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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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de la colline et sentit le vent froid qui déchirait le cœur de Haraldr. Mais au-delà de la glace se trouvait un ruisseau calme, à la surface parsemée de diamants aux mille facettes. Elle lui murmura : « Le roi est de l’autre côté » et elle comprit qu’au moment où il atteindrait le roi au-delà du ruisseau, il serait sain et sauf. Ensuite un corbeau tout seul tomba du zénith d’un ciel noir à la vitesse d’une flèche, son bec d’obsidienne aussi pointu que la mort. Elle le sentit qui frappait le cou de Haraldr, puis elle vit le sang jaillir, horrible, et elle lui tendit les bras, au comble du désespoir…
    Maria s’éveilla en frissonnant ; les larmes sur ses joues semblaient des cristaux de glace. Elle s’assit, écouta le silence de la nuit et sentit l’éternité autour d’elle comme un linceul noir, sans pesanteur. « Qu’est-ce que cela signifie ? » se demanda-t-elle, et elle crut voir son âme voleter devant ses yeux dans le noir comme une petite flamme. « Qu’est-ce que cela signifie ? »
    — Mon neveu. Vous avez vraiment bonne mine ce matin. Vous vous êtes ragaillardi avec une de vos catins ? Peut-être, jeune et sot comme vous l’êtes, avez-vous consacré votre cœur fervent, en cette saison de renouveau, à l’une d’elles en particulier.
    Joannès fit un signe de tête à son secrétaire, qui referma derrière lui la porte de son bureau tout simple du sous-sol de la Magnara. Michel Kalaphatès s’assit sans saluer son oncle.
    — Donc vous avez renoué votre liaison avec la reine des catins. Quel bon morceau cette femme adorable vous a-t-elle donné à partager avec moi ?
    — Mon oncle, elle a manigancé un nouveau complot.
    — Ah bon ! Et comment va-t-elle perpétrer cet assassinat ?
    — J’ignore les détails.
    Joannès prit sa plume, la trempa dans un affreux petit encrier de porcelaine et fit une annotation sur un document devant lui. Il leva les yeux vers Michel une fois, puis écrivit deux ou trois autres mots avant de reposer sa plume méticuleusement sur un petit plateau de terre cuite. Il se leva soudain comme une éruption de fumée noire, et son index déformé se braqua sur le nez de Michel comme l’épée de l’Archange.
    — La catin n’a jamais cessé d’ourdir des machinations contre moi, espèce de morveux ! tonna-t-il. Je n’ai pas besoin d’avertissements ! J’ai les moyens de détourner tous les coups dirigés contre moi. Ce qu’il me faut, poursuivit-il en baissant soudain la voix, c’est le moyen de la contraindre à boire son propre poison. C’est pour cela qu’il me faut des détails, gigolo sans cervelle. Vous ne pouvez vous souvenir de rien ?
    — Son associé dans cette entreprise, balbutia Michel terrorisé, sera le manglavite Haraldr Nordbrikt.
    — Merci, mon neveu. Vous n’avez besoin de personne pour vous montrer le chemin de la sortie, lança Joannès sans lever les yeux. La prochaine fois que nous bavarderons, j’espère que vous aurez des arguments plus persuasifs et plus tangibles contre votre retour au Néorion.
    Après le départ de Michel, Joannès se pencha en arrière dans son fauteuil et se frotta les yeux. Donc, le manglavite Haraldr Nordbrikt allait s’attaquer à lui. Excellent. La décision en était d’autant plus facile. Oui, il fallait que l’un de ces deux Tauro-Scythes à la tête enflée disparaisse. Leur connivence était trop dangereuse, surtout en ce moment, mais conserver l’un d’eux serait absolument nécessaire. Et comme le manglavite Haraldr Nordbrikt était manifestement le plus stupide des deux et se soumettrait bientôt à l’orphanotrophe, comme le pitoyable césar, celui qui devait disparaître était l’hétaïrarque Mar Hunrodarson. Il était temps que Mar Hunrodarson achève son séjour prolongé au milieu des Romains par une dernière nuit de délice au Néorion.
    * *
*
    Mar fit claquer sa main sur sa large poitrine comme pour affirmer qu’il parlait autant à lui-même qu’à Haraldr.
    — Je n’en crois pas mes oreilles. J’ai perdu des mois à essayer de vous convaincre de passer à l’action, et voici que vous me présentez ce plan insensé, sans doute inspiré par votre bonne femme. Vous me dites que vous allez frapper directement Joannès demain soir, mais sans me préciser l’endroit de cette attaque ni comment vous avez été convaincu que ce complot n’entraînera pas la mort de tous les Varègues de l’Empire romain. Maria doit être

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