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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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m’en rapporte à vous pour toutes les questions de commandement, grand domestique, répondit Michel parfaitement satisfait de renoncer à toute responsabilité pour cette campagne qui s’annonçait sous de sombres auspices. Mais permettez-moi d’accorder à mes enfants la consolation de savoir que la main du Pantocrator sera la première à frapper leurs ennemis.
    Haraldr éloigna son arabe pommelé des deux adversaires et se rendit auprès de Mar.
    — Il faut faire quelque chose, dit-il en langue du Nord.
    Haraldr se tourna vers l’est. Thorvald Ostenson, à la tête de la cavalerie de la Grande et de la Moyenne Hétaïrie, portait haut l’étendard orné du dragon d’or des Varègues. Les fanions des compagnies délimitaient les cinq vandas qui le suivaient. Tous les hommes portaient les nouvelles byrnnies d’acier laqué des Romains, ainsi que de splendides plumets écarlates au-dessus de leurs casques. Derrière les Varègues, les unités de la Taghmata formaient un fleuve métallique de fureur latente, que précédaient les Scholae en armures d’or sous l’aigle de leur étendard. Il n’était pas sage de lancer dans la bataille une armée de cette taille s’il subsistait des doutes sur la structure du commandement. Mais n’était-il pas déjà trop tard pour éliminer les doutes ?
    Sur la droite de Haraldr, la plupart des spectateurs étaient des dignitaires du Palais. Il aperçut Anna Dalasséna et sa mère au premier rang, ainsi que quelques marchands prospères de son propre quartier. Même ces gens, qui comprenaient fort bien la difficulté de la situation, avaient la mine déconfite de paysans en train de regarder leur chef de village cafouiller à propos d’une tradition ancienne. Que devait-il se passer dans les têtes des artisans et des petits marchands dont les masses anonymes emplissaient toute la partie occidentale du Forum ? Si cette colonne ne démarrait pas tout de suite, la première action de cette armée serait sans doute d’écraser la révolte populaire de la cité de Constantin.
    Mar leva les yeux vers le visage de bronze de l’empereur du passé comme pour lui demander conseil. Il cria au chef de l’orchestre qui commandait les deux rangées de tambours, trompettes, flûtistes et joueurs de cymbales disposés de chaque côté des Varègues, de compter jusqu’à vingt puis de commencer à jouer. Ensuite, il lança son cheval arabe entre Michel et Dalasséna.
    — C’est le manglavite qui prendra la tête, dit Mar, la mâchoire crispée mais d’une voix égale et parfaitement calme. Le grand domestique et le césar chevaucheront côte à côte derrière le manglavite. L’hétaïrarque suivra le césar et le grand domestique.
    Juste au même instant, les échos de la musique retentirent comme un coup de tonnerre et coupèrent court à tout débat. Le césar et le grand domestique, ne sachant que faire d’autre, s’alignèrent comme Mar l’avait ordonné, mais chacun essayant de devancer l’autre d’une encolure – jusqu’à ce qu’ils se trouvent enfin bloqués par la croupe du cheval de Haraldr. Anna Dalasséna jaillit de la foule en courant et tendit à son père un bouquet de jonquilles d’or ; il les prit avec un regard où de la colère se mêlait à la surprise. Puis Anna s’avança vers Haraldr et lui tendit un unique lis blanc. Quand il prit la fleur, elle lui retint la main. Il n’entendit pas très bien ce qu’elle lui dit, mais lut facilement les mots sur ses lèvres : « De la part de Maria. » Anna lui baisa la main et repartit en courant dans la foule. Comme si elle attendait ce signal, la foule se mit à lancer sur l’armée une pluie de pétales.
    Les acclamations débutèrent du côté de la porte de Chalké et s’avancèrent avec une telle violence qu’on eût dit une grande bouffée de vent. L’orchestre lui-même en fut submergé, et le groupe des quatre cavaliers à la tête de la colonne se retourna, surpris. Haraldr se demanda si les Excubitores à l’autre bout de la Mésé n’avaient pas pris les armes les uns contre les autres. Il interrogea Mar du regard. Le bruit était un ouragan capable d’abattre la statue de Constantin sur les dalles de pierre. Des pétales volaient de toute part. Que se passait-il donc ?
    Le cavalier s’avançait tout seul le long des colonnes. Comme une énorme vague en train de déferler, toute la cavalerie de la Taghmata mit pied à terre tandis que les fantassins tombaient à genoux. Le

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