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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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montre les dents, mais où les yeux ne sourient pas ». Sous le dais, l’empereur gagne son trône. Les « monseigneurs » et les « excellences », tout ce qui touche de près ou de loin au nouvel État, se trouvent là, emplumés, dorés, galonnés – et souvent étonnés de retrouver aussi vite l’ancien ordre des choses. Le cardinal-légat commence la messe. Lacépède, après l’Evangile, se lance dans un discours ampoulé... Au tour de l’Empereur qui prononce d’une voix forte :
    — Commandants, officiers, légionnaires, citoyens et soldats, vous jurez sur votre honneur de vous dévouer au service de l’Empire et à la conservation de son territoire dans son intégrité ; à la défense de l’Empereur, des lois de la République et des propriétés qu’elle a consacrées ; de combattre, par tous les moyens que la justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise qui tendrait à rétablir le régime féodal ; enfin, vous jurez de concourir de tout votre pouvoir au maintien de la Liberté et de l’Égalité, bases premières de nos institutions. Vous le jurez ?
    Une immense acclamation résonne sous la voûte, tandis que les mains se tendent pour le serment. Louis – connétable de l’Empire – décore d’abord son frère, qui attache cette même croix sur la poitrine du cardinal-légat.
    Sous les vivats, Napoléon quitte les Invalides : le ciel est maintenant lourd et orageux. Devant l’église a été édifiée une fontaine, piédestal prestigieux destiné à présenter aux Parisiens le lion de Saint-Marc volé à la République de Venise... Tout cela paraît déjà fort naturel. Ainsi que le dira Napoléon, un jour :
    — J’épouserais la Madone que je ne parviendrais pas à étonner les Parisiens.
    Même cette constatation, due à la plume du rédacteur du Journal des Débats ne fera pas sourire : « Il est impossible de penser à la fête du 15 juillet sans jeter un regard en arrière et remercier la Providence de nous avoir ramenés au but où nous voulions parvenir en 1789. »
    Napoléon a revêtu ce jour-là son costume déjà légendaire : l’uniforme de colonel de sa Garde. Il est, au surplus, botté, éperonné et a le petit chapeau en tête. Il estimera – à tort d’ailleurs – qu’il lui fallait maintenant une tenue impériale. Aussi trois jours plus tard, décide-t-il de porter dans les grandes occasions une tunique blanche brodée d’or et un manteau de velours pourpre où butineront des abeilles d’or. Il se coiffera d’une couronne d’or formée de feuilles de laurier entrelacées, tiendra un sceptre d’or, une main de justice d’or et ceindra un glaive à poignée d’or clouté de diamants. Joséphine portera, elle aussi, un manteau de velours « pourpre impérial » sur une robe de soie blanche brodée d’or.
    Il ne manque qu’un sacre et un couronnement. Napoléon y pense déjà et attend à ce sujet la réponse du Pape, aussi termine-t-il le décret relatif à la pompe impériale par ces mots : « Tout ce qui est relatif aux cérémonies et aux fêtes du Couronnement sera ultérieurement réglé. »

    En voyant vivre Bonaparte, on ne pouvait se douter qu’il avait pu être le pensionnaire de la pauvre chambre numéro 9 de l’hôtel de Cherbourg et qu’il avait mangé pour six sous dans quelque gargote du quartier des Halles...
    Aujourd’hui, à son lever, l’Empereur prend du thé ou de la fleur d’oranger servi dans une tasse de vermeil. Il demeure dans le palais de Catherine de Médicis, la mère de trois rois de France. Sa chambre à coucher, éclairée par deux fenêtres, au premier étage des Tuileries, a vue sur les jardins {32} ; c’est l’ancienne chambre de parade de Louis XVI. Dans son cabinet topographique, le roi dormait autrefois, Catherine de Médicis y travaillait. Se souvient-il que lui-même, il n’y a guère, à la veille de Vendémiaire, pénétrait dans ce même palais, si pauvrement vêtu, les culottes si usées, – nous l’avons vu – qu’il avait demandé à Mme Tallien de lui procurer, grâce à ses relations, du drap d’uniforme ?... Il montait alors chaque jour jusqu’au cinquième étage du pavillon de Flore – devenu pavillon de l’Unité – où siégeaient les bureaux topographiques du Comité...
    Dans ce qui était autrefois le cabinet de travail de Louis XVI, chaque matin, l’Empereur macère dans son bain, un madras noué sur la tête, dont les deux pointes tombent jusqu’à son cou. En cet

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