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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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besoin. Mais c’était par sa fille Maria que le roi lui-même se survivrait.
    Haraldr attendit que les acclamations réticentes s’apaisent en inévitables murmures de protestation, relativement polis. Puis il fit signe à ses écuyers de délacer les courroies de cuir qui ceignaient sa byrnnie. Les écuyers lui ôtèrent sa byrnnie comme des fondeurs enlèvent un moule de plâtre d’une statue. Le roi apparut dans une tunique de soie bleue et toute son armée s’étonna.
    Guerriers, je n’ai pas besoin d’armure pour accepter des otages et nommer des gouverneurs. J’abandonne donc mon Emma, la femme qui m’a été la plus fidèle au cours des batailles. D’ailleurs, la journée sera chaude. Et l’étreinte de cette dame me ferait bouillir comme une oie grasse dans un chaudron.
    Le roi caressa son embonpoint pour bien montrer l’endroit où la byrnnie le serrait. L’armée poussa de vastes éclats de rire. Eystein Orre ôta à son tour sa byrnnie, et la mode de la journée se répandit ainsi.
    Tandis que les hommes du Nord se dépouillaient de leurs armures – tout en conservant leurs casques, leurs lances et leurs épées, comme pour aller au marché ou à l’église – le duc anglais Tostig se pencha à l’oreille de Haraldr.
    Messire, dit-il, visiblement inquiet, je ne vous conseille pas d’agir ainsi. J’ai régné moi-même sur la Northumbrie ; les Angles sont le peuple le moins digne de confiance du monde, et les Northumbriens les Angles les moins dignes de confiance.
    Haraldr se tourna vers la visage perpétuellement tourmenté de Tostig. Il se demandait souvent quel destin l’avait encouragé à se lier à cet homme difficile, qui lui avait tellement déplu au premier abord. La proposition de Tostig de soutenir une conquête de l’Angleterre contre le propre frère de Tostig, le roi Harold Godwinnson, avait paru à Haraldr aussi ridicule que traîtresse. Puis Tostig lui avait raconté l’affaire : Haraldr avait appris que le vieux roi Édouard l’avait désigné comme héritier légal, mais ses rivaux à la cour l’avaient évincé. Haraldr l’avait pris en pitié. Et quand il avait vu l’amour remarquable, inébranlable, de Tostig pour son épouse Judith, la sœur du duc de Flandre, il avait commencé à l’apprécier. (Si seulement l’amour de Haraldr pour sa reine Elisevett avait été aussi constant !) C’était finalement Ulfr qui avait convaincu le roi Haraldr que Tostig était un homme à qui l’on pouvait se fier. Ulfr… Dieu du ciel, si seulement Ulfr pouvait être encore à ses côtés ! Quel destin avait pris le cher Ulfr à la veille du triomphe pour lequel il avait dépensé tant d’efforts, même au moment où son roi avait perdu tout espoir ?
    — C’est un risque que je dois prendre, expliqua Haraldr à son allié anglais. J’ai appris cette amère leçon au Danemark. Gouverner sans l’affection d’un peuple, c’est livrer une guerre sans fin. Il faut écraser l’armée, oui. Mais on gagne le peuple par la justice et la miséricorde. Pourtant, je n’écarte pas entièrement les risques que vous me rappelez.
    Haraldr se rappela les présages qui avaient poursuivi sa grande flotte comme des mouettes criardes pendant tout le long voyage de Norvège. Un homme avait rêvé de corbeaux perchés sur la poupe de chaque bateau ; un autre avait vu un loup précéder les armées anglaises, un loup tenant un homme du Nord dans sa gueule sanglante. Haraldr lui-même avait parlé en rêve à son frère Olaf et en avait reçu un pressentiment de danger ; mais peut-être était-ce simplement sa crainte de conquérir un territoire qu’Olaf n’avait jamais osé attaquer. Toutes les grandes entreprises engendraient de grandes angoisses ; jusqu’ici, les corbeaux ne s’étaient repus que de cadavres anglais. Mais quand le destin vous met en garde, seuls les sots et les fous ricanent.
    Haraldr fit signe à son fils Olaf et à Eystein Orre.
    Mes petits aigles, dit-il en saluant leurs visages alertes et sans rides. Je pars accepter une reddition, ce qui est un devoir approprié pour un homme qui a été courbé par cinq décennies. Mais je veux laisser derrière moi ma force. J’emmènerai la plupart des alliés et la moitié de nos hommes du Nord. Cela devrait suffire à faire impression sur les Angles. Mais je veux que mes meilleurs combattants du Nord demeurent ici pour garder les bateaux, sans lesquels nous serions tous perdus. Eystein, tu prendras leur

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