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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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équipage, il se fait lire les dépêches et les journaux. Sortant de l’eau, on lui présente un autre madras car le sien est toujours mouillé par le bain où il s’est agité, tourné et ébroué sans cesse. L’été, il passe une robe de chambre et un pantalon de piqué blanc. L’hiver, il met un pantalon et une robe de chambre de molleton. Lorsqu’il ne se baigne point, il revêt au saut du lit cette même tenue, et s’assied au coin du feu – il y en a presque toute l’année. Puis il lit lui-même les papiers et, une fois parcourus, les jette par terre. Au secrétaire de les ramasser et de les classer !
    Le bain pris ou les dépêches lues, Napoléon s’approche de son « athénienne » en porcelaine de Sèvres et commence sa toilette. « Je le rasais, avant que je lui eusse appris à se raser lui-même, racontera Constant. Quand il eut pris cette habitude, il se servit d’abord, comme tout le monde, d’un miroir attaché à la fenêtre. Mais il s’en approchait si près et se barbouillait si brusquement de savon, que la glace, les carreaux et les rideaux, la toilette et lui-même en étaient inondés. Pour remédier à cet inconvénient, le service se rassembla en Conseil, et il fut résolu que le mameluk Roustam tiendrait le miroir. Lorsque l’Empereur était rasé d’un côté, il tournait l’autre côté au jour et faisait passer Roustam de gauche à droite ou de droite à gauche, suivant le côté par lequel il avait d’abord commencé. »
    Sa barbe terminée, il se lave le visage et les mains, et se fait les ongles avec soin. « Il avait de belles mains, nous raconte Bourrienne, et il tenait beaucoup à cette beauté. Aussi en avait-il un soin particulier, et quelquefois, en causant, il les regardait avec complaisance. » « Ensuite, poursuit Constant, je lui ôtais son gilet de flanelle et sa chemise, et lui frottais tout le buste avec une brosse de soie extrêmement douce. Je le frictionnais ensuite d’eau de Cologne dont il faisait une grande consommation, car tous les jours on le brossait et arrangeait ainsi. C’est en Orient qu’il avait pris cette habitude hygiénique dont il se trouvait fort bien... Tous ces préparatifs terminés, je lui mettais aux pieds de légers chaussons de flanelle ou de cachemire, des bas de soie blancs – il n’en a jamais porté d’autres –, un caleçon de toile très fine ou de futaine, et tantôt une culotte de Casimir blanc avec des bottes molles à l’écuyère, tantôt un pantalon collant de la même étoffe et de la même couleur, avec de petites bottes à l’anglaise qui lui venaient au milieu du mollet. Elles étaient garnies de petits éperons en argent qui n’avaient pas plus de six lignes de longueur. Toutes ses bottes étaient ainsi éperonnées.
    « Je lui mettais ensuite son gilet de flanelle et sa chemise, une cravate très mince de mousseline, et par-dessus un col en soie noire. Enfin, un gilet rond de piqué blanc, et soit un habit de chasseur, soit un habit de grenadier, mais plus souvent le premier. Sa toilette achevée, on lui présentait son mouchoir, sa tabatière et une petite boîte en écaille remplie de réglisse anisée coupée très fin.
    « On voit par ce qui précède que l’Empereur se faisait habiller de la tête aux pieds. Il ne mettait la main à rien, se laissant faire comme un enfant, et pendant ce temps s’occupait de ses affaires. Napoléon était né, pour ainsi dire, homme à valets de chambre. Général, il en avait jusqu’à trois, et il se faisait servir avec autant de luxe que dans la plus haute fortune. »
    Pendant la toilette, entre son chirurgien Yvan ou son médecin Corvisart. L’empereur n’a nulle pudeur et, nu comme un ver, évolue devant eux sans la moindre gêne.
    — Vous voilà, grand charlatan, demande-t-il à Corvisart. Allez-vous tuer beaucoup de monde aujourd’hui ?
    — Pas beaucoup, sire, répond le médecin en riant.
    Ou encore, un matin, avant de partir pour chasser en forêt de Saint-Germain, il l’interpelle en souriant :
    — Corvisart, aurai-je beau temps pour ma chasse ?
    — Oui, sire, il fait un temps superbe.
    — Êtes-vous chasseur, Corvisart ?
    — Oui, sire, je chasse quelquefois.
    — Et puis vous laissez mourir vos malades !... Où chassez-vous, Corvisart ?
    — Sire, je chasse à Chatou.
    — Corvisart, je veux que vous veniez chasser avec moi. Je veux savoir si vous tirez bien.
    — Sire, c’est un grand honneur pour moi. Je n’ai pas mes fusils.
    — On

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