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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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força à sourire tandis que la sueur perlait à son front.
    — Eh bien, Haraldr Nordbrikt, mes devoirs officiels m’appellent, mais j’ai appris que je vous verrais ce soir. Nous sommes conviés tous les deux à la table impériale.
    Après le départ de Haraldr, Constantin reprit la lettre et l’étudia pendant presque une heure, en se forçant à analyser tous les détails. Le plan était stupéfiant et serait extrêmement délicat à exécuter – cela dépassait les manœuvres habituelles et déjà hautement élaborées de Joannès. Et Joannès promettait pour la complicité qu’il désirait maintenant une bien plus haute récompense que jamais auparavant. C’était incroyable, mais réalisable. Et, bien entendu, il n’était pas question d’hésiter. Il fallait que ce soit fait.
    * *
*
    — Fous le camp, tête de porc ! cria Grettir, tout en sachant que ces visages d’insectes ne pouvaient pas comprendre la langue du Nord.
    À chaque coin de rue, ils se pressaient autour de lui, ils touchaient sa tunique et la peau blanche de ses bras avec leurs doigts couverts de saleté, puis ils l’abandonnaient à la racaille qui continuait la poursuite jusqu’à la rue suivante. « C’était une erreur à tous égards », se dit Grettir. Haraldr Nordbrikt n’était plus son ennemi. Après des mois passés à des travaux féminins, Grettir tenait de nouveau sa place parmi les scaldes ; peu d’autres maîtres se seraient montrés aussi généreux, et sûrement pas l’ancien patron de Grettir, Hakon. Grettir maudit l’impulsion qui l’avait poussé quelques mois plus tôt à prendre contact avec l’héta-machin (Dieu savait comment il fallait appeler ce diable d’Islandais). Bref, l’ogre le tenait maintenant par les cordons de la bourse, et il faudrait qu’il paie une rançon pour son âme s’il voulait se libérer. À moins que ces démons à face de poix ne la lui prennent d’abord.
    Les mendiants rampaient de leur nid de haillons, blottis contre les murs couverts d’ordures. Des yeux vides, des torses sans jambes, des bouches sans lèvres, des moignons qui s’agitaient. Les plaies, la puanteur, le nuage de grosses mouches paresseuses. Grettir essaya d’oublier les épaves humaines autour de lui et chercha le point de repère qu’on lui avait décrit. Là. Odin soit loué ! Les tuiles bleues, la tour haute. Comment avait-il trouvé l’endroit au milieu de ce nid de rats dans cette immense ville inconnue ? Peut-être la chance lui souriait-elle encore.
    C’était vraiment l’endroit ; à l’angle, Grettir vit les deux colonnes couronnées d’or qui s’élevaient au-dessus du dôme bleu. La rue était bloquée par toutes les âmes maudites que Kristr avait jetées en enfer. Elles gémissaient et suppliaient avec des piaillements d’oiseaux et des couinements de rongeurs ; des loques pendaient de leurs membres tordus, desséchés. Des hommes avec des taies blanches sur les yeux, une femme avec des taches rouges sur le crâne entre des touffes de cheveux noirs en broussaille, des enfants au visage tavelé de petite vérole. Dès qu’ils le virent, ils se jetèrent sur lui. L’instinct prit le dessus, et Grettir saisit son couteau pour se défendre contre le contact de ces doigts gluants et squelettiques. Il agita la lame et l’homme devant lui porta les mains à sa poitrine en sang. Le reste de la meute de loups hésita, ne sachant quel parti prendre entre la faim et la peur qui tenaillaient leurs tripes. Grettir pivota sur place, s’accroupit et brandit sa lame. Ils se figèrent, l’œil terne, sans cesser de geindre. Grettir avança d’un pas. Personne ne bougea. Il fonça avec le couteau. Un homme à la jambe énorme, gonflée, pleine de pus s’écarta. Il avança d’un autre pas. La meute réagit. Lentement, pas à pas, Grettir pénétra sous le dôme aux tuiles bleues. Soudain, ils disparurent, comme une filgya malveillante retournant au monde de l’esprit. Grettir, des larmes dans les yeux, regarda l’allée sombre et étroite.
    Le vide était aussi déconcertant que la foule. Les murs de torchis se rencontraient presque au-dessus de sa tête et une odeur de moisi envahissait l’air glacé. Un rat s’enfuit sur l’étroit sentier de terre battue. Grettir écouta les cris assourdis de la meute ; les vieux murs de terre semblaient effacer de l’air les gémissements. Il cligna des yeux dans le noir.
    Un homme. Penché au-dessus d’une sorte de table de pierre

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