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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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flammes qui ne possèdent ni courage ni loyauté, qui tuent de même l’ami et l’ennemi, qui ne laissent même pas à un homme l’honneur de voir le visage qui le prive de son âme. Si l’utilisation de cette flamme se répand dans le monde, ce sera la fin de tout ce qui est noble. Les dieux même en auront honte au moment de leur mort. Quand les dieux détruiront Rome, je prierai pour qu’ils détruisent aussi ce feu de malédiction.
    — Il y aura toujours une autre Rome, répondit Ulfr tristement. Ce sont les hommes de bonne volonté, et non les dieux, qui doivent bannir ce feu de la terre.
    Ulfr se retourna vers la mer étrangement calme, parsemée de flammes. Le vent avait repoussé les nuages vers le sud et l’on commençait à apercevoir les étoiles sur l’horizon du nord.
    — En voici un qui est vivant, lança-t-il en tendant le bras.
    Halldor ordonna au bateau de virer de bord pour effectuer le sauvetage.
    — Ils sont deux, cria Ulfr.
    — Un vivant, un mort, répondit Halldor. C’est de la dévotion à un compagnon d’armes.
    Les formes dans l’eau dérivèrent plus près.
    — Un homme du Nord, lança Ulfr.
    — Un des imbéciles à l’origine de tout ceci. Il tient encore son jeune amant sous le bras…
    Halldor se figea, et son estomac se souleva. Le mort n’était pas un enfant mais une femme. Une femme dont la mer avait collé les cheveux sur la tête. Mais l’homme vivait encore.
    — Faites avancer le bateau, bande de porcs sans cervelle ! hurla Halldor à l’équipage. Haraldr ! Haraldr ! Haraldr est vivant, dit-il en frappant Ulfr sur la poitrine.
    Haraldr tenait le corps de Maria sous son bras gauche, la tête tournée vers un ciel que bleuissaient les premières lueurs de l’aube. Il nageait faiblement de son bras droit, si lentement qu’il réussissait à peine à rester à la surface. Ses joues étaient en sang et presque tous ses cheveux avaient brûlé. Ulfr et Halldor se penchèrent au-dessus du bordage pour se saisir de lui. Haraldr cracha de l’eau et ses dents blanches grimacèrent comme une mâchoire de démon.
    — Aidez Maria, murmura-t-il.
    Halldor souleva doucement le corps. Autour de son buste le feu n’avait laissé que des haillons, ici et là ses bras et ses jambes étaient couverts d’une chair noire qui colla aux mains de Halldor. Il grinça des dents et pria les dieux de maudire tout homme qui utiliserait de nouveau ce feu. Il posa la jeune femme doucement sur le pont à côté du gouvernail et la recouvrit d’une cape de toile. Il n’eut pas la force de remonter le linceul au-dessus de sa tête : si brûlé que fût son visage, ses traits conservaient leur beauté, comme un marbre splendide noirci par de la suie.
    La tunique de laine de Haraldr était intacte, les brûlures les plus graves semblaient sur sa tête et ses mains ; la chair était à vif mais non gravement brûlée. Ulfr le fit passer par-dessus le bastingage et il tint debout sur le pont. Puis il s’accroupit, les mains sur les genoux, et leva vers Ulfr des yeux blancs, hébétés.
    — Je l’ai perdue, dit-il en sanglotant. Si seulement j’avais pu la tenir plus fort. Elle m’a été arrachée des bras et je l’ai perdue.
    Il tomba à genoux à côté du corps de Maria.
    — Oh ! mon Dieu, sauvez-la ! Redonnez-la-moi. Elle est vivante, lança-t-il à Halldor et à Ulfr. Elle m’a parlé dans l’eau. Elle m’a pardonné. Ô Dieu miséricordieux, père tout-puissant…
    Ulfr s’agenouilla près de Haraldr.
    — Haraldr, personne ne survit à ce genre de blessures. Laissez mourir Maria.
    Haraldr se calma.
    — Elle est vivante.
    Il lui prit la main, sans sentir le sérum collant qui enveloppait la peau.
    — Ma chérie, ne t’en va pas.
    La raison lui revint comme un coup de tonnerre et il se rappela qu’elle s’était figée dans ses bras au moins une heure plus tôt. Elle était… Il se retourna vers Ulfr et murmura :
    — Elle est partie. Je le sais. Si seulement je pouvais encore lui parler. Ne serait-ce qu’une fois. Si seulement je pouvais lui dire une chose, ce serait… Ce serait mon éternité.
    — Elle vous regarde depuis le Paradis, répondit Halldor. Elle sait. Je vous jure qu’elle connaît votre cœur en ce moment.
    Par acquit de conscience, Halldor se pencha et tâta le pouls près du cou de Maria. Il s’agenouilla, son doigt encore sur l’artère. Il leva les yeux, le visage impassible.
    — Il y a de la vie. Mais elle ne tient

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