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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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peur.
    — Moi aussi, reconnut Haraldr, mais rien dans la vie n’est certain. Même le destin doit parfois s’écarter de sa propre voie.
    — Ou peut-être le destin nous fait-il croire à tort qu’il s’est égaré.
    Maria s’essuya le nez d’un geste sans élégance, et Haraldr ne put que la reprendre dans ses bras.
    — Vous devez partir, lui dit-il. Nos cœurs ont trop de choses à se dire pour que nous placions de nouveau entre eux la barrière de nos poitrines nues. Je reviendrai à vous.
    Elle comprit le sens de cette nouvelle promesse et s’écarta de lui. Elle lui serra les mains, l’une puis l’autre ; elle les lâcha enfin et s’éloigna en silence vers la porte. Mais elle s’arrêta sous le linteau sculpté et se retourna maladroitement comme si ses émotions semaient la confusion dans ses membres. Elle le regarda. Il crut voir dans ses yeux bleus un fjord pendant les derniers jours de l’été.
    — Si je ne reviens pas, lui dit-il, répondant à la question qu’il lisait sur son visage d’enfant triste, je tiens à ce que vous sachiez que je serai mort en vous aimant.
    * *
*
    La ville de la Nouvelle Rome ne dormit pas. Aux dernières heures de la nuit, elle commença à migrer des carrefours et des enclaves familiales angoissées vers le Forum de Constantin. Des quartiers de Pétrion et de Xéropholios, du Phanarion et du quartier vénitien, des Blachernes où la grande muraille de terre débouche sur la Corne d’Or, de Sigma et Deutéron et même du Stoudion, ils arrivèrent, artisans et ouvriers, marchands, vagabonds et petits employés de bureau, vieilles femmes toutes tordues qui n’avaient pas quitté leur foyer depuis des années, nouveau-nés au sein de leur mère, tous vinrent regarder les invincibles armées de la Rome impériale prendre leur-départ contre la horde bulgare.
    L’aube se leva. Plaques pectorales luisantes, tuniques écarlates, étendards d’or sous les premiers feux du matin, la Taghmata impériale s’était déjà rassemblée en un grand cortège le long de l’avenue de la Mésé jusqu’à la porte de Chalké et les abords du Palais impérial. Derrière les régiments de cavalerie, le train des équipages impériaux et les chariots de l’intendance encombraient l’Augustaïon et les cours de l’arsenal de la Mangana ; des mules étaient même entrées dans l’atrium ouvert de Sainte-Sophie. La tête de la colonne en armures attendait au Forum, sous la statue de l’empereur Constantin. L’énorme empereur de bronze, au teint patiné par les siècles, s’élevait au-dessus de sept blocs massifs de porphyre. Une couronne de rayons, semblable à l’éclat du soleil à travers un nuage, formait auréole autour de ses traits divinisés. Il était tourné vers l’est, vers le soleil levant qui enverrait les armées de Rome vers l’ouest affronter les ennemis de sa Grande Ville et du vaste empire qu’il avait fondé.
    La foule entourait le Forum, emplissait chaque rue, chaque cour et chaque parc à perte de vue. Pas d’acclamations. L’angoisse générale s’exprimait par un grondement confus pareil à celui d’un orage lointain. Tous attendaient de voir si Rome aurait un champion en cette heure terrifiante où elle en avait le plus besoin. Et sous la statue du premier grand empereur chrétien de Rome, les aspirants au titre de champion se contestaient cet honneur.
    — C’est le césar qui doit prendre la tête ! lança Michel Kalaphatès, le visage aussi écarlate que l’horizon vers l’est. J’ai été acclamé par le peuple et couronné par le patriarche. C’est mon droit !
    Bardas Dalasséna retint son cheval arabe aussi splendide et aussi blanc que la monture fringante du césar.
    — Vous avez reconnu vous-même que je suis le commandant suprême des armées, lança le grand domestique avec une grimace. Quand l’empereur est présent, c’est lui qui prend la tête du cortège à cause de son titre de commandant suprême, et pour cette seule raison. Aucune de ses autres fonctions ne lui en donne le droit.
    — Votre argument est spécieux, répliqua Michel dont le cheval contourna celui de Dalasséna comme si les deux étalons se préparaient à régler eux-mêmes le différend. Rien dans le protocole ne suggère que quiconque puisse précéder le césar, sauf l’empereur. En toute circonstance.
    — Mais c’est une question militaire et non une affaire de protocole civil, cria Dalasséna.
    — Comprenez bien que je

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