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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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vibrer sa gorge.
    — Tes yeux… murmura Ingigerd, princesse de Rus, aussi faiblement qu’une prière sur un lit de mort. Dans tes yeux, il vit.
    La claque sur sa nuque était amicale, mais Haraldr posa sa main engourdie par le vin sur le pommeau de son épée.
    — Laisse ça dans le fourreau. Quand on va sur le fleuve et qu’on apprécie les jolies femmes, on a besoin de ses doigts.
    Le jarl Rognvald sourit. Il avait abusé de l’hydromel lui aussi, mais il ne perdait sa mélancolie que dans la bière.
    — Jarl…
    Haraldr souleva son outre à moitié vide en guise d’excuse.
    — Je sais. J’ai parlé à Iaroslav. Mais tu pars avec moi ! Demain nous voguerons sur le Dniepr. Tu ne laisses rien derrière toi, mon petit, rien. Mais pense à ce que sera ton retour.
    Haraldr essaya d’y voir clair.
    — Jarl, crois-tu sérieusement que Iaroslav envisagera ma demande…
    — Haraldr, demain matin nous partirons vers Miklagardr. Miklagardr ! En quête de la plus grande renommée et de la gloire la plus dorée qu’un homme puisse souhaiter. L’empereur grec peut doter une princesse aussi facilement qu’un roi du Nord offrir un bracelet à un de ses lieutenants. Tes rêves t’attendent là-bas.
    « Oui, mes rêves », songea Haraldr, et pendant un instant l’ivresse le quitta.
    Le jarl Rognvald observa l’ombre sur le visage de son protégé et sourit. Demain matin il serait à la tête de presque cinq cents bateaux et vingt mille hommes sur le Dniepr. Si Odin ne se montrait pas trop avare de ses faveurs, un tiers de ces bateaux et de ces hommes reviendrait à Kiev. Le jarl Rognvald avait accepté la mission difficile de Iaroslav avec le même sens rigide du devoir qui l’avait animé toute sa vie. Il n’y avait pas meilleur que lui, parmi les Slaves ou les hommes du Nord, pour commander la flottille, et cela l’obligeait donc à ses yeux à en prendre la tête, si mal avisée que lui parût l’entreprise du grand-prince. Mais, c’était avant que le destin de la Norvège soit confronté aux dangers du Dniepr.
    — Haraldr, nous redoutons tous le fleuve… Viens, il faut que je trouve le messager des Grecs. Et le monde entier s’est réuni ici !
    La plaine sablonneuse au nord de la citadelle de Kiev était parsemée d’arpents de fret éclairé par des torches mouvantes : ballots de fourrures ; seaux de cire d’abeille et de miel ; groupes d’esclaves à la peau sombre, enchaînés par les pieds, résignés, de quoi constituer une armée. Des paysans arrivaient en traîneaux chargés de choux, de navets et d’oignons. Des fûts de bière et de viande salée roulaient sur un dédale de planches jusqu’à la rive du Dniepr. Devant leurs étals recouverts de toile, les marchands s’emplissaient les poches en vendant à la dernière minute outils, armures et toiles de tente. Des langues étrangères bizarres caquetaient comme des oiseaux exotiques. La musique militaire de Iaroslav emplissait l’atmosphère d’échos : flageolets, tambourins et cors. Les bateaux à fond plat du fleuve s’alignaient sur le gris de la berge sableuse comme un immense troupeau de monstres marins échoués.
    Le jarl montra deux silhouettes drapées dans de la soie. Il tira sa tunique et reboutonna les deux boutons du haut de la veste de Haraldr. Sa voix reprit sa gravité habituelle.
    — Haraldr, le représentant des marchands grecs a un interprète avec lui, un Grec mais qui parle notre langue aussi bien que toi ou moi. Comme beaucoup de Grecs de la cour, cet interprète a été castré pour qu’il puisse servir l’empereur sans aspirer à son trône. Il a le visage aussi lisse qu’une femme. Surtout ne le regarde pas comme une bête curieuse. Il a sa dignité.
    L’envoyé des marchands de Byzance portait une tunique de soie rouge qui lui tombait sur les chevilles. Il avait des cheveux bruns bouclés et une barbe qui remontait sur ses pommettes hautes, féminines. Le petit homme sans poils, près de lui, vêtu d’une robe plus modeste, sourit aimablement mais l’ambassadeur fit comme s’il n’avait pas remarqué les deux hommes du Nord. Après un instant de gêne, l’eunuque parla, d’une voix douce et haut perchée.
    — Mes salutations, jarl Rognvald.
    La prononciation impeccable, sans accent décelable, surprit Haraldr. Les yeux de l’eunuque brillèrent et il prit un air de conspirateur.
    — Nous vous saluons tous les deux, dit-il. Je suis certain que l’auguste ambassadeur vous

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