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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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chose le heurta au visage et de la poussière lui entra dans les yeux. Des bottes. Des sacs de bottes de campagne pour une grande armée qui n’avait jamais été réunie. Aussitôt après, l’Écureuil entendit quelqu’un entrer dans l’entrepôt et il fit la grimace, retenant son souffle. Les pas errèrent deçà delà, en s’arrêtant pour lancer des coups de pied dans les sacs. Il entendit une pile entière basculer, puis une autre. Plus près. Une troisième pile s’effondra et la poussière devint suffocante. Par Théotokos ! Quelle poussière ! Puis les côtes de l’Écureuil s’écrasèrent contre ses tripes et il vit trente-six chandelles.
    Il se retrouva sur ses pieds comme si la main du diable lui-même l’avait soulevé. La poussière commençait à tomber. Le visage du Barbare se détacha dans l’ombre. « Ironie du sort, se dit l’Écureuil, trouvant la force de rire de sa défaite. Les yeux bleus du diable. C’est l’hétaïrarque en personne qui m’a pourchassé. Ce sera une mort douloureuse…»
    — Qu’as-tu vu ? aboya la bête à poils blonds dans un grec parfait.
    — Vu ? Hétaïrarque, je ne suis qu’un misérable voleur qui…
    Le poignard de l’hétaïrarque bloqua le champ de vision de l’œil droit de l’Écureuil.
    — Si tes yeux sont à ce point inutiles, je suis certain que tu es prêt à les perdre, murmura le géant du Nord.
    — Eh bien, Votre Honneur, j’ai… si je peux me permettre en la présence d’un personnage si éminent…
    — Qu’as-tu vu, merdeux ?
    — Je… ah… je crois que quelqu’un a empoisonné notre saint Père, a essayé d’arracher le soleil de nos yeux pour nous laisser perdus dans les ténèbres…
    — Mords ta langue et écoute-moi, rat d’égout.
    — Absolument, Votre Honneur.
    — Sa Majesté impériale est malade. Plus que malade. Elle est assaillie par des démons qui lui dévorent la raison et lui arracheront bientôt la vie. Peut-être est-ce un châtiment du Pantocrator.
    L’hétaïrarque marqua un temps.
    — Sais-tu que notre empereur a séduit notre Mère ?
    L’Écureuil se signa rapidement. Il n’existait au monde qu’une seule femme digne de son respect, en fait de son amour. Sa Mère née dans la pourpre.
    — Je l’ai entendu dire, Votre Honneur, murmura l’Écureuil d’une voix rauque, sincèrement humble.
    — Où habites-tu ?
    — Au Stoudion.
    — C’est loin. Tu t’es cassé la cheville ?
    L’Écureuil n’en croyait pas ses oreilles. Une minute plus tôt, cet homme était prêt à lui trancher le nez et lui arracher les yeux, et voici qu’il se souciait de la distance qu’il avait à marcher.
    — Je crois qu’elle est cassée, Votre Honneur.
    — Combien as-tu volé ?
    L’Écureuil sortit la bourse de sa tunique et la tendit à l’hétaïrarque.
    Mar la soupesa puis repoussa l’homme sur la pile de bottes.
    — Attends ici. Dans dix minutes un homme viendra te remettre l’âne que tu es sur le point d’acheter, dit Mar en sortant une pièce d’or de la bourse. Tu retourneras au Stoudion sur ton âne aussi triomphant que ton Christ à son entrée dans Jérusalem.
    Mar lui lança la bourse et l’or qu’il restait.
    — À ton arrivée, va directement à ton auberge. Offre une tournée à tous ceux qui voudront t’écouter. Et dis-leur ce que tu as vu exactement comme je te l’ai expliqué. Je n’ai pas à te préciser que mon nom ne doit pas être mentionné, n’est-ce pas ?
    — Votre Honneur, vous surpassez la déesse Fortune par la bienveillance que votre incroyablement noble et auguste présence est capable d’accorder à ceux qui reçoivent la vie des rayons de votre être lumineux…
    L’Écureuil laissa sa phrase en suspens. L’hétaïrarque avait disparu par la porte comme un archange remontant au sein des cohortes célestes. Théotokos ! Théotokos ! Les mains de l’Écureuil se crispèrent sur la bourse volée comme si elle contenait sa vie miraculeusement rachetée. « Un bon renseignement, se dit-il, heureux. La valeur d’un bon renseignement est sans limites. »
    — Qu’avez-vous dit à Gabras ? demanda Mar.
    — Que vous comptiez m’informer des postes prévus pour les sentinelles de nuit autour du Chrysotriklinos et du Triconchos, répondit Haraldr.
    — Bien. Vous commencez à penser comme un Romain. Maintenant, s’il apprend – et je suis sûr qu’il l’apprendra – qu’on nous a vus ensemble, il trouvera cela tout

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