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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Manfredi lui donnait la main. Une immense acclamation les salua. Le prince et Béatrix descendirent lentement les marches couvertes d’un riche tapis, lui, radieux, elle, pâle dans sa somptueuse robe de brocart blanc, la couronne d’or sur la torsade de ses cheveux blonds, semblable à une souveraine qui va ouvrir quelque splendide fête populaire… La fête, c’était son mariage.

XL – LA RENCONTRE
 
    Jean Malatesta ne s’était pas trompé : les deux pèlerins qu’il avait surpris en conférence avec le comte Alma étaient bien les deux émissaires d’Alexandre VI : le baron Astorre et le moine dom Garconio.
    Le comte Alma était, à cette époque, un homme d’une cinquantaine d’années, généralement taciturne, plutôt faible de santé, tourmenté par une longue maladie de langueur. C’était un caractère irrésolu, fuyant, ne se fiant à personne, toujours soupçonnant quelque attentat à sa vie, usant de ruse toutes les fois qu’il entreprenait une lutte. Il aimait passionnément le repos.
    Lorsqu’il avait vu se développer en sa fille Béatrix les sentiments de hardiesse qui devaient la pousser aux plus audacieuses entreprises, il avait frémi.
    Béatrix aimait la chasse et les exercices violents ; Béatrix pâlissait de colère toutes les fois que son père recevait avec honneur un envoyé du pape ; un jour, elle avait cravaché un seigneur romain qui avait dit devant elle :
    – Monteforte sera un jour un beau fleuron de plus à la tiare pontificale.
    César avait voulu s’emparer de la ville. Béatrix avait alors parcouru les campagnes, prêchant la guerre et, dans Monteforte même, avait suscité de tels enthousiasmes que le vainqueur des Romagnes avait dû reculer… Mais le comte Alma savait que, tôt ou tard, il faudrait succomber.
    Lorsqu’il sut que Béatrix organisait une grande ligue de tous les seigneurs qu’avaient dépossédés les Borgia, il fut épouvanté. Il feignit d’accepter le commandement suprême de la lutte ; ou plutôt, Béatrix accepta ce commandement en son nom.
    Mais, déjà sondé habilement par Alexandre VI, la résolution du comte fut prise dès ce moment… Lorsque le baron Astorre et dom Garconio, déguisés en pèlerins, lui apportèrent les propositions du pape, le comte Alma ne se défendit que pour la forme. Et la veille même du jour où devait avoir lieu dans le palais une assemblée générale de tous les chefs, il quitta secrètement sa demeure, sortit de la ville et alla rejoindre à quelque distance le baron et le moine qui l’attendaient. Pourtant, une honte le prit.
    – Messieurs, dit-il, je vous accompagne à Rome, parce que je veux voir le Saint-Père… c’est uniquement pour essayer d’empêcher une nouvelle guerre… Hâtons-nous… car je désire être promptement de retour à Monteforte.
    – Oh ! Vous n’avez même pas besoin d’aller jusqu’à Rome, fit Garconio avec son mince sourire. Sa Sainteté était sur le point de se rendre à Tivoli au moment où nous l’avons quittée, elle doit y être maintenant…
    Les trois hommes se mirent à trotter, le comte entre Garconio et Astorre, comme s’il eût été prisonnier. De fait, il l’était : il se rendait avant la bataille.
    – Quant aux propositions que vous m’avez faites, continua-t-il machinalement, et plutôt pour se donner une contenance, je ne veux même pas les discuter…
    – Elles sont pourtant magnifiques, fit Astorre. Un palais et une rente annuelle de deux mille ducats d’or…
    – La charge de grand gonfalonier, avec les superbes revenus qu’elle comporte, ajouta Garconio.
    – Le droit d’entretenir une garde personnelle de vingt hommes d’armes…
    – Le commandement des gardes nobles du pape…
    – Le titre de gentilhomme consultant du conseil privé du Saint-Père…
    – Enfin, conclut Garconio, la plus splendide situation de Rome… après Sa Sainteté et monseigneur César !
    – N’en parlons plus ! fit le comte Alma qui, en lui-même avait soigneusement noté les différents avantages qu’Alexandre VI lui faisait offrir pour prix de sa trahison.
    La petite troupe voyagea rapidement et ne s’arrêta qu’à la nuit close. Le lendemain matin, elle se remit en route et, sur le soir, prit logement dans une petite auberge de village, sur la route de Monteforte à Tivoli. C’est dans cette même auberge que nous avons vu s’arrêter Ragastens qui, lui, allait de Tivoli à Monteforte.
    Les provisions de l’auberge furent

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