Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
protection.
    — D’accord, Manganès, vous avez fait assez de bruit comme ça, lança Attaliétès d’un ton irrité. Pourquoi ne pouvons-nous pas acheter les meneurs de cette meute ? Le tas de merde ambulant n’a sûrement pas payé ce troupeau puant à prix d’or.
    — Sénateur, l’orphanotrophe Joannès a un système unique de manœuvre. D’une main, il offre la carotte : les orphelinats et ses hôpitaux de charité. Parfaitement inadaptés aux besoins du peuple mais suffisants pour leur offrir de l’espoir. Et de l’autre main, Joannès brandit son fouet. La tour du Néorion. Bien entendu, en cette affaire, il peut faire appel à une force encore plus efficace.
    Attaliétès inclina la tête. La pute née dans la pourpre. Le sang du Bulgaroctone. Il croyait encore le voir, arrogant dans sa simplicité, enlever sa robe de pourpre, ses anneaux et ses diadèmes pour recevoir les suppliques tête nue, vêtu d’une tunique couleur de cendre. Et toujours entouré de ses fantoches barbares, comme s’il ne pouvait pas faire confiance à ses propres courtisans. C’était lui qui avait invité les blonds jusque dans l’antichambre même du pouvoir romain. Il avait haï les dynatoï tout au long de sa vie, ce despote vulgaire et impitoyable qui était monté sur le trône par la grâce des paysans et du petit peuple.
    — Personne ne peut acheter la dévotion du peuple pour l’impératrice née dans la pourpre, déclara Manganès.
    Il toussa, puis osa souffler l’inévitable.
    — Et pourtant même l’impératrice née dans la pourpre a ses ennemis. Nous en avons la preuve dans cette conspiration dont nous sommes les premières victimes.
    Attaliétès se détourna lentement de la fenêtre et se dirigea non sans mal, en ahanant, vers son fauteuil de velours. Son entourage richement vêtu s’avança à distance respectueuse : deux sénateurs d’un certain âge ; son neveu inutile, Manuel ; quatre comptables au visage pincé et au regard myope ; son chambellan eunuque ; et l’inévitable contingent de trois ou quatre autres lâches flatteurs. Il les regarda. Et leurs visages lui dirent ce qu’il soupçonnait depuis longtemps mais avait refusé d’admettre jusque-là. Les dynatoï ne pouvaient plus se battre seuls. Il leur fallait une alliance. Une alliance avec le diable. Mais quel diable ?
    Attaliétès se racla la gorge.
    — Ma foi, dit-il en soupirant, vous avez déjà tous lu les propositions des deux escrocs qui ont offert de nous sauver de cette meute. Qu’en pensez-vous, si ce n’est pas vous demander l’impossible ?
    Manganès parcourut des yeux les visages sans expression et toussa de nouveau.
    — Sénateur, nous savons que l’hétaïrarque a de moindres ambitions.
    — Je connais l’hétaïrarque, avança Ignatios dont le visage s’éclaira soudain, nous avons parlé de chevaux deux ou trois fois. Il est très civilisé.
    — Oui.
    « Des idiots, songea Attaliétès. Manganès est trop jeune pour avoir été témoin des victoires varègues à Scutari et à Abydos, victoires qui ont sauvé le trône du Bulgaroctone. Quelle merde ! Ce n’était pas un Bulgaroctone, simplement un acheteur de Varègues. Et à présent, cet hétaïrarque barbare était beaucoup trop civilisé pour le bien des Romains. Des idiots. »
    Le sénateur et magister Romanos Scylitzès prit la parole. Propriétaire d’immenses domaines dans les thèmes de Salonique et de Dyrrachios, il affectait de parler avec une élégance tout hellénistique.
    — Mon estimé collègue, vertueux et infatigable mentor, puis-je présenter une déduction personnelle ? Je déclare l’orphanotrophe la source inférieure de nos malheurs, et voici mes arguments en substance. L’orphanotrophe et son frère vêtu de pourpre souffrent du sang dilué des classes plébéiennes. Parce qu’ils n’ont pas été préparés aux obligations exigées par leur position, ils se lasseront rapidement de leurs charges élevées. Quand ils seront envahis de langueur et d’irrésolution en raison de cet épuisement, le monstre à la robe couleur de nuit sera forcé de tendre la main, non pour recueillir nos dépouilles mais pour nous supplier.
    « Une outre emplie de vent crachant de la crotte, songea Attaliétès. Joannès a à peine besoin d’une heure de sommeil chaque nuit, et son frère est aussi endurant qu’un convoi de mules. Comme d’habitude, inutile de demander conseil à ces parasites. »
    — Chambellan,

Weitere Kostenlose Bücher