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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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pourriture.
    — Ma chérie… Un jour tu rencontreras l’amour avec un homme. Prends d’abord le temps de trouver l’amour du Christ, et tu trouveras ensuite l’amour d’un homme.
    Maria fit claquer ses dents de devant pendant une minute, de petits claquements nerveux.
    — J’ai l’impression qu’au cours de ce voyage je prendrai une résolution. Ou bien je remplirai mon âme, ou bien mon être s’évaporera complètement, ainsi qu’un lac mort. Mais je ne serai plus jamais cette chose vide et froide, une écorce sans lumière à l’intérieur. Ata, qui lit dans les lignes de la main, m’a dit que bientôt l’amour, le destin et la mort se rencontreraient dans ma vie. Je n’ai pas peur de mourir parce que je suis déjà morte. Mais avant de mourir j’aimerais une fois aimer un homme sans sentir la pourriture de son âme.
    Elle adressa à Théodora un regard presque hostile pendant un instant, puis son visage se déforma lentement et elle éclata en sanglots.

Troisième partie

Le monde était un reflet sur une feuille de cuivre. La poussière soulevée par les sabots des chevaux tourbillonnait dans la poussière déjà en suspens dans l’air qui formait un brouillard aussi sec que de la chaux. Les chevaux des éclaireurs ne faisaient qu’augmenter l’épaisseur étouffante du nuage ocre.
    Les éclaireurs, des hommes sombres aux yeux sauvages appelés akritès , portaient des justaucorps de coton sur de courtes tuniques de toile. Ils étaient quatre ; à travers le rideau de poussière, leurs casques couleur d’argent semblaient de cuivre. Ils se dirigèrent directement vers le domestique des Excubitores impériaux. Ils se penchèrent sur leurs selles et se mirent à parler avec de grands gestes. Haraldr avait du mal à comprendre leur dialecte. Les akritès venaient d’Armenikoï, un thème à mi-chemin du Khorem, mais il comprit ce qu’il se passait : une bande de Sarrasins en maraude, assez nombreuse, se trouvait sur leur chemin.
    — On dirait que les Sarrasins se sont placés de façon à bloquer les Portes de Cilicie, expliqua le traducteur sans effort.
    Haraldr repoussa son casque en arrière, essuya la poussière de son front et sourit à Grégori Zigabenos, l’interprète qui avait accompagné naguère la flotte de commerce de Rus.
    — J’avais déjà compris, Grégori. Grâce à toi, ajouta-t-il en grec. Grâce à tes leçons.
    À part lui, il remercia Odin et Kristr de lui avoir envoyé le petit eunuque. Comme tous les Romains, Grégori gardait le silence au sujet de l’empereur et de son entourage immédiat, mais cela mis à part, il n’avait cessé d’enseigner à Haraldr ce que Joannès appelait « les bas-fonds du système romain ». Et c’étaient vraiment des eaux étranges et dangereuses.
    Haraldr se retourna vers la route qu’il venait de parcourir avec deux douzaines de cavaliers des Excubitores impériaux. Le chemin en pente, de la largeur d’un chariot, serpentait à travers la poussière rouge vers un plateau gris couronné par les cimes plus sombres des monts Taurus, aux crêtes enneigées. Jamais Haraldr n’avait imaginé un pays si vaste et si peu attirant. Mais l’austérité même du terrain exprimait la puissance des Romains. Depuis près de six semaines, à une allure qui correspondait à au moins deux et parfois trois journées de bateau chaque jour, le cortège de l’impératrice avait traversé un territoire semblable à celui-ci. Moins poussiéreux, sans doute. Vers le nord, les sommets étaient moins abrupts et les pâturages conservaient encore un peu de verdure estivale. Mais les distances et l’isolement dépassaient en bien des endroits la désolation du plateau central aride de Norvège. Fait remarquable, juste au moment où l’on pensait que les Romains n’avaient plus d’hommes pour peupler leur prodigieux domaine, la route sans fin (aussi nettement pavée et plus robuste que le dallage du palais d’un jarl) pénétrait dans le périmètre bordé d’arbres d’un nouveau pâturage ; elle traversait de riches terrains communaux cultivés minutieusement et des vergers parsemés de fruits mûrs ; elle les conduisait ensuite au groupe de cabanes, aux murs de boue et aux toits de chaume, d’un nouveau village romain. Ces Romains de la province, perdus dans une immensité effrayante, étaient vraiment industrieux. Ils récoltaient les légumes, coupaient du bois pour l’hiver, mettaient des céréales en sacs, faisaient des

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