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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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au plus vite. Vite, une lettre à l’Inspecteur général de l’Artillerie et aussi au Feldmarschall Keâtel, le chef de l’armée, qui était un artilleur. Celui-là ne permettrait pas qu’un lieutenant de son arme meure assassiné par des sous-hommes. On avait entendu dire que c’étaient les gens des régiments disciplinaires qui étaient chargés des exécutions à Torgau.
    Ce nom le frappa comme l’aurait fait un poing fermé. TORGAU ! Mon Dieu, était-ce vrai ? Etait-il vraiment à Torgau ? Le nom qui signifiait l’enfer, la torture, la mort…
    Il éclata de nouveau en sanglots et tâta ses épaules. Oui, il était toujours lieutenant, et ils le fusilleraient comme lieutenant. Mais il ne voulait pas mourir, il voulait se battre, se battre pour le Führer, la patrie. Il se redressa et regarda le ciel que l’on percevait au travers de la vitre dépolie. Pourquoi le tuer ? Il n’avait que 20 ans. Il valait bien mieux le laisser se battre, lui permettre de tuer les barbares qui avaient forcé l’Allemagne pacifique à faire la guerre. Il était officier, il avait une merveilleuse formation. Ce serait idiot de le fusiller. Oui, écrire tout de suite au Generaloberst Haider, le chef d’état-major général. Il l’aiderait certainement. C’était son devoir de lui écrire.
    Le lieutenant regarda un instant la vitre dépolie où la lumière grise s’apprêtait à prendre congé de la prison, et tout à coup, une panique le prit. Il se mit à hurler :
    – Je veux écrire, je veux écrire, écrire, écrire !
    Quelqu’un dans le couloir frappa la porte d’un lourd trousseau de clefs et cria :
    – Silence !
    Un œil se colla au judas vitré, un œil vivant, un œil libre. Un œil qui ne fixerait pas un jour la rangée des douze canons de fusils. Maintenant, il savait à qui il devait écrire, certainement au H. J. Reichsführer (Hitler Jugend, Jeunesses hitlériennes) Baldur von Schirach qu’il connaissait personnellement. Celui-là l’aiderait certainement parce que le lieutenant avait été le meilleur de la 15 e troupe de H. J. Il n’avait que 15 ans, lorsqu’il fut nommé chef de groupe pour 89 H. J., avec les meilleures notes, comme à l’Ecole militaire. Tout le monde savait que le national-socialisme était pour lui une fée. N’avait-il pas toujours défendu le Führer et le Gauleiter de Berlin, le Reichsminister Dr Gœbbels ? N’était-ce pas lui qui avait forcé tous ses camarades à signer le rapport sur le major Vœn, ce qui avait fait éloigner cet individu défaitiste ? L’officier N. F. (national-socialistischer Fürsorgeoffizier : Office du Parti) lui avait frappé sur l’épaule, cette fameuse nuit où ils étaient venus chercher le major. Ils étaient trois civils et un capitaine de la police secrète. Lui et ses camarades avaient craché sur le major quand on l’emmena, et deux d’entre eux crièrent : – Tu y perdras la barbe !.
    Il y avait de cela trois mois, Où pouvait bien être aujourd’hui le major Vœn ? Qui sait, peut-être dans la cellule voisine ? Non, certainement pas. Il demanderait à un des types dans le couloir. La plupart n’étaient pas de simples soldats ; il était même sûr d’avoir aperçu les hommes d’un régiment disciplinaire. Aussi, lui, un lieutenant pouvait-il tout de même se permettre d’interroger un de ces types.
    Il se redressa un peu à l’idée qu’il était officier. On ne pourrait pas faire autrement que de le gracier. Probablement pour un régiment disciplinaire, mais pas pour longtemps ; il était national-socialiste et avait des relations, et puis cet assassinat n’était nullement prémédité. Au contraire. Quelle erreur déplorable ! Il avait bien essayé de l’expliquer au conseil de guerre, mais ces vieux imbéciles ne comprenaient rien à rien. Des ânes bâtés qui seraient balayés dès la victoire comme des saloperies qu’ils étaient. Alors ce seraient les H. J. et les SS qui gouverneraient. Le Führer l’avait presque promis.
    Il se redressa, reprit courage, se sentit déjà plus libre. Il se mit à faire les cent pas, cinq dans un sens, cinq dans l’autre. On ne le fusillerait pas, c’était sûr. Pouvait-on penser que l’on ferait une chose pareille ? Lui, le lieutenant Heinz Berner, il obtiendrait le droit de se battre pour l’Allemagne.
    Il se mit à rire. Si la guerre durait assez longtemps, cinq ans par exemple, il arriverait bien au grade de capitaine, avec deux étoiles d’or

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