Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
hagards après une nuit de suppliques et de combines désespérées, son double menton affermi par sa volonté.
    Les yeux de Joannès lancèrent des flammes au fond de leurs orbites creuses.
    — Vous êtes en train de prolonger votre mort, mon frère.
    — Il nous tuera tous au Néorion ! répéta Constantin. Eh bien donc, puissant orphanotrophe, tuez-moi tout de suite ! Prenez ma vie, orphanotrophe tout-puissant. Je n’ai pas d’armes, mon frère.
    Le visage de Constantin brûlait de colère et il grinça des dents pour chasser la douleur de sa poitrine. Il avança le pied droit et leva ses grosses mains pour prendre la position du pugiliste.
    Joannès parut se soulever du sol, sa forme se gonfla comme celle d’un oiseau de proie sur le point d’attaquer. Il s’avança, et Constantin rentra la tête dans les épaules. Mais presque au même instant, le bras de Constantin jaillit et son poing serré s’écrasa sur le nez de Joannès avec un craquement sourd.
    Joannès porta lentement son énorme patte à son nez en sang, en roulant des yeux incrédules. Il examina le liquide rouge et gluant sur ses doigts en spatule. L’homme qui avait vidé de leur sang des centaines de victimes au Néorion semblait étonné de découvrir que le même liquide coulait dans ses veines. Il se pencha en avant et regarda, ébahi, le sang goutter sur le pont peint en blanc. Puis il s’accroupit lentement. On aurait pu croire qu’il essayait de capturer un papillon : il s’agenouilla, trempa l’index dans son sang et se mit à tracer des cercles concentriques parfaits, en ne s’arrêtant que pour tremper son doigt comme si c’était la pointe d’une plume. Le vent se leva en rafales. La robe noire de Joannès voleta autour de ses membres comme s’il ne restait plus qu’une armature de bois à l’endroit où quelques instants plus tôt se trouvait le corps d’un homme. Il continua de tracer des cercles parfaits avec son propre sang.
    — Aucun d’eux n’a jamais pu voir combien de temps cela aurait duré, murmura-t-il d’une voix étranglée. Sauf Michel. Michel m’aurait permis de terminer. Ils l’ont pris. Et maintenant ils vont me prendre, mes amis, et il ne vous restera personne.
    Joannès balaya ses cercles d’un geste furieux de sa grosse paume carrée, puis se tourna vers Constantin. Ses orbites étaient animées de cet étrange mouvement argenté, pareil à la danse de milliers d’asticots. Il rampa sur les genoux, prit les jambes de Constantin dans ses bras et les embrassa comme un enfant désespéré.
    — Je suis tellement fatigué ! Que quelqu’un m’aide. Je suis si fatigué !
    Constantin glissa la main sous sa cape.
    — Voici une chysobulle impériale accusant cet homme de trahison, dit-il à mi-voix comme s’il avait peur d’éveiller l’enfant à ses pieds. Arrêtez l’orphanotrophe.
    Il tendit le document couleur de pourpre et scellé d’or. Les marins s’avancèrent pour exécuter son ordre. Joannès ne résista pas quand ils écartèrent ses bras des jambes de son frère pour lui passer les fers. Ses yeux semblaient complètement vivants, comme des organismes séparés. Constantin se tourna vers Moschos.
    — Droungarios Moschos, au nom de l’empereur Michel, autocrate et basileus de Rome, je vous ordonne de transporter votre prisonnier au monastère de Monobate, où il demeurera en exil.
    Moschos s’inclina.
    — C’est bien ce que vous voulez ? demanda-t-il à mi-voix. Nous pourrions sans difficulté le laisser tomber par-dessus bord au cours du trajet.
    Le regard de Constantin brilla d’un éclat mauvais, comme si le Mal, après avoir fui l’âme vaincue de Joannès, venait de trouver une nouvelle demeure.
    — Non. Au monastère ; c’est le seul châtiment qu’il redoute plus que la mort. Pendant son enfance, il est devenu fou dans un monastère. Ils ont dû le renvoyer à la maison pendant quelque temps. Il n’avait que quatorze ans.
    * *
*
    Tout le drame avait été clairement visible du toit du Gynécée. Michel n’avait rien dit, n’avait trahi aucune émotion, même quand il était devenu manifeste que Constantin avait vaincu Joannès. Au moment où les deux vaisseaux se séparèrent, l’empereur respirait doucement et régulièrement, presque comme un homme en train de somnoler. Ses yeux sombres regardèrent la khélandia de Moschos s’éloigner rapidement vers le sud. La silhouette immobile de Joannès se dressait comme une statue couverte de suie à

Weitere Kostenlose Bücher