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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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galères, une seule chose le soutenait   : ses rêves de vengeance, dans lesquels Messala occupait la première place. Il se disait souvent alors que Gratien pourrait obtenir de lui quelque merci, mais Messala jamais   ! Et pour donner plus de force à sa résolution, pour la rendre plus inexorable, il se répétait invariablement   : « Qui donc nous a désignés à la vindicte de nos persécuteurs   ? Et quand j’implorai son secours, non pas pour moi-même, assurément, – qui donc s’est moqué de moi   ? » Et toujours ses rêves finissaient par la même prière   : « Le jour où je le rencontrerai, aide-moi, ô Dieu de mes pères, aide-moi à découvrir le moyen le plus certain d’effectuer ma vengeance   ! »
    Et maintenant cette rencontre allait avoir lieu.
    S’il avait trouvé Messala pauvre et souffrant, les sentiments de Ben-Hur auraient peut-être été différents, mais il n’en était pas ainsi. Ben-Hur songeait à cette rencontre et se demandait comment il s’y prendrait pour la rendre à jamais mémorable.
    Ils arrivèrent bientôt à une large allée, bordée de chênes, où allaient et venaient des piétons, des cavaliers, des femmes portées en litière, et bientôt ils aperçurent devant eux la fameuse fontaine de Castalia.
    L’eau tombait en bouillonnant du haut d’un rocher dans une vasque en marbre noir, à côté de laquelle se tenait assis sous un portique, taillé dans le roc, un vieux prêtre barbu, ridé, parcheminé.
    Il aurait été difficile de dire ce qui exerçait sur les assistants la plus puissante attraction, de l’eau qui fumait et bouillonnait éternellement, ou de l’ermite éternellement assis à la même place. Il entendait, il voyait, mais il ne parlait jamais. De temps en temps quelqu’un lui tendait une pièce de monnaie   ; il la prenait en clignant ses yeux rusés et rendait, en échange, une feuille de papyrus.
    Celui qui l’avait reçue se hâtait de la plonger dans le bassin, puis l’exposait, tout humide, aux rayons du soleil   ; aussitôt quelques vers, dont la banalité parfaite ne faisait que rarement tort à la renommée de la fontaine, apparaissaient sur la feuille. Avant que Ben-Hur eût le temps d’interroger l’oracle, sa curiosité fut éveillée par l’approche d’une petite caravane.
    En tête marchait un homme à cheval conduisant un grand chameau blanc, qui portait sur son dos un vaste palanquin or et cramoisi. Deux cavaliers, armés de longues lances, fermaient la marche.
    – Quel merveilleux chameau   ! s’écria quelqu’un.
    – C’est un prince qui arrive d’un pays lointain, dit un autre personnage.
    – Bien plutôt un roi.
    – S’il montait un éléphant, je dirais certainement que c’est un roi.
    – Par Apollon, mes amis, dit un troisième, les deux personnes assises sur ce chameau blanc ne sont ni des rois, ni des princes, mais tout simplement des femmes.
    Avant que la discussion fût terminée, les étrangers s’étaient arrêtés devant la fontaine.
    Le chameau vu de près ne démentait point l’admiration qu’il excitait. Aucun de ceux qui le regardaient ne se souvenait d’avoir jamais vu son pareil. Il faisait tinter joyeusement les clochettes d’argent suspendues à son cou par des cordons de soie rouge ornés de flocs d’or, et ne paraissait pas s’apercevoir du poids de sa charge.
    Qui donc étaient l’homme et la femme assis sous le palanquin   ? Tous les yeux tournés vers eux exprimaient la même question.
    Si le premier était un roi ou un prince, personne n’aurait pu nier l’impartialité du temps   ; chacun, en voyant le visage de momie disparaissant à demi sous un immense turban, devait se dire, avec une vive satisfaction, que la limite d’âge est la même pour les grands que pour les petits de ce monde. Rien, dans toute sa personne, ne paraissait digne d’envie, si ce n’est le châle drapé autour de ses épaules.
    La femme qui l’accompagnait était assise à l’orientale, au milieu de voiles et de dentelles d’une finesse incomparable. Elle portait, au-dessus des coudes, des bracelets en forme de serpents, rattachés par des chaînes d’or à ceux qui ornaient ses poignets   ; ses bras, d’un modelé parfait, ses mains, petites comme celles d’un enfant, avaient des mouvements d’une grâce charmante, ses doigts chargés de bagues s’appuyaient au bord du palanquin. Elle était coiffée d’une calotte brodée de perles de corail et bordée de rangées de

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