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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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ne crois pas cela ; mais il n’en est pas moins vrai que tous ceux qui sont venus conspirer contre mon gouvernement étaient à la solde de l’Angleterre, qu’ils en recevaient des traitements ; est-ce que j’ai des agents à Londres pour frapper à la tête le gouvernement de la Grande-Bretagne ? Je lui fais bonne guerre et je ne cherche pas à réveiller les souvenirs des anciens partisans des Stuarts !
    Bourrienne, qui a assisté aux séances du procès, affirme que Moreau est innocent :
    — Du moins je puis vous assurer qu’il n’est rien résulté des débats qui ait pu le faire trouver coupable, je vous avouerai même que j’ai été souvent surpris qu’on l’ait fait figurer dans cette conspiration, car je puis vous assurer qu’aucun fait sérieux, qu’aucune révélation n’a porté contre lui.
    — Moreau, reprend l’Empereur, a de bonnes qualités, il est d’une bravoure à toute épreuve, mais il a plus de courage que d’énergie, il est mou, indolent. À l’armée, il vivait comme un pacha ; il fumait, était presque toujours couché, et aimait trop la bonne chère. Il est naturellement bon, mais trop paresseux pour être instruit ; il ne lit pas et, depuis qu’il est toujours collé aux jupons de Mme Moreau, ce n’est plus un homme ; il ne voit plus que par les yeux de sa femme et de sa belle-mère, qui l’auront compromis dans toutes ces dernières intrigues. Dites donc, Bourrienne, il est assez singulier que ce soit moi qui lui aie d’abord conseillé le mariage qu’il a fait ; on m’avait dit que Mlle Hulot était une créole, et je crus qu’il trouverait en elle une autre Joséphine ; je me suis furieusement trompé !
    Il y a aussi autre chose – et c’est bien le principal à ses yeux :
    — Moreau dépréciait sans cesse mes campagnes et mon gouvernement. Tous ces rapports ont passé sous vos yeux et je ne vous ai pas caché l’humeur que cela me causait. Du mécontentement à la révolte, il n’y a souvent qu’un pas, surtout lorsqu’un homme d’un caractère mou obéit à l’influence des coteries.
    Lorsque Moreau avait été arrêté – Napoléon le rappelle à Bourrienne – le Consul avait réuni son Conseil :
    — J’exigeai d’eux qu’ils me disent franchement s’il y avait contre Moreau des charges assez fortes pour une condamnation à mort. Les imbéciles ! Leur réponse fut affirmative, je crois même qu’elle fut unanime. Ces animaux me déclarèrent qu’il ne pouvait se soustraire à une condamnation capitale.
    Condamné à mort, Napoléon aurait pu faire grâce à son ennemi – et son nom n’aurait plus été un drapeau « pour les grognards de la République ou pour ces imbéciles de royalistes ! » Mais aujourd’hui le problème est tout autre !
    — Que voulez-vous que j’en fasse ? Le garder ? ce serait encore un point de ralliement. Qu’il vende ses biens et qu’il quitte la France ! Qu’en ferais-je au Temple ?
    Et Moreau pourra gagner l’Amérique.
    Quant à Cadoudal, il mourut comme il avait vécu : en homme d’esprit. En montant à l’échafaud, il s’exclama :
    — Nous avons fait plus que nous le pensions : nous venions donner un roi à Paris, nous lui donnons un empereur !

    Le 19 mai, en entrant dans la chambre de son maître, Constant entend le nouvel empereur lui demander, selon l’usage :
    — Quelle heure est-il ? Quel temps fait-il ?
    Le valet de chambre, sûr de son effet, répond :
    — Sire, sept heures, beau temps.
    Napoléon sourit et Constant, s’étant approché du lit, il lui tire l’oreille et le frappe sur la joue en l’appelant :
    — Monsieur le drôle !
    « C’était son mot de prédilection lorsqu’il était plus particulièrement content de mon service », racontera le valet de chambre.
    Assurément satisfait de lui-même – et quel homme ne le serait-il pas ? – Bonaparte est entré dans la peau de son personnage impérial avec une extraordinaire maestria.
    Le 15 juillet se déroule la première fête du nouvel empire. Après le Te Deum, à Notre-Dame, Napoléon se rend aux Invalides pour recevoir le serment « à l’Empereur » des légionnaires. Le ciel, vaporeux le matin, s’est couvert. Devant la grille, le gouverneur présente les clefs de l’hôtel. Au portail de l’église, le cardinal de Belloy, d’une voix aussi forte que son grand âge le lui permet, harangue l’Empereur et lui offre l’eau bénite. Napoléon remarque Stendhal, sourit du « sourire de théâtre, où l’on

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