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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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demi-tour vers le promontoire et se cacha derrière le tas de pierres. Le vent continua de repousser le brouillard de la route de Nicopolis et cinq autres hommes se joignirent au premier, tous en armure. L’un d’entre eux, cependant, n’avait pas d’arc. Un officier. C’est à lui qu’il pourrait se plaindre. Il éperonna son cheval et descendit sur le chemin.
    Les hommes le hélèrent dans une langue étrange. Jean tira les rênes de son cheval et les dévisagea. Ils étaient encore loin, mais il pouvait distinguer leurs joues rouges, imberbes. Des soldats eunuques ? Engagent-ils des eunuques dans la Taghmata à présent ? Ils le hélèrent de nouveau et cette fois il reconnut le dialecte. Il ne s’agissait pas d’eunuques. Il décida qu’il valait mieux rebrousser chemin et faire semblant d’être seulement un paysan affolé. Affolé, il l’était. Quand il parvint près des rochers croulants, il se retourna pour voir s’ils le suivaient. Au-dessous de lui, le brouillard venait de quitter toute une section de la route de Nicopolis. Des colonnes immenses de lanciers en casque d’acier et tunique de cuir, flanqués par des cavaliers en armure comme les six hommes qu’il venait de voir, s’avançaient sans relâche dans la grisaille. « Combien ? » se demanda Jean, de plus en plus alarmé chaque fois qu’une nouvelle rangée se matérialisait au sortir de la brume. Il se mit à les compter. Quand il arriva à cent rangs, il décida que cela suffisait et s’élança vers le village aussi vite que son cheval put négocier la lande jonchée de rochers. Son cheval était au plein galop et couvert d’écume lorsqu’il croisa Stéphane à la sortie du village.
    — Les Bulgares ! hurla Jean si fort que le mot lui brûla la gorge. Toute l’armée maudite des Bulgares !
    * *
*
    La femme venait probablement d’entrer dans la quatrième décennie de sa vie ; elle avait un visage qu’un passant, par cette nuit de printemps, aurait trouvé quelconque, certainement sans attrait mais plein et bien soigné. Sans doute l’épouse d’un commerçant ou d’un modeste artisan – peut-être son mari était-il un tanneur ou un fileur de soie travaillant à façon pour des hommes plus ambitieux, propriétaires de leurs entreprises. Elle portait une longue tunique de laine à capuchon car le fond de l’air était frais, comme souvent après la pluie. Elle revenait des bains publics près de chez elle, dans le quartier de Platée à côté de la Corne d’Or. Elle tenait dans sa main droite son seau et sa serviette. La peur faisait briller légèrement ses yeux marron : elle savait que jamais les cursores n’étaient très loin dans ce quartier, mais il y avait quelques taudis peu alléchants dans le coin, et donc des vols et des agressions. Pourtant cette peur n’était qu’un ennui mineur dans sa vie ; ce qui la tourmentait c’était l’angoisse à la pensée de son rendez-vous.
    Il l’attendait à l’endroit habituel ; sa cape noire formait une ombre qui parut prendre vie quand elle sortit des ténèbres de l’impasse proche du marché aux fruits. Il l’entraîna rapidement vers la porte voisine, qui s’ouvrait sur le cimetière d’un petit monastère. Elle posa son seau dans l’herbe à côté des rangées de tombes, détestant comme toujours ces conversations au milieu des âmes hurlantes des morts. Elle attendit qu’il commence.
    — Combien de fois se sont-ils rencontrés cette semaine ? demanda Joannès, les yeux fixés sur le visage banal, douloureux, de la femme.
    — Trois fois, répondit-elle, la voix assourdie par la honte.
    — Donc ils sont très occupés, n’est-ce pas ?
    Elle ne répondit pas à cette question de pure rhétorique mais baissa les yeux vers ses pieds revêtus de sandales. Elle avait des pieds délicats, c’était le plus séduisant de ses attraits.
    — Votre mari vous a dit de quoi ils ont discuté ? demanda Joannès.
    Les yeux de la femme se mirent à errer, comme si elle soupçonnait les morts d’écouter. La chapelle du monastère, derrière le rideau d’arbres, formait une présence inquiétante au-delà des rangées de tombes.
    — Il… Il a dit qu’ils étaient contre vous, orphanotrophe. Ils sont en train de… préparer quelque chose. Il ne sait pas quoi.
    Joannès hocha la tête.
    — A-t-il parlé d’une association entre son groupe et certains malfaiteurs du Stoudion ?
    — Je l’ai entendu parler à un… ami. L’ami,

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