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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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d’embrasser de nouveau la vie après la mort de ses amants précédents.
    Alexios marqua un temps, puis dévoila ses yeux noirs menaçants.
    — Laissez-moi vous dire ceci, roi Haraldr, si je puis vous appeler ainsi : il n’est pas rare qu’un homme condamné à être aveuglé soit blessé si grièvement qu’il meure peu après, parfois même en moins d’une heure. Mais dans ce cas, la sentence de mort a été prononcée et exécutée par le Tribunal céleste, et non par la chair corrompue ici-bas.
    * *
*
    Les premières ombres du crépuscule peignaient la Mésé de teintes pourpres empreintes de mélancolie. Des nuages en formation serrée envahissaient le ciel en provenance du nord. Des bouffées de vent glacé qui soulevaient la poussière des rues latérales giflèrent les cavaliers quand ils obliquèrent vers le sud-est et la Porte d’Or. Haraldr n’avait emmené que Halldor et Ulfr pour ce voyage sinistre. Certains croient que les rois descendent des dieux, d’autres simplement qu’ils exercent leur pouvoir sur terre avec la sanction de Dieu ; de toute manière, la mort d’un roi constitue un défi aux divinités.
    Les cavaliers dépassèrent quatre hommes et une femme qui couraient vers le sud ; le vent fouettait leurs tuniques grossières. À chaque carrefour, les citoyens acclamaient les Varègues au galop.
    — À bas Michel ! À bas Michel… lançaient-ils, et leurs paroles poursuivaient les chevaux essoufflés.
    — Votre geste sera plus charitable, cria Halldor dans le vent. Ces gens veulent l’enchaîner la tête en bas à une colonne et le dépecer comme un lapin.
    — Espérons qu’ils ne l’ont pas déjà fait, répliqua Haraldr. Nous affrontons les dieux en cette affaire. Ne les profanons pas.
    L’avenue obliqua vers l’est et les trois Varègues s’élancèrent au milieu d’immeubles anciens mais propres. Les gens étaient au balcon et les acclamaient au passage ; on avait l’impression qu’ils attendaient la procession de l’empereur. Peut-être était-ce le cas. Les groupes dans les rues parurent plus nombreux quand les Varègues arrivèrent sur les franges du Stoudion. Des immeubles bien tenus voisinaient avec des carcasses de bois éventrées. Certaines boutiques et auberges aux volets clos avaient des enseignes de couleurs vives, récemment repeintes ; d’autres arcades, béantes et vides, ne logeaient que des chiens errants. Des jardins potagers poussaient sur les terrains vagues. Les chanteurs des rues célébraient le succès de l’assaut du Palais par de nouveaux poèmes. Un groupe qui avait gardé ses armes cria soudain :
    — Haraldr ! Haraldr ! Massacreur d’empereur…
    Sur l’ouest du quartier, la Mésé traversait un vaste parc à l’abandon. Le vent qui soufflait du Stoudion emplissait l’air d’une brume de sable. Haraldr demanda à Halldor et à Ulfr de ralentir, et il baissa la tête pour éviter la poussière qui l’aveuglait. Quand il ouvrit les yeux, il aperçut une immense foule qui se répandait dans le parc depuis le côté ouest. L’avant-garde de cette meute dansait en rond en chantant à pleine voix.
    La foule s’avança soudain et encercla les trois Varègues. Elle acclama bruyamment les hommes du Nord et se mit à chanter un refrain bancal sur la façon dont Haraldr avait envoyé Mar à son empereur comme pigeon voyageur, mais que l’oiseau avait oublié de battre des ailes. Des prostituées qui s’étaient battues dans la matinée avaient de nouveau maquillé leurs visages ; elles s’avancèrent pour embrasser les jambes des Varègues et leur offrir des plaisirs gratuits jusqu’à leurs derniers jours. Les coupe-bourse et les tire-laine avaient échangé leurs lances contre des outres de vin et ils chantaient en dansant, le visage écarlate et le menton taché par le jus de la treille. Un groupe de cambrioleurs s’avança pour lancer un couplet impromptu, avec les gestes obscènes appropriés.
    — Michel l’a foutu à Zoé, Michel nous l’a foutu dans le cul, maintenant nous la lui foutrons dans la bouche.
    Haraldr regretta que l’Étoile bleue soit restée à Sainte-Sophie. Son peuple était en train de se déchaîner ; le pouvoir l’avait rendu aussi fou que Michel.
    Haraldr s’avança vers le centre de la fête. Il découvrit, soulagé, que l’œil de cette tempête était relativement calme. Des hommes plus responsables, qui portaient les tuniques de toile usées jusqu’à la corde mais propres des

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