Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
maintenant, Éminence, permettez-moi de vous conduire au joyau qui couronne cet Élysée.
    — Par Théotokos !
    À la vue de la bibliothèque, Constantin ne put tenir sa langue plus longtemps. Par Théotokos ! Il y avait un prodigieux bénéfice à faire ici, simplement en vendant les reliures d’or, d’argent et d’ivoire, rehaussées de pierreries de ces livres – sans parler de la valeur des manuscrits eux-mêmes. « Maléinos doit avoir besoin d’argent liquide tout de suite », supposa Constantin.
    — N’est-ce pas, Éminence, n’est-ce pas ?
    Maléinos épousseta du coude une écritoire dorée ; ses yeux bordés de rouge eurent soudain la vigueur et la rapacité de ceux d’un blaireau en arrêt devant un nid de rats mulots.
    — Ce n’est peut-être pas la plus vaste bibliothèque en dehors de notre Ville impériale ou de votre Antioche, mais c’est à coup sûr la plus riche. Oui, Éminence, même un illettré apprendrait vite les gloires du Paradis s’il pouvait acquérir ces volumes !
    Maléinos faillit s’écrouler sous son rire en cascade, suivi par l’inévitable toux.
    — Qu’est-ce que ceci ? demanda Constantin en montrant la porte coulissante entrouverte dans le mur ouest de la bibliothèque.
    Il avait décidé d’étudier sérieusement cette offre. Bien entendu, il faudrait régler les détails : le coût de l’envoi de tous ces objets et les commissions des agents nécessaires à Constantinople.
    — Ceci… Ceci, Éminence, est la source du grand mystère de Prote et, ajouterai-je, la raison pour laquelle ces richesses attendent qu’on les cueille pour le prix des faveurs d’une pute.
    Non sans difficulté, Constantin fit coulisser la porte et se glissa dans l’ouverture. La pièce était éclairée par une seule fenêtre donnant sur la magnifique fontaine d’or. Constantin, abasourdi, regarda l’amoncellement des documents épars ; on eût dit que quelqu’un avait pris le contenu tout entier d’un bureau impérial pour le jeter pêle-mêle dans cette petite pièce. Un lutrin doré émergeait des piles de parchemins comme un arbre solitaire au-dessus des pentes couvertes de lave d’un volcan.
    — Le frère abbé était un prodigieux faiseur d’épîtres, n’est-ce pas ? lança Maléinos en prenant un des parchemins qu’il laissa tomber sans le lire. Des lettres. Des lettres… La lecture en serait certainement intéressante si l’on en avait le temps ou l’inclination. J’en ai vu une adressée au logothète du Prétoire. Comme vous pouvez voir, le frère abbé avait accès non seulement au tribunal céleste mais aussi à la cour impériale.
    — Celui qui a été tué ? demanda Constantin, le souffle court.
    — Non, l’homme qui a été tué était son successeur, le père Katalakon. L’homme qui a écrit tout ceci était le père abbé Giorgios. Le même prénom que moi. Étrange, n’est-ce pas ? Il a mené une vie de renoncement tandis que moi, ma foi, ma vertu ne risque pas de guérir les malades, Éminence. Et pourtant, maintenant, c’est moi qui dispose de ces richesses…
    Il éclata de rire de nouveau et se mit à tousser.
    — L’homme qui a assassiné ce père Katalakon, vous dites qu’il s’est enfui en Cappadoce ?
    — Le chartophylax ? Oh ! ce vieux rongeur de livres doit être mort, où qu’il soit allé. Et de toute manière, je n’accorde que peu de foi à cette histoire. Un vieil homme comme ça. Non, à mon avis ces bruits ont été répandus pour que la vérité cesse de se plaindre, pour ainsi dire, Éminence. Je vous le répète, le péché de Sodome avait dû se répandre dans ces lieux. Vous savez à quel point ce vice est fréquent parmi les cénobites, n’est-ce pas, Éminence ? conclut Maléinos avec un clin d’œil à l’adresse de Constantin.
    Dans la bibliothèque, Irène se mit à glousser.
    « Je ne crois pas non plus à cette histoire ; si cet endroit a une odeur de péché, ce n’est pas l’odeur du péché de Sodome, songea Constantin en parcourant des yeux les lettres du père abbé Giorgios. Mais s’il existe un grand secret au milieu de ces papiers, pourquoi Joannès n’a-t-il pas fait brûler le tout ? À moins que Joannès se soucie seulement de dissimuler autre chose ? Comment savoir ? »
    Constantin referma la porte complètement et parcourut des yeux une fois encore la somptueuse bibliothèque. Maléinos lui laissa quelques instants pour faire ses calculs avant de lui

Weitere Kostenlose Bücher