils étaient sévèrement isolés dans le camp, et le livre fut brûlé la nuit sur un bûcher, pendant qu’on chantait :
    « Le sang des Juifs doit gicler. »
    Le baiser avait rendu Else furieuse, et il s’était vu traiter de porc. Pendant deux jours, ils ne s’étaient pas adressé la parole, puis il avait dû promettre de ne plus jamais l’embrasser. C’était honteux, avait-on dit à la B. D. M. (Bund deutscher Mädel) (Ligue des filles allemandes). Un officier ne faisait pas ce genre de chose. Un officier et une B. D. M. devaient rester chastes jusqu’à leur mariage. Est-ce que le Führer se promenait en embrassant les femmes ? On devait admettre que c’était impensable.
    Puis vint ce jour imbécile : la fête de Käthe. H s’était enivré comme les autres en oubliant qu’il était un officier et qu’il lui fallait rester chaste. On avait joué au « strip poker », cela s’était terminé dans une nudité presque totale et les filles allaient y passer lorsque Else faillit avoir une crise de nerfs.
    – C’est de la cochonnerie ! Une invitation juive déshonorante !
    Elle l’avait plus que sa culotte, son soutien-gorge et un seul bas. Dans cet appareil, elle avait levé le bras et crié : « Heil Hilter ! » ; c’était tellement comique que tout le monde avait éclaté de rire. Bernhardt Mtilier, qui était lieutenant d’infanterie, avait crié à Else de ne pas faire tant d’histoires. Adolf aussi faisait des tas de choses juives, avait-il assuré. Else lui avait craché dessus et s’était éclipsée sans que personne s’en aperçoive.
    Le lendemain, Bernhardt fut arrêté par la Gestapo. Deux petits hommes minces en blouson de cuir noir, qu’accompagnait Else en uniforme de B. D. M.
    Elle avait montré Bernhardt d’un doigt accusateur.
    – Voilà le laquais juif qui ose salir le nom du Füher par des accusations érotiques.
    Les deux types en uniformes noirs mirent un bras sur les épaules de Bernhardt et dirent gentiment :
    – Viens te promener avec nous, frère, nous avons à te parler.
    Bernhardt devint blême.
    – Ce doit être une erreur, dit-il.
    Un des hommes se mit à rire :
    – C’est toujours une erreur, frère. Tout n’est qu’une immense erreur.
    Ils poussèrent Bernhardt dans la Mercédès grise dont les portes se fermèrent avec un claquement sec, et comme Else voulait les accompagner, ils l’écartèrent avec brutalité.
    – Allez, file !
    Else fit un rapport contre les deux types de la Gestapo pour insulte à une B. D. M. Il s’ensuivit une courte visite à la police, et à son retour, elle s’était jetée sur un divan et avait pleuré longuement. Tout ce qu’il put en tirer, c’était qu’elle ne mettrait plus jamais les pieds à la Gestapo et qu’elle lui conseillait d’en faire autant.
    – Ce ne sont pas des êtres humains, dit-elle. Le Führer ne sait sûrement pas ce qu’ils sont capables de faire.
    Elle avait sorti une bouteille de cognac, puis une seconde. Son père avait une belle collection d’alcools, du temps où il était à la Kommandantur de Paris. Des cadeaux que la population française lui faisait pour ses bons et loyaux services, avait-il dit en riant. On recevait beaucoup de cadeaux en France : les quatre tapis d’Orient, les meubles rococo du salon, le piano aux incrustations d’ivoire, tout cela c’étaient des cadeaux.
    Tous deux piétinaient en ce moment un des tapis-cadeaux en buvant du cognac. Ils voulurent danser, mais comme ils n’arrivaient pas à se mettre en mesure, ils étaient tombés. Nouveau baiser

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