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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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– C’est une insulte pour moi ?
    – Du tout, mon Hauptfeldwebel, reprit le légionnaire en souriant. Ce n’est arrivé qu’une seule fois, et à Torgau, mais dans votre prison par malchance.
    – Quelle bande on m’a mis sur les bras ! gronda Dorn. – Il cracha son dégoût. – J’ai honte, par Dieu, j’ai honte !
    – Il faut bien qu’une fois soit la première, murmura pensivement Petit-Frère.
    Dorn se retourna d’un bloc et devint apoplectique.
    – C’est encore vous, crétin ! Je n’ai donc pas dit que je ne supportais pas votre vue ? Disparaissez !
    – Fais mon rapport à mon Hauptfeldwebel que je suis affecté ici. – Petit-Frère claqua des talons. – Mais je veux bien m’en aller, dit-il en penchant sa tête avec gentillesse.
    Dorn déglutit. Il leva son poing fermé et rugit :
    – Vous allez voyager, je vous le jure ! En direction de l’Est et dans pas longtemps. Thomas, fais nettoyer les mitrailleuses à cette vache !
    – Oui, rigola Thomas qui se tourna vers Petit-Frère. Vois à nettoyer les mitrailleuses.
    – Et qu’il en crève ! hurla Dorn.
    Il sortit majestueusement en claquant la porte.
    Petit-Frère poussa le verrou, et rejoignit Thomas et le légionnaire qui reprenaient place à la table ; il en fit trois fois le tour pour attirer la chance, et s’assit avant de donner les cartes.
    Un prisonnier affecté aux cuisines leur apporta de quoi manger – deux portions pour Petit-Frère – et ils restèrent là jusqu’à 19 heures, instant où Dorn quittait son bureau. Es endossèrent alors leurs uniformes de sortie, et arrivèrent au « Cochon Mouillé » juste au moment où éclatait une bagarre. Petit-Frère eut la mâchoire démise, mais ce fut une belle bagarre. Chaque fois qu’il cognait, il pensait à Dorn.
    Ils s’appelaient Katz et Schröder et appartenaient à la police secrète de l’armée. Tous deux étaient imbus de leur importance. Tout le monde rampait devant eux, ce qui les ravissait.
    Dorn commença par hausser la voix car ils étaient en civil, mais lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il avait en face de lui, le ton changea.
    Les hommes des ténèbres crurent avoir vaincu. Du moins, ils le pensèrent au début. Mais en quittant la prison direction Berlin, Katz déclara :
    –  Cochon de colonel ! Et ce n’est qu’un artilleur.
    –  Avec un seul bras, renchérit Schröder.
    –  Et haut comme une crotte.
    –  Et de l’armée, même pas des SS !
    –  Sale affaire. Valait mieux filer.
    –  Si on faisait un rapport au SS Heinrich ?
    –  Non, dit Schröder en pinçant les lèvres. J’ai comme une idée que ça nous réserverait des surprises. On ri a rien vu, Katz.
    –  Tu as raison on n’a rien vu.
     

GESTAPO
    LE matin de bonne heure, le feldwebel Lindenberg fut conduit au lieu de l’exécution. Il marchait entre Petit-Frère et Porta ; tous trois semblaient déambuler paisiblement.
    Lindenberg était en uniforme vert, mais tête nue selon le règlement Et sans ceinturon selon le règlement. Les deux autres portaient des casques d’acier qui luisaient méchamment, et leurs fusils en bandoulière. Dans la cartouchière, il y avait six balles. Les cuirs polis brillaient selon le règlement. Le crachin tombait, l’étroite place déserte et triste était parsemée de flaques d’eau, il faisait froid.
    Le premier peloton, sous la direction du lieutenant Ohlsen et du Vieux, était en place. Près du mur se tenaient un capitaine de la garnison avec l’aumônier et le médecin en second. Tout au bout, contre la petite porte, deux soldats infirmiers attendaient assis sur une civière.
    Lindenberg jeta un coup d’œil nerveux autour de lui. Le courage allait-il lui faire défaut au dernier moment ?
    – Lève la tête, camarade, crache sur les trous du cul. Montre-leur que nous autres copains, nous ne plions pas !
    Lindenberg eut un sourire las et hocha imperceptiblement la tête. Son pas se fit plus ferme en allant vers le poteau ; il s’y plaça lui-même afin que Petit-Frère puisse plus facilement attacher la courroie. Le capitaine s’avança, tenant à la main un mouchoir qu’il voulut nouer sur les yeux du condamné.
    Le lieutenant Ohlsen leva le bras. Lindenberg vit les canons des fusils se lever vers le chiffon blanc qui marquait la place du cœur. Un cœur qui battait la chamade. Sa bouche se tordit. Il eut l’impression que ses artères éclataient. Une terreur poignante s’emparait de lui.

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