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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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    Sans perdre son calme, l’ambassadeur essaye de placer un mot et espère qu’une « explication amicale »... Mais Bonaparte l’interrompt :
    — Il n’y a pas à en donner sur des stipulations aussi claires et aussi positives que celles du traité d’Amiens.
    Puis, avant de quitter la pièce, il lance :
    — Nous nous battrons dans quinze jours... Malte ou la guerre !
    Malte ? Les Anglais ne voulaient – ne pouvaient – l’évacuer. Aussi, après quatorze mois de paix, la guerre va-t-elle reprendre, une guerre de douze années...
    En regagnant l’hôtel de l’ambassade, lord Whitworth écrit à son chef : « J’ai cru plutôt entendre un capitaine de dragons que le chef d’un des plus puissants États de l’Europe ».
    — Il doit être fou, s’exclama Hawkesbury, nous devons être préparés à la possibilité d’une rupture immédiate.
    Le dimanche 3 avril 1803, tandis que le corps diplomatique attend le Premier consul aux Tuileries, on voit Bonaparte, dans la cour du Carrousel une revue durant cinq heures, interroger longuement les hommes, s’attarder à faire manoeuvrer cinq mille conscrits, tandis que l’on prend bien soin, en cette veille de la rupture de la paix, de préciser à l’ambassadeur d’Angleterre qui regarde le spectacle des fenêtres du salon, qu’il a seulement sous les yeux « un faible échantillon du recrutement de l’armée ».
    Le premier mai, lord Whitworth fait à Talleyrand une « offre d’accords » concernant Malte – que l’Angleterre conserverait durant dix ans – et la Hollande – que les troupes françaises devraient évacuer immédiatement. En plus, le gouvernement de « Sa Majesté » garderait en toute propriété l’île de Lampédouze, voisine de Malte. L’Angleterre, ajoute-t-il, demandait une réponse de la France dans un délai de sept jours.
    La mise en demeure met Napoléon autant en colère que la différence de traitement. Pourquoi l’Angleterre pourrait-elle occuper Malte durant dix ans alors que la France devrait abandonner sans tarder sa conquête ?
    — Je désire, dit-il à Talleyrand, que la conférence ne se tourne pas en parlage. Montrez-vous y froid, altier et même un peu fier. Si la note contient le mot ultimatum, faites-lui sentir que ce mot renferme celui de guerre, que cette manière de négocier est celle d’un supérieur à un inférieur.
    Il faut en finir :
    — Si la note ne contient pas ce mot, faites qu’il le mette, en lui observant qu’il faut enfin savoir à quoi nous en tenir, que nous sommes las de cet état d’anxiété...
    La « conférence » n’a apporté aucune détente. Aussi le lendemain – le 2 mai – lord Whitworth demande-t-il ses passeports. Conseillé par Bonaparte, Talleyrand tente de sauver la paix en proposant que l’île de Malte soit remise entre les mains d’une des puissances garantes du traité d’Amiens. L’ambassadeur – et son attitude prouve bien son désir de rupture – se contente de répondre en rappelant les précédentes propositions de l’Angleterre.
    Le 16 mai, le Premier consul déclare à Lucchesini :
    — Je vais hasarder l’entreprise la plus difficile, mais la plus féconde en résultats effrayants que la politique ait conçue. En trois jours, un temps brumeux et des circonstances un peu favorisantes peuvent me rendre maître de Londres, du Parlement, de la Banque...
    Quatre jours plus tard, la rupture de la paix d’Amiens est annoncée aux Assemblées. Bonaparte ne se décide assurément pour la guerre « qu’avec la plus grande répugnance ».
    Le 25 mai, il reçoit une députation des membres du Sénat, du Tribunat et du Corps législatif, et leur déclare :
    — Nous sommes forcés de faire la guerre pour repousser une injuste agression. Nous la ferons avec gloire... Le Gouvernement anglais a pensé que la France était une province de l’Inde, tet que nous n’avions le moyen ni de dire nos raisons, ni de défendre nos justes droits contre une injuste agression... Quelles que puissent être les circonstances, nous laisserons toujours à l’Angleterre l’initiative des procédés violents contre la paix et l’indépendance des nations, et elle recevra de nous l’exemple de la modération, qui seule peut maintenir l’ordre social.
    Et, à Cobenzl, il prédira :
    — Cette guerre entraînera nécessairement après elle une guerre sur le Continent. Pour ce cas, je devrais avoir de mon côté l’Autriche ou la Prusse. Il me sera toujours trop facile de

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