Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
époux.
    — Majesté, il m’a sauvé la vie autant que j’ai sauvé la sienne.
    Zoé inclina la tête.
    — Oui. Pareil à Achille, il a repris l’épée et s’est revêtu de l’armure des dieux. Il viendra à moi, hétaïrarque Haraldr. J’ai supplié la Vierge dans mes prières. Maintenant qu’il est rétabli, il viendra à moi.
    Haraldr souhaita sincèrement que ce rêve de Zoé soit exaucé.
    — Oui. C’est un homme fier, et à juste titre. Il ne voulait pas se présenter à vous diminué par la maladie. Mais je peux vous assurer que sa santé fait des progrès chaque jour. Quand il sera l’homme dont vous vous souvenez, il reviendra à vous.
    — Vous êtes un homme charmant, hétaïrarque, dit Zoé en s’allongeant de nouveau sur les coussins de soie. Vous m’avez fait l’amour mais vous ne m’en voulez pas pour la résurrection de mon amour pour lui. En échange, je ne vous en voudrai pas pour la restauration de votre amour. Maria m’a dit que vous aviez conversé tous les deux.
    — Oui, nous commençons à faire connaissance.
    — Ce ne sera pas facile pour vous, hétaïrarque. Je connais Maria depuis sa naissance et elle reste cependant un des grands mystères de ma vie. En dépit de toute sa beauté et de sa… spontanéité, elle a une âme ancienne, profonde et peut-être insondable. Je n’en connais pas en tout cas les profondeurs, ajouta Zoé en souriant, et les petites rides au coin de ses yeux apparurent. Quand elle était enfant, ma sœur et moi l’avons emmenée un été à Botanci sur la mer. Elle a regardé fixement la mer pendant des semaines, rien d’autre. Et elle semblait si heureuse d’être seule, comme si elle avait une amie secrète, une nymphe qui sortait des eaux quand nous ne regardions pas. Nous avons fini par lui demander qui se trouvait là-bas. Je me rappelle ses paroles clairement, parce qu’elles étaient trop tristes pour qu’un enfant les prononce. « Tout le monde, nous a-t-elle répondu. Le monde finira en feu. Je veux me souvenir du temps où il n’y avait que de l’eau. »
    Haraldr essaya de se représenter Maria enfant et se demanda si même alors, assise devant la mer qui l’avait vue grandir, elle n’était pas déjà en train de se diriger vers lui, et lui vers elle.
    — Elle m’a dit que vous étiez l’amie de ses parents. Étaient-ce des personnes nobles ?
    Les yeux de Zoé se firent lointains, comme si elle était assise auprès de la fillette et regardait fixement l’éternité.
    — C’étaient les meilleures personnes du monde. Il n’y en avait pas de plus… nobles. Ils l’aimaient plus que…
    Les lèvres de Zoé tremblèrent.
    — Ils l’aimaient beaucoup. Peut-être auraient-ils su voir dans son cœur tendre, peut-être l’auraient-ils comprise. Le reste d’entre nous ne peut que l’aimer.
    — J’ai envie de l’aimer et de la comprendre.
    — Oui, songez-vous à l’emmener dans cette Norvège quand vous y retournerez ?
    — Je ne sais pas. Il n’est pas évident qu’un homme puisse récolter sous la glace de l’hiver ce qu’il plante dans une prairie en été.
    Zoé éclata d’un rire cristallin malgré sa mélancolie.
    — C’est juste, hétaïrarque Haraldr. Je suis ravie que vous soyez venu de Norvège. Profitons de cet été, car ce sera peut-être le plus beau dont nous nous souviendrons jamais.
    Elle posa la main à plat contre l’aiguière d’argent frais, le regarda et sourit.
    — La voici enfin, Éminence, cria Giorgios Maléinos dans le vent du sud.
    La voile carguée de la petite galère claquait contre la vergue au-dessus d’eux. Les seize hommes d’équipage, des paysans à peine capables de ramer à l’unisson, s’arc-boutaient aux avirons.
    — Prote ! On dit « à l’est d’Éden », il faudrait dire « au sud de Prote ». Magnifique, n’est-ce pas, Éminence ?
    Constantin remercia le Pantocrator de ne pas l’avoir conduit sur l’île de Prote dans le but d’acquérir un monastère. L’île était minuscule, rocheuse, et son seul attrait semblait une crête d’arbres verdoyants, pareille à un casque vert sur la tête d’un chauve. Même si le Palais impérial s’était trouvé quelque part derrière ces bosquets, le prix que Maléinos demandait serait de l’argent perdu. L’île ne permettait aucun élevage profitable, aucune culture – ni un troupeau de chèvres ni un seul pressoir à vin – , sans parler des vastes étendues de terre arable

Weitere Kostenlose Bücher