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Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Titel: Brautigan, Un Rêveur à Babylone Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Keith Abott
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chez Richard : il avait beau demander conseil, il semblait
incapable d’en tenir compte ni d’apprécier d’ailleurs ce qui lui était suggéré
sauf dans les rares cas où il était sur la même longueur d’ondes, sinon c’était
à ses amis d’accepter ce qu’il proposait.
    Bien qu’il se fût engagé dans une sorte de voie émotionnelle
à sens unique pendant pratiquement toute sa vie, il appréciait que l’on trouve
quelque manière originale d’exprimer son opinion en retour. Ces commentaires se
devaient habituellement d’être spontanés – le reste lui faisant
l’effet de statues ; de laborieux monuments érigés à la gloire du passé.
Il voyait le monde rempli de monuments dressés pour vénérer l’imagination morte
qu’il méprisait. Dans tous ses livres apparaissent des statues. Ce qui comptait
pour lui, c’étaient ces moments durant lesquels l’imagination flamboyait et le
monde resplendissait.
    Curieuse zone d’ombre, chez lui, que cette incapacité à
comprendre ceux qui reconnaissaient manquer d’imagination, mais qui la
vénéraient néanmoins chez les autres. Ce trait de sa personnalité lui créa des
difficultés dans la vie quotidienne, quand les médias le figèrent en statue
vivante censée incarner le mythe de Haight Ashbury. De manière non moins
ironique, c’est en 1968, quand ils ont commencé à se vendre, qu’on a placés ses
romans sur la sellette comme emblème d’un mode de vie déjà défunt.
    Au début de l’année 1967, les Diggers tentèrent de promouvoir
leur version de ce que devait être Haight Ashbury. Se tint donc au Glide
Mémorial Church, dans le quartier Tenderloin de San Francisco, ce qu’ils
appelèrent « Le Cirque invisible – Le droit au printemps ».
Dans un style typique des Diggers, ils le baptisèrent tantôt « C’est à
toi » et tantôt « C’est ici ».
    Ils fixèrent une date provisoire, le vendredi 24 février.
Selon Charles Perry, cet événement était une réaction au premier be-in qui avait eu lieu en janvier, et contre lequel les Diggers s’étaient violemment
insurgés :
    « (Le Cirque invisible) était une vision de ce que les be-in auraient dû être, écrit Charles Perry, non pas une promenade passive
autour des haut-parleurs, mais un événement auquel chacun participe. Non pas
dans le parc, mais dans le quartier cradingue du Tenderloin.
    Non pas sain, calme et harmonieux, mais rebelle et ordurier
voire, pourquoi pas, dangereux. Non pas quatre heures en milieu d’après-midi,
mais soixante-douze heures de “happenings” sans interruption. »
    Les Diggers se lancèrent dans cette entreprise pour une
autre raison : parce que leurs autres projets cafouillaient. Les repas
gratuits du Panhandle atteignaient leur limite en raison du trop grand nombre
de vagabonds. Leur magasin, Le Libre Cadre de Référence, avait été mis sous
scellés par les autorités pour cause de nuisance publique. Les Diggers avaient
besoin de quelque chose de nouveau. Le Cirque invisible allait montrer aux gens
comment il fallait s’y prendre.
    Quant à Richard, s’il était resté associé, en principe, aux
Diggers, en janvier 1967, son enthousiasme était retombé. Il ne se faisait pas
d’illusions sur ce qu’était devenu le Haight : un chaos alimenté par les
médias, des rues hantées par une classe moyenne en rupture de ban. Après le
Premier de l’An, franchement en proie à l’amertume, voici comment il décrivit
la situation :
    « Le Haight, c’est l’endroit vers lequel on afflue du
pays entier pour s’asseoir devant une porte dans sa propre merde. »
    Pendant les préparatifs du Cirque invisible, il éprouva un
regain d’intérêt pour les Diggers. Il fut nommé responsable de la machine à
ronéotyper ; une des salles du Glide Church lui fut affectée.
L’utilisation des équipements serait gratuit. Quiconque était désireux
d’imprimer quelque chose serait assisté pour la composition et le tirage, selon
ses souhaits. Son sens habituel de l’hyperbole lui fît surnommer cette
hétéroclite collection de machines à imprimer « Le Complexe des
ordinateurs John Dillinger », en hommage à son statut prétendument hors la
loi. C’est sans doute parce que la presse alternative était encore peu
nombreuse et que ses tentatives étaient fréquemment interdites ou mises en
péril que les nouvelles non « cautionnées par le pouvoir établi »
avaient ce goût glorieux de rébellion.
    Le concept d’un

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