Bonaparte
songeait plutôt à s’essuyer qu’à toute autre chose, et, par l’habitude que j’avais de son regard, je puis dire que j’en suis certaine. »
Pendant temps le pape récitait cette oraison :
— Dieu tout-puissant et éternel, qui avez établi Hazaël pour gouverner la Syrie, et Jéhu, roi d’Israël, en leur manifestant vos volontés par l’organe du prophète Élie ; qui avez également répandu l’huile sainte des rois sur la tête de Saül et de David par le ministère du prophète Samuel, répandez par mes mains les trésors de vos grâces et de vos bénédictions sur votre serviteur Napoléon que, malgré notre indignité personnelle, nous consacrons, aujourd’hui, empereur en votre nom.
Après avoir béni les ornements impériaux – l’épée, le globe impérial, le sceptre, la main de justice, le collier – Pie VII consacre les deux anneaux, les deux manteaux et les deux couronnes.
— Recevez cet anneau, déclare-t-il, qui est le signe de la foi sainte, la preuve de la puissance et la solidité de votre empire, par lequel, grâce à sa puissance triomphale, vous vaincrez vos ennemis, vous détruirez les hérésies, vous tiendrez vos sujets dans l’union et vous demeurerez persévéramment attaché à la foi catholique.
« Vous détruirez les hérésies »... Voilà qui allait être contredit tout à l’heure par le serment de l’Empereur garantissant la liberté des cultes !
Le grand moment est arrivé.
Tous les regards convergent vers le coussin de velours pourpre. Napoléon tend la main, saisit la couronne d’or qui étincelle, tourne avec désinvolture le dos au Pape, regarde la foule qui retient son souffle, puis pose calmement la couronne sur sa tête...
Le plus étonnant destin de l’Histoire poursuit sa course : l’ancien cadet Napoleone Buonaparte, le général Bonaparte, le consul à vie de la République, est devenu l’empereur Napoléon premier.
Fin du premier volume
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