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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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pour les nombreuses langues qu’il avait créées dans sa tour, à Babel. La barrière du langage semblait ôter toute séduction à la voix de Sa Majesté impériale.
    — J’ai l’intention de devenir « civilisé », comme disent les Romains.
    — Oui, mais vous devez conserver le… l’impétuosité de votre race. Je crois que je dois mon confort actuel, sinon ma vie, à vos… instincts. Je tiens à vous remercier de façon plus convenable, et plus intime.
    Un serviteur eunuque apporta du vin en réponse à un signe que Haraldr n’avait pas remarqué. Il prit son gobelet. De la sueur perlait dans son dos.
    — Donc, komès Haraldr, dit Zoé en levant son verre (son bras blanc comprima son sein généreux, le mamelon s’était légèrement dressé), levons cette coupe à votre avenir d’homme civilisé. Et espérons que vous ne deviendrez pas trop civilisé.
    Zoé se leva soudain et Haraldr bondit du divan et se jeta à genoux, la tête prosternée selon les prescriptions du protocole. Il entendit l’impératrice glisser vers lui. Il ferma les yeux de terreur, comme un homme s’attendant à sentir tomber une épée sur son cou. Les doigts impériaux ébouriffèrent ses cheveux comme un vent léger.
    — De la soie d’or, dit-elle.
    Sa voix était effrayante, mais seulement par sa tristesse. Puis le contact des doigts nés dans la pourpre cessa. Les yeux toujours fermés, Haraldr entendit de nouveau le bruissement de la soie qui s’éloignait.
    — Vous pouvez vous lever, komès Haraldr, dit l’eunuque Théodore de sa voix de fausset.
    Haraldr se leva et croisa les bras sur sa poitrine. Zoé attendait près de la cloison de brocart apparemment pour prendre congé de son hôte. Elle s’était enveloppée dans une cape de satin pourpre doublée de zibeline noire.
    — Komès, je suis sans doute sotte, mais je me sens certaine de votre loyauté.
    — Nous serions sots tous les deux si vous ne pouviez pas être certaine de cette loyauté.
    Les longues semaines monotones depuis le sauvetage de l’impératrice avaient apaisé la plupart des soupçons de Haraldr. Il avait conclu que les Romains étaient plus incompétents que vraiment fourbes. Quand les flèches s’étaient mises à voler, ils avaient défendu leur impératrice avec une unanimité absolue. Il avait mal jugé Attaliétès. Sans doute avait-il commis une erreur colossale, mais en fin de compte, il avait donné sa vie pour défendre l’impératrice. Constantin était inepte lui aussi, mais s’il avait vraiment conspiré contre l’impératrice, il se serait opposé ou aurait fait obstacle à la mission de sauvetage de Blymmédès au lieu de l’approuver, et en fait de la faciliter par son retrait temporaire. Quant au neveu de Joannès, Michel Kalaphatès, il avait failli mourir devant la portière de la voiture impériale. Les Romains avaient sans doute leurs luttes intestines – quelle cour n’en avait pas ? – mais dans ce cas précis, tout semblait clair : la « conspiration » qu’il avait imaginée était en fait une folle entreprise des Seldjouks. Quant à la tentative de meurtre dont il avait été victime, il n’excluait pas que Mar Hunrodarson en ait été l’instigateur, mais il était certain qu’aucun Romain n’avait envoyé le monstre sans nez.
    Zoé regarda fixement Haraldr avec l’assurance que donnent des siècles de pouvoir. Ses lèvres attirantes modelèrent ses mots comme si elle voulait les sculpter dans la pierre.
    — Komès, Maria va venir. Elle a beaucoup à vous dire. Mais elle vous posera aussi une question en mon nom.
    La tête très droite, Zoé disparut dans un murmure de fourrure et de soie.
    Théodore ramena Haraldr près du divan garni de coussins somptueux. Il attendit, allongé dans le duvet et amplement servi en vin, pendant ce qui lui parut une heure. Puis le rideau de brocart s’écarta et Maria apparut soudain. Elle portait un manteau de soie bleu pâle bordé d’hermine blanche : le col de fourrure neigeuse remontait sur son menton et rehaussait le marbre plus blanc de sa peau. Elle avait tiré ses cheveux noirs en arrière en une seule tresse.
    — Je suis désolée. Notre Mère désirait me parler.
    Elle baissa les yeux vers ses pantoufles, les mêmes pantoufles de soie blanche décorées de perles qu’elle portait au banquet d’Antioche. Il n’y avait aucune trace d’intimité dans sa voix. Comme si rien ne s’était passé dans le temple d’Hécate.
    — Nous

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