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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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racler plusieurs fois la gorge avant de s’expliquer.
    — C’est Liachko. Le marchand de Novgorod. Un imbécile…
    Haraldr se souvint aussitôt de ce Liachko. Aussi gros que grand, avec un nez carré et une tête chauve luisante. Il avait fait des histoires depuis l’île de Saint-Grégoire, tantôt loin derrière, tantôt loin devant, et Haraldr avait dû le menacer de le mettre aux fers avec son âne bâté de pilote. À la suite de quoi, il s’était contenté de remonter chaque jour à la hauteur de Haraldr pour grommeler à propos d’« erreurs de cap ».
    — Celui-là ! Il s’est enivré avec ses hommes et il est parti en ville chercher des putes grecques. Que Perun me frappe s’il ne m’a pas menacé de mort quand j’ai essayé de l’en empêcher.
    Haraldr s’élança aussitôt sur le pont et sauta de bateau en bateau. L’après-midi, dès leur entrée dans le port, Haraldr avait reçu la visite d’un officiel – le légatharios du préfet de la ville – homme pâle et émacié, vêtu de la robe de soie la plus chamarrée de broderies que Haraldr eût jamais vue. Le légatharios n’avait fait que regarder dans le vague pendant toute l’entrevue, mais l’interprète (le premier Byzantin parlant la langue du Nord qui ne fût pas eunuque) avait énoncé un long chapelet de directives que Haraldr et ses hommes devaient observer en accord avec le traité entre Rus et Byzance. Les autorités byzantines avaient expressément ordonné d’amarrer les bateaux bord à bord et de les laisser à l’ancre au milieu du port jusqu’à ce qu’un inventaire complet des cargaisons et des équipages soit dressé. Tout vaisseau quittant le rang serait « tenu pour un pirate et traité comme tel par les éléments de la flotte impériale ». Haraldr avait passé le reste de la journée à s’assurer que chaque patron de bateau, chaque pilote avait bien compris les ordres des Byzantins. Un seul bateau hors de la formation, et les dromons risquaient d’attaquer la flotte entière de Rus.
    Haraldr sauta une centaine de bastingages avant de parvenir au groupe de marins rassemblés sur le bateau voisin de celui de Liachko. Il traversa la foule excitée et parvint à l’endroit où la ligne des bateaux amarrés était interrompue.
    — Il est parti comme ça, jarl ! dit un vieux pilote borgne en claquant des doigts. Personne n’a pu l’arrêter. Elovit, le gamin, a reçu un coup de couteau. Il nous aurait tous tués.
    Haraldr parcourut du regard l’eau noire entre la ligne des bateaux de Rus et la côte. Rien. Les lumières du port n’éclairaient pas toute l’étendue de la rade et même Liachko n’avait pas été assez idiot pour filer avec une lanterne à son mât.
    — Rapprochez les bateaux ! cria Haraldr. Mettez une torche ou une lanterne en haut de chaque grand-vergue et laissez-les allumées. Il faut convaincre les Griks que personne n’a contrevenu aux ordres.
    Halldor et Ulfr le rejoignirent, hors d’haleine. Halldor s’assura que les ordres de Haraldr passent d’un bâtiment à l’autre.
    — Trouve un guérisseur pour ce jeune homme blessé, ordonna Haraldr à Ulfr.
    Il crut voir au-dessus de l’eau la silhouette d’un bateau de Rus se détacher sur une frange de lumière venant des quais. Mais la forme fugitive s’estompa de nouveau dans la nuit.
    Des lumières commencèrent à apparaître en haut des mâts des bateaux de Rus. Comme en réponse, des rangées de lanternes apparurent devant et derrière la ligne, à plusieurs centaines de coudées. Haraldr regarda les lumières avec horreur : elles allaient par paires : une lampe à chacun des deux mâts des puissants dromons. Les bêtes s’agitaient dans la nuit.
    De nouveau, Haraldr aperçut la silhouette grise du bateau de Liachko.
    Deux lumières se détachèrent de la ligne des dromons et se dirigèrent vers la silhouette évanescente.
    L’instant suivant, la nuit devint jour. Avec une sorte de rugissement, une comète liquide, un arc-en-ciel de feu explosant, s’éleva au-dessus de l’eau. L’énorme gueule lance-flammes du dromon brilla comme de l’or en fusion. À l’autre bout de l’arc de feu, le bateau de Liachko explosa comme un volcan en éruption.
    Le feu prit presque aussitôt dans les agrès du bateau de Rus, et pendant un instant d’épouvante on vit des silhouettes humaines se tordre dans l’enfer. Le jour explosa de nouveau et l’eau elle-même se mit à brûler autour de la forme voilée

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