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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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jeune femme du pays des Alains l’attendait, son corps souple gaîné dans la soie blanche, ses yeux gris pleins d’angoisse. Haraldr embrassa son front blanc, lisse comme du marbre, et la renvoya. Elle s’éloigna avec grâce, et en passant devant Maria la dévisagea longuement presque comme un étalon en jaugeant un autre.
    — Elle ressemble à un léopard blanc que j’ai vu un jour, dit Maria apparemment incapable de dissimuler son admiration pour une femme aussi splendide. Vous devez être très beaux ensemble. Votre or et son ivoire.
    — Oui, répondit Haraldr, et ce soir quand elle glissera ses jambes de panthère autour de moi, elle regrettera sincèrement que ce soit pour la dernière fois. Non pas parce qu’elle m’aime – elle me connaît à peine – mais parce que je l’ai bien traitée.
    Maria parut souffrir ; pour quelle raison, il ne le comprit pas, mais cette souffrance lui fit plaisir.
    — Je suis une garce méchante. Je n’ai pas envie de parler de ce genre de choses.
    — Non. Parlons plutôt d’amour. De vos amants et de mes maîtresses. J’ai une nouvelle maîtresse à présent. Quand je suis dans ses bras, je ne pense pas toujours à vous.
    Maria leva les yeux, un faible espoir s’était inscrit sur ses traits.
    — Moi, je pense toujours à vous.
    — Même quand vous vous faites mordre la peau par un nouveau galant ?
    — Je l’ai fait pour… Non, je ne mentirai pas, je ne dirai pas que je l’ai fait pour vous. Je l’ai fait pour me sauver. Mais il n’y a personne en ce moment. Je suis vide.
    — C’est vous qui avez fait votre lit, madame. S’il est vide, c’est votre faute.
    — Oui.
    Elle parut prendre une décision, comme un voyageur qui tourne la tête vers la maison et comprend en cet instant qu’il n’y retournera jamais.
    — Je suis venue vous parler d’un rêve que j’ai eu dans ce lit.
    Haraldr sentit de la peur comme un coup de vent soudain dans la pièce. Les rêves de Maria trahissaient une étrange prescience. Fort probablement, comme le suggérait l’étrange tristesse de son âme, elle était une de ces personnes condamnées à voir en avant dans le temps. Une sorte de voyante, bien qu’apparemment elle n’entrât jamais en transe.
    Elle lui décrivit alors le rêve, les corbeaux, le roi au-delà du ruisseau et la blessure dans son cou. Quand elle eut terminé, elle ajouta :
    — Je ne suis pas sûre que ce soit important pour vous. Peut-être s’agit-il de moi. Du fait que je ne vous ai pas tué.
    Elle secoua la tête, les yeux clos, comme pour essayer de chasser une pensée horrible, et une larme coula sur sa joue.
    — J’ai voulu vous tuer un jour. Je croyais que vous étiez le messager de ma mort. Vous le savez. Mais je n’ai pas envie que vous mouriez.
    Elle le regarda, les yeux baignés de larmes, et ses lèvres se tordirent. « Pour la première fois depuis que je la connais, elle paraît laide », remarqua Haraldr, stupéfait. Et en cet instant son cœur fut touché. Après tout, c’était une femme, un être humain, pas une déesse. Il n’avait pas eu tort de rechercher son âme désespérée, perdue.
    — Je vous en prie, ne partez pas à cette guerre, dit-elle en sanglotant. Je ferai tout ce que vous voudrez. Je quitterai Rome pour toujours, n’importe quoi. J’entrerai dans un couvent. Je vous en prie, croyez-moi, vous allez mourir là-bas. Je l’ai vu.
    Ses épaules étaient secouées de sanglots. Elle serra les poings jusqu’à ce que les phalanges deviennent rouges, puis baissa les bras comme si elle était vidée soudain de tout sentiment. Elle baissa la voix et ses paroles chuchotées parurent un cri venant d’un abîme :
    — Je ne pourrai pas vivre en sachant que votre âme n’est pas quelque part dans ce monde.
    Il lui tendit les bras, moins par pitié que pour faire taire cette nouvelle incantation étrange. Il croyait que son contact serait brûlant, mais elle était glacée, presque sans vie, et quand elle se laissa glisser contre lui en sanglotant, ce n’était pas une Aphrodite aux bras de serpent, mais une fillette aspirant à un chaste réconfort. Et en quelque manière, il se sentit plus proche de son âme solitaire qu’il ne l’avait jamais été au cours de tous leurs ébats. Il l’écarta et lui prit les mains, craignant de voir revenir à tout instant les ombres qui obscurcissaient son être réel.
    — Je vous promets de ne pas mourir là-bas, lui dit-il.
    — J’ai

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