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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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M. Bauffre, demeurant rue Vauban. Dès le lendemain, Buonaparte présente Louis à ses camarades du régiment :
    — Voici un jeune homme, leur dit-il avec cette « simplicité » de bon ton de l’époque, qui vient observer une nation tendant à se détruire ou à se régénérer.
    Il a évolué vers les tendances nouvelles : il admire « les soldats patriotes », et stigmatise « les officiers aristocrates », mais ne s’étonne pas outre mesure en voyant les femmes « partout royalistes », puisque « la liberté est une femme plus jolie qui les éclipse... »
    L’économie est pour le jeune officier à l’ordre du jour : la charge de Louis est lourde. Plus qu’auparavant, il est obligé de retrancher tout superflu de sa vie et de restreindre encore sa nourriture. Le soir, il prétexte les soins et les leçons qu’il doit donner à son frère pour éviter les frais de sortie et, de nouveau, « se verrouiller sur sa pauvreté »... À deux, il leur faut vivre avec trois francs cinq centimes par jour ! Il leur arrive de prendre un repas chez le traiteur Goguet, – l’enseigne, ornée de bouteilles et de verres, nous en a été conservée – mais, le plus souvent, ils dînent dans leur chambre. Napoleone met lui-même le pot au feu et le surveille tout en travaillant {7} . Parfois, lorsque le service libère Buonaparte, les deux frères partent en promenade, vont boire un verre de lait dans les fermes avoisinantes ou dans un café qui s’appelle aujourd’hui le Café Bonaparte.
    Dans le petit musée napoléonien d’Auxonne se trouve un jeton d’ivoire : un nom y est maladroitement gravé, celui de Manesca Pillet. C’est le prénom d’une jeune fille qui plut à M. le lieutenant en second... Il demanda sa main, mais on lui fit comprendre que Manesca espérait mieux ! Buonaparte en eut, dit-on, un profond chagrin.
    — L’amour m’ôte la raison, soupira-t-il, je ne la retrouverai jamais, on ne guérit pas de ce mal-là...
    Napoleone qui a fait imprimer sa Lettre à Buttafuoco chez l’imprimeur Jean-Baptiste Joly à Dôle – il s’y rend à pied pour corriger les épreuves – en adresse plusieurs exemplaires à Paoli. « La lettre, lui répond Paoli, eût fait meilleur effet si elle eût montré moins de partialité. » Napoleone a également prié le Babbo de lui envoyer des documents qui lui permettraient d’écrire une Histoire de la Corse. Nouvelle déception en recevant la réponse à sa demande : « L’Histoire, déclare sèchement Paoli, ne s’écrit pas dans les années de jeunesse. »
    À cette époque, Buonaparte se rend plusieurs fois à Nuits pour y retrouver son ancien ami de Brienne, Le Lieur de Ville-sur-Arce, en détachement dans cette ville sous les ordres du capitaine Gassendi. Ces relations l’amènent à rencontrer chez son camarade quelques nobles des environs et les discussions qui s’ensuivent entre eux et le « patriote Buonaparte » prennent un tour passionné. Le voici devenu plus sociable, et, à des Mazis qui s’étonne et se réjouit, à la fois, de le voir moins farouche, il répond :
    — Il ne suffit pas de connaître les hommes par les livres, il faut, pour les étudier, vivre avec eux.
    On le voit encore se rendre à souper chez Mme Marcy qui reçoit toute l’aristocratie du canton, bien que la maîtresse de maison ne soit que l’épouse d’un marchand de vins. Le ménage possède une belle fortune – et ceci compense cela... d’autant plus que Mme Marcy se trouve être douée « des meilleures manières ». Bref, « c’est la duchesse de l’endroit », ainsi que le dira plus tard Napoléon.
    Un soir – il l’avouera – ayant donné dans ce « vrai guêpier » royaliste, il lui faut « rompre force lances ». Lorsque, au plus fort de la discussion, on annonce l’arrivée du maire de Nuits... « Je crus que c’était un secours que le ciel m’envoyait dans ce moment de crise, racontera Napoleone, mais il se trouva le pire de tous. Je vois encore ce maudit homme, dans son bel accoutrement du dimanche, bien boursouflé sous un grand habit cramoisi : c’était un misérable. Heureusement la générosité de la maîtresse de maison – peut-être une secrète sympathie d’opinions – me sauvèrent. Elle détourna constamment avec esprit les coups qui eussent pu porter. Elle fut sans cesse le bouclier gracieux sur lequel les armes venaient perdre leurs forces ; enfin, elle me préserva de toute blessure, et il m’est toujours resté d’elle un

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