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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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soulager de la tension des études littéraires sérieuses, bien entendu.
    Haraldr parcourut des yeux la plaine embrumée du fleuve Sangarios, ternie par l’hiver. Il enveloppa ses épaules dans sa cape de laine et se promit d’avoir mémorisé avant le soir tous les mots doux, tous les termes anatomiques explicites que la langue grecque avait incorporés au cours des siècles depuis qu’Alexandre était parti vers l’est jusqu’au pays des brahmanes.
    Il ne distinguait des voitures impériales devant lui que les lampes allumées dans la pénombre de midi. Au-delà, les étendards colorés de l’armée thématique de Constantin se perdaient dans le ciel de plomb. Jusqu’à ce jour, la retraite d’Antioche avait été étrangement sinistre, malgré toutes les raisons de se réjouir. Bien entendu, il n’avait pas été question de terminer le pèlerinage après l’épreuve harassante subie par l’impératrice ; de toute évidence, les promesses de sécurité offertes par les Sarrasins étaient sans valeur. Haraldr avait maintenu constamment sa garde prête à combattre jusqu’à la semaine précédente, quand le cortège impérial s’était trouvé à l’ouest d’Ancyre, où aucun Sarrasin n’avait pénétré depuis des siècles. Et Blymmédès envoyait encore deux vandas en reconnaissance longtemps avant l’aube. Même Constantin, qui s’était montré si lent à agir avant l’enlèvement, avait tenu à détacher son armée thématique pour la sauvegarde de Sa Majesté impériale, et il comptait manifestement commander cette escorte en personne jusqu’à Byzance. Son principal motif était sans doute de récolter une part imméritée de la gloire que rapporterait la délivrance de Sa Majesté, mais il semblait prendre son commandement fort au sérieux.
    L’impératrice avait semblé remise et parfaitement à l’aise le jour où elle avait reçu ses champions après son sauvetage : Constantin, Blymmédès, Haraldr et Kalaphatès avaient été honorés de cadeaux, de robes d’or et de bénédictions de reconnaissance tombées des adorables lèvres impériales. Mais depuis lors, elle n’avait pas quitté sa réclusion. Chaque jour, elle demandait aux voitures de prendre la route avant l’aurore et n’ordonnait de halte qu’au moment où le crépuscule perdait ses couleurs pour se fondre dans la nuit anatolienne. Elle passait alors directement de la voiture dans la tente. Siméon s’était transformé en reptile farouche, qui sifflait à la moindre suggestion d’une intrusion dans l’intimité de Sa Majesté. Même Kalaphatès, qui s’était remis suffisamment de ses blessures superficielles pour se joindre à l’entourage de son oncle, n’avait pas reçu la permission de voir sa Mère bénie.
    Et Maria ? Depuis que leurs yeux s’étaient croisés au cours de cette matinée terrible, rien. Depuis six semaines à présent, pas un mot – pas même un regard fugitif sur ses pantoufles de soie. Seulement le souvenir de ce qui s’était passé entre eux à cet instant où l’amour et la mort s’étaient embrassés au-dessus du grand abîme du temps.
    Jusqu’à ce jour. Haraldr posa la main sur le message qu’il avait placé contre son cœur. Elle avait écrit : « Ce soir, j’enverrai quelqu’un vous chercher. »
    * *
*
    — Komès.
    Haraldr fut doublement surpris. Il ne s’attendait pas à voir l’impératrice, et sûrement pas dans ce décor.
    La seule lumière venait de braseros ardents qui rayonnaient une chaleur sèche, propre, parfumée. Tout était coloré de rouge ; les lèvres de l’impératrice semblaient du sang frais. Zoé se pelotonna sur les coussins comme une panthère ; ses membres souples donnaient une impression de pouvoir, et même de vice. Et l’on ne voyait pas seulement ses membres. La soie couleur lilas était à peine plus opaque que la brume du dehors, et elle collait à ses seins et à ses hanches. Haraldr ne put s’empêcher de remarquer que les seins de sa Mère bénie se couronnaient de larges aréoles plates.
    — Komès Haraldr, dit-elle d’une voix pareille à du désir liquide, pouvez-vous vous exprimer dans une autre langue que la vôtre ?
    On avait précisé à Haraldr qu’il devait venir sans l’omniprésent Grégori. Il se félicita de ses propres efforts pour parler grec.
    — Oui, j’ai appris beaucoup de choses pendant ce voyage.
    — Vous parlez vraiment avec aisance.
    Haraldr remercia le Seigneur Dieu, Père de Christ,

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