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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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statue animée, courait à toutes jambes.
    Le Dniepr hostile était le seul refuge pour ceux qui n’avaient pas fui ni n’étaient tombés sous la masse grouillante des Petchenègues : Haraldr, le jarl Rognvald, Gleb et peut-être une demi-douzaine de Varègues qui avaient eu soit la malencontreuse idée de ne pas se joindre à la retraite précipitée de Hakon, soit l’heureuse initiative de sauver le pilote de l’expédition. Dès que ses bottes entrèrent dans l’eau, Haraldr sentit le courant froid contre ses jambes. Quand la violence glacée de la neige fondue atteignit son aine, il entendit la voix sombre du puits de son âme lui annoncer : « Tu vas mourir. »
    L’avant-garde de la horde petchenègue resta au bord de l’eau, meute hurlante de membres bruns et de lances brillantes. Ils étaient à moins de trente coudées. Un archer couvert seulement d’un pagne vint tâter l’eau et avança à mi-distance du groupe serré des hommes du Nord, puis il trébucha et glissa vers l’aval, comme si un fil le tirait. À cent coudées plus bas, sa tête coula et on ne le vit plus.
    Le Dniepr offrait un refuge précaire, même pour les colosses du Nord. Un des Varègues perdit l’équilibre et tout le groupe faillit être entraîné avant de pouvoir faire de nouveau cause commune contre le courant. Alors, le plus grand des Varègues parla. Il avait à peu près l’âge et la taille de Haraldr, et sa voix était aussi calme que s’ils étaient assis sur une souche en train de tailler une canne.
    — Hakon arrivera dans un quart d’heure. Il a bien fait de battre en retraite pour rassembler les Varègues de l’amont. Bientôt, les cadavres de ces merdeux auront plus froid que nous.
    Le jarl Rognvald se tourna vers les Varègues :
    — Oui, il suffit de rester debout jusque-là.
    En son for intérieur, il n’en croyait rien. Ce qu’il avait vu ressemblait davantage à de la désertion pure et simple qu’à une retraite stratégique.
    Aeifor continuait de gronder. Les Petchenègues se démenaient en tous sens et lançaient de temps à autre un épieu ou une flèche ; les Varègues paraient de leurs boucliers comme s’il s’agissait d’un jeu. Mais le jeu devint de moins en moins amusant tandis que le courant continuait son assaut glacé. Les jambes de Haraldr étaient devenues des moignons morts. Enfin, il se produisit du tumulte sur la berge et la masse des Petchenègues s’ouvrit devant un chef vêtu de soie accompagné par trois ou quatre subalternes et des douzaines de courtisans, dont plusieurs femmes en robes de drap de Frise luxueuses, probablement pillées quelques instants plus tôt dans les bateaux des Rus.
    — Une merde au-dessus du tas de fumier, lança le grand Varègue d’une voix remarquablement câline.
    Le chef petchenègue avait des épaules larges et fortes ; son visage de cloporte ricanait sous un heaume du Nord finement ciselé. Les mains sur les hanches, il se mit à pousser des cris furieux vers les hommes du Nord, puis vers ses propres troupes. Il arpenta la plage pendant quelques minutes puis s’arrêta pour invectiver le ciel et taper du pied dans le sable. À la fin de ce numéro, il s’accroupit et renvoya ses courtisans d’un geste.
    Les Varègues commencèrent à discuter d’une éventuelle manœuvre de fuite, mais le jeune Varègue confirma sa foi inflexible en Hakon.
    — Nous sommes des hommes du serment, rappela-t-il à ses camarades. C’est ce que signifie notre nom de Varègues. Des hommes qui font serment de risquer leur vie pour se défendre mutuellement. C’est un vœu inviolable.
    Il donnait l’impression que l’invocation de ce serment transporterait jusqu’à eux, par magie, Hakon et le reste des Varègues.
    — Peut-être sont-ils bloqués en amont, dit un petit Varègue au cou épais et aux yeux de gamin taillés dans du cristal de roche.
    Haraldr admira la loyauté de ces hommes. Des braves qui méritaient un meilleur chef, décida-t-il.
    Le chef des Petchenègues bondit soudain en hurlant comme s’il était assis sur du feu. Presque aussitôt, les Petchenègues se lancèrent sur le bateau le plus proche des hommes du Nord, en amont. Le sang glacé dans les jambes douloureuses de Haraldr parut se cristalliser, comme si l’eau froide se changeait brusquement en glace.
    — Il faut partir tout de suite, cria-t-il sans se soucier d’en donner la raison, ni même se demander pourquoi il lançait soudain des ordres. Prenons-nous les

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