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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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Néorion ?
    Le plafond baissa, les courbures se resserrèrent, et l’on eut bientôt l’impression que la galerie ne tournait plus que sur sa propre largeur. La descente cessa enfin devant un mur. Un mur nu de pierres plates sous un plafond qui effleurait presque la tête de Haraldr. Joannès se retourna soudain et, à la lueur des chandelles, son visage n’était plus qu’une surface de cratères profonds et de rochers lisses.
    — Voici le secret de Rome, hétaïrarque, lança-t-il d’une voix qui retentit comme un oracle démoniaque. Dites-moi ce que vous voyez.
    Haraldr eut soudain la chair de poule. Mais Joannès n’avait pas combiné ceci pour que ses sbires les suivent dans cette fosse. Et de toute manière l’orphanotrophe constituerait un bouclier sûr, derrière lequel Haraldr s’abriterait jusqu’à l’air libre.
    — Je ne suis pas venu ici pour jouer aux devinettes.
    Joannès passa devant Haraldr sans un mot et monta jusqu’à ce que le toit de la galerie en spirale soit suffisamment élevé pour qu’il puisse brandir sa chandelle au-dessus de sa tête.
    — Vous êtes dans le Trésor construit par le basileus et autocrate Basile qu’on appelle Bulgaroctone, dit-il en se retournant vers Haraldr. À une époque, tout l’espace autour de vous était une caverne scintillante, garnie des richesses que les armées du Bulgaroctone avaient rapportées du bout du monde. Des coffres entassés jusqu’au plafond, garnis de bijoux, de couverts précieux, de vêtements de soie, de tapis d’Orient, d’idoles païennes… Hétaïrarque, il n’existe pas de mots pour décrire la richesse amassée autrefois ici. Elle est partie… continua-t-il en secouant la tête. Partie avant même que mon frère baisse la tête pour recevoir le diadème impérial. Ce que le frère du Bulgaroctone, Constantin, n’a pas perdu au jeu, son successeur, Romanos, l’a gaspillé.
    — Mais comment ? s’écria Haraldr stupéfait. Des richesses si immenses ! Comment, même en un siècle de gaspillages…
    — Il suffit qu’un empereur envoie une flotte de dromons jusqu’aux Colonnes d’Hercule parce qu’il désire pour son repas un gros poisson d’une espèce particulière, comme Romanos. Il suffit qu’au lieu de faire payer tribut aux Petchenègues, un empereur leur verse une rançon. Il suffit qu’un empereur assure à une nuée de moines un train de vie que même un magister de Rome trouverait scandaleusement prodigue. Une montagne d’or n’aurait pas suffi. Vous désirez savoir où ces fortunes sont passées, hétaïrarque ? Regardez à l’intérieur des églises et des monastères, regardez les ciboires d’argent et les icônes d’or revêtues de pierreries, regardez les offices des moines garnis de poissons fumés et de caviar noir de Rus. Regardez les palais des dynatoï avec leurs trônes d’or et leurs plafonds de mosaïque. Regardez les domaines que les prostituées du Phanarion ont achetés en Asie Mineure parce que les puissants de Rome se montrent aussi généreux de leurs faveurs que la catin des siennes. Mais ne cherchez pas ici, hétaïrarque, ne cherchez pas le Trésor de Rome dans ces caves vides. Parce que le peuple de Rome a dépouillé Rome.
    — Ce sont vos complices dynatoï et leurs parasites qui l’ont dépouillé. Je n’ai pas vu l’or du Bulgaroctone dans les rues du Stoudion.
    Joannès baissa la tête d’un geste las.
    — Que voudriez-vous que je fasse pour le peuple du Stoudion, hétaïrarque ? Croyez-vous que je puisse lever sur les dynatoï assez d’impôts pour offrir un palais à toutes les épaves des bas-fonds de la ville ? Peut-être serez-vous surpris de l’apprendre, mais la majeure partie de la fortune des dynatoï est constituée par des dettes à des marchands comme votre ami Nicéphore Argyros. Tandis que la fortune de marchands comme Argyros se compose de dettes à des Vénitiens et des Génois. La fortune passée de Rome provenait du monde entier, des Colonnes d’Hercule à l’ouest jusqu’aux Portes de Dionysos à l’est. À présent, le reste du monde vient à Rome sucer nos richesses comme des sangsues. Rome a oublié que son destin se trouve au bout de la terre.
    Joannès agita soudain ses grands bras comme des ailes et le mouvement de la chandelle fit courir des ombres dans les galeries vides.
    — Hétaïrarque, croyez-vous que les murailles de Constantinople puissent produire des richesses ou simplement protéger celles que Byzance

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