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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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ses cheveux ternes étaient réunis en une seule tresse.
    — Le moment est venu, mon enfant, dit Alexios.
    Très calme, Théodora indiqua un divan à Alexios et fit signe à son eunuque de lui offrir du vin.
    — Que s’est-il passé, mon père ?
    — J’ai eu ce matin même une conversation extraordinaire avec notre empereur. Je suis certain que toute folie exprime la volonté de la Providence divine et nous offre l’occasion soit de nous châtier, soit d’entrer dans un état où nous pouvons connaître Dieu de façon plus intime. Mais je crois aussi que la folie se transmet parfois dans le sang, de génération en génération dans la même famille. Les oncles de notre empereur étaient fous tous les deux, bien que dans un cas ce fût une possession démoniaque et dans l’autre la fureur d’un repentir sincère. Mais cet empereur me paraît le plus fou de tous, et le plus habile à cacher sa folie derrière les masques de la raison, de l’intelligence et de la dissimulation. Tout à fait extraordinaire. Il a embrassé les plus profondes des hérésies. Même l’évêque de Rome considérerait notre empereur comme un hérétique. L’empereur a prétendu, dans la nef de Sainte-Sophie, que Joseph avait tenté d’assouvir des désirs charnels avec la mère de Dieu.
    — Mais vous ne m’avez pas réveillée au milieu de la nuit pour me parler de cette hérésie, n’est-ce pas, mon père ?
    — Non, mon enfant. Aujourd’hui, notre empereur m’a révélé que l’enfant né de votre sœur Eudoxie dans l’île de Prote était une fille.
    Théodora se pencha si brusquement qu’elle parut sur le point de bondir vers Alexios.
    — Il est au courant ?
    Alexios lui adressa un sourire pincé.
    — Je crois. Il a prétendu avoir simplement entendu des rumeurs au sujet de cette naissance. Mais il a précisé clairement que l’enfant était une fille, et vous venez maintenant de me le confirmer.
    Théodora rougit de colère et de gêne. Alexios était d’une intelligence inquiétante.
    — Peut-être jouait-il simplement aux devinettes, comme vous mon père…
    — Peut-être. Nous avons intérêt à le croire. De toute évidence, il a l’intention d’épouser la dernière Macédonienne et de fonder sa propre dynastie, ce que ses oncles fous ont été incapables de faire.
    Le visage de Théodora devint très pâle à la lueur des chandelles.
    — Oui, mon enfant, je crois que vous aurez bientôt à porter votre croix. Je ne pense pas que ce soit déjà le moment de commencer votre montée du Golgotha, mais il est temps que nous préparions votre entrée à Jérusalem.
    Le dromon de la flotte thématique de Sicile pénétra dans le port par une nuit sans lune. Le capitaine ordonna de rentrer les avirons et l’énorme bâtiment dériva et heurta les protections de bois. Le prisonnier, enchaîné et bâillonné, un sac noir sur la tête, monta dans une barque avec une escorte de six marins. On mit la barque à la mer du côté opposé à la jetée. Avec quatre marins aux avirons, elle s’éloigna rapidement vers le port du Néorion. Elle accosta à un petit quai. Les dromons de la flotte impériale formaient des silhouettes sombres sur la droite. Quatre gardes khazars qui attendaient sur le quai donnèrent le mot de passe convenu et hissèrent l’homme sur les pavés. Le prisonnier, encore vêtu de la tunique de soie de son rang, devenue fort sale, résista un instant quand les gardes khazars glissèrent un grand sac de cuir noir sur son corps entier et le soulevèrent sur leurs épaules.
    Les quatre Khazars emportèrent leur fardeau très vite dans les rues qui serpentaient entre les entrepôts militaires du quartier du Néorion. Deux fois, l’escorte fut arrêtée par des sentinelles, qui les laissèrent passer. Les Khazars contournèrent la tour du Néorion et s’arrêtèrent devant les portes de métal. On répondit à leur mot de passe et ils firent monter leur prisonnier dans l’escalier humide et puant jusqu’à la salle d’interrogatoire, au dixième étage. On ligota le prisonnier debout sur une roue de bois, et les gardes khazars l’abandonnèrent aux enquêteurs, deux Petchenègues au visage lisse qui préparaient en silence leurs instruments à une table voisine. L’un affûtait une lame et l’autre déroulait des courroies de cuir.
    L’empereur Michel arriva un quart d’heure plus tard. Il portait le scaramangium, le pallium et le diadème de son rang. Quand les

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