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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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bras pour former un anneau, nous nous laisserons dériver jusqu’aux rochers.
    Le jeune Varègue évalua très vite la situation. Pareils à des fourmis industrieuses, les Petchenègues avaient déjà soulevé la coque massive de ses rouleaux pour la faire glisser vers l’eau.
    — C’est la meilleure façon, convint-il calmement.
    Il avait soudain l’air battu, non par la peur mais par la trahison… Hakon venait de perdre quelque chose de plus précieux que tout l’or de Grikia, songea Haraldr.
    Le bateau était presque à l’eau, moins grâce à l’organisation des Petchenègues qu’à leur nombre et leur frénésie. Large de treize coudées au plus fort, long de cinquante coudées, l’énorme bateau plat, saisi par le courant, écraserait les hommes du Nord comme des escargots. Le radeau humain désespéré se mit à flotter juste à l’instant où la masse prit son élan.
    La succion du Dniepr entraîna les hommes à une vitesse extraordinaire, mais le bateau, qui flottait mieux, arrivait plus vite. Les tourbillons écumants étaient tout près. Le pied de Haraldr heurta un rocher mais il était tellement engourdi qu’il le remarqua à peine. Sa tête coula, de l’eau remonta dans ses narines comme de solides bouchons de glace. L’anneau des hommes se brisa. Ses pieds insensibles cessèrent de s’accrocher au fond glissant. Le bateau passa en sifflant. Quelques secondes plus tard, une série de craquements sourds annonça sa destruction sur les rochers.
    — Formez le sanglier ! cria le jarl Rognvald.
    La formation en sanglier était un triangle d’hommes qui s’enfonçait en coin jusqu’au cœur de l’ennemi. Les Varègues prirent vite leur place. Le jarl se mit au museau, saisit le bras de Haraldr et le serra contre son flanc droit ; le grand Varègue prit la même position à la gauche du jarl. Gleb, dont la survie était cruciale, fut placé en sécurité au milieu du coin.
    Le sanglier dériva au milieu des rapides écumants, parsemés de rochers. Les Petchenègues réunis sur la plage brandissaient leurs lances et leurs sabres.
    — Suivez ma cadence ! dit le jarl.
    Les Petchenègues n’étaient plus qu’à quelques coudées. Les voix poussaient des cris assourdissants, aussi bien à l’intérieur du crâne de Haraldr qu’à l’extérieur.
    — Vite !
    Le jarl Rognvald se pencha, déjà au pas de course. Sa hache se souleva et tomba comme celle d’un bûcheron. Haraldr s’enfonça dans la masse des Petchenègues avec son bouclier, mais la bête de la peur l’empêchait encore de soulever son épée. Il vit une hauteur jonchée de rochers, non loin, et se dit que s’ils l’atteignaient, ils survivraient. Puis du métal brilla sur la hauteur : non l’acier du Nord mais les épées petchenègues, capturées au pays des Huns. Les meilleurs fantassins arrivaient.
    Les soldats petchenègues continuèrent d’avancer et écrasèrent contre les boucliers du sanglier leurs camarades moins bien cuirassés. Un jeune Varègue reçut une lance dans le cou, sa hache s’abattit une dernière fois puis il tomba. Un autre Varègue souleva un avant-bras cisaillé en charpie sanglante par les sabres des Petchenègues. Le jarl Rognvald abattit deux ennemis avec sa hache, et les envoya rouler dans un brouillard de sang. Aussitôt, trois autres surgirent, s’accrochèrent à son bouclier, et le jarl ne put les en détacher. Des sabres fins tourbillonnèrent autour de lui comme des oiseaux furieux et des estafilades rouges apparurent sur son visage. Un épieu s’enfonça dans sa byrnnie et il tomba.
    Quelque chose frappa la poitrine de Haraldr si fort que ses poumons se vidèrent. Il crut qu’il avait perdu son épée. Le bruit de la bataille semblait un grand vent qui l’empêchait de retrouver son souffle. Son bras toucha quelque chose de brûlant et son front palpita. Il poussa plus fort sur son bouclier pour l’empêcher d’écraser sa poitrine, mais une force supérieure le repoussait. Il ne put plus voir que du sang, non devant lui mais dans son souvenir. Du sang rouge et noir. Stiklestad. Son corps se figea. Pendant une seconde, très clairement, il vit Elisevett, puis sa mère. Il tomba, non à terre mais en une grande spirale jusqu’à l’abîme de son être, monde de l’esprit hanté par des bêtes mythiques alimentées par les horreurs réelles de Stiklestad. Ce serait là, non dans le royaume de la chair, que Haraldr livrerait sa dernière bataille ; là que son âme

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