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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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qu’à vrai dire, il n’avait pas passé beaucoup de temps à combattre. On l’avait mobilisé une fois pour partir en Asie Mineure, mais la campagne avait été annulée, ou s’était achevée avant son départ. En dehors de cela, il lui avait suffi de prouver à son topotérétès qu’il avait toujours une lance, un casque et un cheval. Et comme il n’avait pas vu son topotérétès depuis deux ans, il ne s’était guère soucié de tout cela depuis de longs mois. D’ailleurs la pluie allait ameublir le sol, qui serait plus facile à labourer demain. Quel mal y aurait-il à chercher l’animal pendant quelque temps ? Après tout, si Stéphane avait perdu son bœuf, il faudrait qu’il tire la charrue lui-même, et de toute évidence il ne survivrait pas longtemps à ce genre de besogne.
    Jean sella son cheval, décida que sa lance l’encombrerait et aida Stéphane à monter en croupe. Ils s’éloignèrent du groupe de petites fermes aux murs de briques et traversèrent les étendues cultivées qui entouraient le village. Le pré communal n’était qu’une étendue de friches jonchée de rochers et bordée par un bois dont la silhouette grise se détachait sur la brume. Il était vide.
    — Est-ce que Marosupos ne fait pas paître ses chèvres ici ? demanda Jean, faisant allusion à un autre voisin du village.
    — Elles ont disparu aussi, répondit Stéphane avec un accent légèrement slave.
    Sa mère était une Bulgare née dans le pays avant que le Bulgaroctone ne réintègre la rive sud du Danube à l’empire.
    — Elles ont disparu aussi ! s’exclama Jean en se penchant en arrière pour pouvoir frapper Stéphane sur son crâne d’idiot. Pourquoi ne l’as-tu pas dit ? Quelqu’un a volé tous les animaux. C’est clair.
    — Je te l’ai dit, répondit Stéphane.
    — Tu m’as dit qu’on avait volé ton bœuf, tête de bœuf, pas ton bœuf et les chèvres de Marosupos !
    Jean réfléchit à la situation. Il pouvait revenir chercher sa lance et demander à son frère, à Marosupos, à Grégori et au frère de Grégori de l’accompagner. Mais il faudrait ensuite qu’il dirige cette bande de maladroits dans toute la création sans aucune idée de l’endroit où les animaux avaient disparu.
    — Stéphane, lança-t-il, cours au village dire à tout le monde ce qui s’est passé. Je vais monter jusqu’à la crête, là-bas, voir ce que je peux voir.
    Sans un mot, Stéphane se laissa glisser du cheval et se mit à courir à toutes jambes. Jean traversa les bois glacés et déboucha sur une pente rocailleuse qui grimpait jusqu’à un petit promontoire couronné par un tas de grosses pierres croulantes. « Tu parles d’une idée ! » se dit-il quand il parvint à ce poste d’observation. Avec le brouillard, il ne pourrait même pas voir, à deux stades de distance, les trois chemins muletiers qui serpentaient dans les collines basses avant de croiser la grande route pavée de Nicopolis.
    Il allait s’engager sur le plus proche de ces chemins quand il entendit, venant de la grand-route, un étrange bruit dans la brume. Il arrêta son cheval et écouta un instant. Un bruit comme il n’en avait jamais entendu, qui s’amplifiait graduellement. On aurait dit une grosse pluie mêlée à de la grêle, ou un vent de tempête. Mais non, le temps ne s’y prêtait pas. En fait, un vent d’ouest régulier commençait à repousser le brouillard de la route de Nicopolis. Des animaux. Oui. Mais pas seulement un bœuf et quelques chèvres. Un troupeau. C’était cela. Ces voleurs étaient en train de filer avec tous les animaux du thème de Paristrion, semblait-il, et ils les poussaient vers la route.
    Le premier homme qui montait sur le chemin muletier ne vit pas Jean. Il portait un pectoral d’acier et un casque ; il était armé d’un arc, d’un carquois et d’un petit bouclier rond. Jean ne reconnut pas l’uniforme, mais supposa que l’homme appartenait à la Taghmata impériale – en campagne dans la région, Dieu seul savait dans quel but. Jean eut envie d’éperonner son cheval pour aller dire à ce rufian ce qu’il pensait : comment la Taghmata osait-elle voler les animaux des paysans en temps de paix ? Mais il n’était pas armé, et qui pouvait savoir si cet homme n’était pas un renégat ? Surtout, combien de complices l’accompagnaient ? Il préféra attendre. Peut-être verrait-il un centurion ou topotérétès à qui il pourrait se plaindre. Il fit

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