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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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évolue comme je l’espère, je dois préparer Sainte-Sophie à soutenir un siège.
    * *
*
    — Hétaïrarque Haraldr, j’ai du mal à m’habituer aux risques de la guerre.
    L’empereur indiqua d’un geste qu’il désirait qu’on emplisse son gobelet de vin, et le chambellan se pencha vers lui pendant un instant.
    — Je peux faire courir un quadrige à l’Hippodrome et parier sur lui en fonction de sa forme, de l’expérience de son conducteur, de l’état de la piste. Si je perds, je peux reprendre l’entraînement des chevaux avec plus de vigueur, engager un meilleur conducteur, ou peut-être vendre deux des chevaux et les remplacer par d’autres. Mais dans la guerre, si mon équipage perd, j’ai perdu le capital dont j’ai besoin pour continuer à parier, pour ainsi dire. Je peux bien entendu engager de nouveaux généraux, mais non point vendre des soldats morts pour en acheter des vivants. Et mon peuple souffre de cette défaite, non seulement ceux qui meurent mais aussi ceux qui portent le deuil. Je considère donc que les enjeux de la guerre sont en général inacceptables.
    — Mais vous avez pris une décision audacieuse en nommant Maniakès à la tête des troupes d’Italie, dit Haraldr. Et ses succès en Sicile vous ont déjà récompensé du risque de votre pari.
    Il appréciait pleinement le vin, la familiarité inattendue du dîner, et l’occasion d’aborder le seul point faible dangereux de l’empereur : ses réticences à assumer le commandement de la Taghmata impériale.
    — Ah, hétaïrarque, répondit Michel en agitant l’index à la manière d’un rhétoricien, en Sicile, j’ai parié sur l’homme. Je savais que Maniakès pouvait triompher pour moi et pour mon peuple. Mais si je m’étais rendu là-bas pour décider chaque jour des mouvements de nos forces, je me serais trouvé fort dépourvu. Je suis prêt à parier sur mes généraux, oui, mais ne me demandez pas de parier sur les batailles.
    Michel but d’un geste brusque et du vin rouge se répandit sur sa barbe brune.
    — Et vous savez, hétaïrarque Haraldr, vous êtes un homme sur lequel je suis prêt à parier pour n’importe quelle victoire. Comment faites-vous ?
    Haraldr but à son tour et regarda Constantin, tellement ivre qu’il semblait sur le point de s’effondrer dans son porcelet rôti.
    — Je place dans mon dos seulement mes meilleurs hommes, puis je fais en sorte d’être toujours devant eux pour les diriger. Je n’ordonne jamais à mes hommes de faire une chose que je ne serais pas prêt à faire moi-même. Je m’assure que mes hommes sont tous prêts à exécuter chaque tactique que je désire employer, et je n’oublie pas que le combat fait perdre la mémoire : je choisis en conséquence des tactiques simples et directes. Mais au moment où le destin paraît en suspens, je ne fais pas du tout comme vous, Majesté. Je fais confiance à la chance.
    — Ah bon, lança Michel si excité qu’en se penchant en avant il renversa son verre. Que voulez-vous dire ? Je vous ai toujours considéré comme une sorte de joueur, mais je vous croyais parfaitement sérieux en matière de batailles. Que voulez-vous dire ?
    Michel fit signe au chambellan de remplir la coupe de Haraldr.
    — C’est un vin différent, hétaïrarque, expliqua-t-il tandis que l’eunuque servait. Il vient de Dyracchium. S’il ne vous plaît pas, jetez-le.
    Haraldr but d’un trait. Il n’apprécia pas le goût du vin de Dyracchium, mais il était trop satisfait de tout pour se plaindre.
    — Majesté, commença-t-il d’une langue qui commençait à s’empâter, les hommes du Nord comme moi croient en un dieu appelé Odin. Mais vous n’avez pas besoin de le considérer comme un dieu si cela offense votre piété chrétienne. Considérez-le comme un talisman, comme un morceau de la Vraie Croix, ou même une personnification, comme votre Fortune. Mais nous croyons que pendant les combats Odin envoie ses faveurs à certains et ne les accorde pas à d’autres.
    S’il envoie ses Walkyries – ce sont ses anges de la mort – pour cueillir un homme en pleine bataille, rien de ce que peut faire cet homme n’empêchera son destin de se réaliser. Nous avons un proverbe : « Aucun homme ne vit jusqu’au soir si le sort l’a condamné au matin. »
    — En dehors de la guerre, est-ce que cet Odin favorise d’autres jeux ? demanda Michel d’un ton enthousiaste.
    Haraldr releva brusquement la tête.

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