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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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servante l’avait si mystérieusement laissé seul dans cette salle, l’avaient conduit au Tibre. Il se rua de ce côté.
    Au moment où il disparaissait par la porte du fond. Lucrèce apparaissait à l’autre bout de la salle.
    – Le voici ! Nous le tenons ! cria-t-elle haletante.
    En quelques bonds, elle eut traversé la salle des festins. Ce fut une poursuite effrayante. Elle atteignit enfin la dernière pièce à l’instant où Ragastens enfonçait d’un dernier coup d’épaule la porte-fenêtre qui donnait sur le Tibre.
    – Il est pris ! Empoignez-le ! vociféra-t-elle.
    Ragastens, pour toute réponse, éclata de rire. Les gardes s’arrêtèrent effarés. Lucrèce lança vers le ciel qu’enflammaient les rayons du soleil levant une imprécation de rage désespérée et tomba à la renverse, évanouie.
    Ragastens s’était précipité, tête en avant, dans le fleuve et venait de disparaître dans les eaux jaunes du Tibre.

XXIV – LA VENTE DE CAPITAN
 
    L’aube venait à peine de s’éveiller, lorsqu’un homme, un juif, vint frapper à la porte de l’hôtellerie du Beau-Janus. Maître Bartholomeo, l’hôtelier, ayant mis le nez à la fenêtre, reconnut son matinal visiteur.
    – C’est bien, je descends ! dit-il.
    Bientôt, il ouvrit la porte charretière et le juif se glissa dans la cour de l’auberge.
    – Bonjour, mon brave Ephraïm. Exact au rendez-vous.
    – Exact, digne Bartholomeo, malgré le désagrément de me lever de si bonne heure. Mais, dites-moi, pourquoi me faire venir à l’heure où les honnêtes gens dorment encore pour faire ce petit marché ?
    – Chut !… C’est justement pour que nul ne puisse assister à la vente que je veux vous faire…
    Bartholomeo prit le juif Ephraïm par la main et le conduisit contre un des piliers qui soutenaient une sorte de terrasse. Sur ce pilier, une petite affiche manuscrite était collée.
    – Lisez cela, maître Ephraïm, fit l’hôtelier.
    Le juif se mit à lire à demi-voix. C’était une affiche annonçant que l’exécution de Ragastens devait avoir lieu ce jour même sur la place en face de l’auberge.
    – Ephraïm…, je vous ai fait venir pour vous vendre les hardes et un cheval avec son harnachement. Vous ne comprenez pas ? Les hardes… le cheval…
    – Eh bien ?
    – Ce sont les hardes du bandit. C’est le cheval du terrible brigand Ragastens ! Vous comprenez maintenant la nécessité de l’heure matinale. Si on se doutait que j’ai logé ce Ragastens, cela pourrait nuire à la bonne renommée de mon auberge.
    – En effet, fit le juif en hochant la tête.
    – Vous, au contraire, mon digne Ephraïm, vous pourrez revendre avec grand profit ces hardes et ce cheval. Ayant appartenu à un si dangereux bandit, effets et animal ne sauraient manquer de tripler de valeur, par la curiosité qui s’attache naturellement aux choses qu’ont touché de leurs propres mains les hommes célèbres.
    – Serviteur ! Je ne veux pas attirer sur mon pauvre commerce l’attention des messieurs de la justice. Ils ne sont que trop enclins à la malveillance. Vendez vous-même hardes et cheval. En vertu de cette fameuse curiosité dont vous parliez si bien, vous ne manquerez pas d’en tirer un bon profit…
    – Oui ! Mais j’ai peur ! fit piteusement Bartholomeo.
    – Peur pour vous, mais pas pour moi !
    – Consentez au moins à examiner ces hardes et ce cheval… Nous nous entendrons sur le prix…
    – Bon, vous devenez raisonnable. Je veux bien voir tout cela. Mais je vous préviens que j’ignore d’où proviennent les hardes, à qui appartient le cheval. Je veux l’ignorer. Je vous compterai le juste prix et nous ne parlerons pas du reste.
    – Venez… Commençons par les hardes !
    Quelques instants plus tard, Bartholomeo et le juif Ephraïm se livraient, dans la chambre de Ragastens, à un marchandage effréné. Ils finirent par tomber d’accord.
    – Emportez cela et allons voir le cheval.
    – Non… laissons. Si la bête ne me convient pas, le marché ne tient plus ; donc, inutile de me charger.
    Ils se rendirent à l’écurie.
    Capitan était là qui piaffait, hennissait, tirait sur sa longe et tournait la tête vers la porte. La pauvre bête attendait son maître, ne comprenant rien à sa longue absence.
    Ephraïm tourna autour du cheval, examina ses dents, souleva ses sabots, palpa ses jarrets nerveux et admira en connaisseur le superbe rouan.
    Enfin, les deux compères ayant convenu

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