Byzance
veulent-ils nous ramollir un peu par le confort. Et ensuite… Couic.
Il passa la main sur son cou en souriant. Haraldr ne partageait nullement la gaieté de Halldor. Il se dirigea vers la rangée de fenêtres élégantes percées dans le mur extérieur de la salle. Par les vitres transparentes – certaines étaient fendues et plusieurs manquaient – il vit les Varègues qui discutaient en petits groupes sur la vaste étendue d’herbe de la cour intérieure. Au fond de celle-ci s’élevait une aile parallèle, elle aussi garnie de lits. Du côté gauche, un ensemble d’écuries vides et de pièces fermées à clé. Et à droite, d’autres salles et un porche flanqué de deux grosses colonnes de marbre. Le portail de bois était ouvert et l’on venait de faire entrer un chariot chargé de sacs de grains et de tonneaux de bière ou de vin. Haraldr jugea que le portail serait refermé une fois les marchandises déchargées.
Ils se trouvaient en quelque manière aux arrêts, mais sous une forme polie, et Haraldr n’avait aucune idée de ce que les Griks entendaient faire de lui et de ses hommes liges. Les Griks le savaient-ils eux-mêmes ? Et le bonhomme-marmotte ? Ce n’était pas un personnage officiel, mais il était au courant de l’arrivée de Varègues et essayait de les engager, apparemment pour un nommé Nicéphore Argyros…
Une chose était certaine, en tout cas : Haraldr ne devait pas laisser la confusion, ni les subterfuges des Griks, contaminer ses rapports avec ses hommes. Il avait déjà entendu des mécontents se plaindre qu’avec Hakon, ils seraient en train de festoyer au Palais impérial. Il fallait d’urgence organiser les hommes en compagnies et les former en unités de combat disciplinées. Sur ce point, il se sentait en terrain solide. Dans son enfance il avait vu au moins dix fois Olaf transformer en armée des bandes de pirates de sac et de corde. Et la pensée lui vint que s’il devait devenir roi un jour, il faudrait qu’il commence son entraînement. Pourquoi pas tout de suite ?
— Halldor ! Ulfr ! lança-t-il.
Ses deux compagnons se retournèrent, surpris par la violence de sa voix.
— Faites entrer les hommes et désigner les lits. Dans une demi-heure, rassemblement dans la cour en armes, pour un peu d’exercice.
— À quoi penses-tu ? demanda Maria.
Elle se tenait devant le portique de sa chambre, et la couleur de ses yeux était si proche du ciel ardent et de la mer derrière elle qu’ils semblaient peints avec le même pigment précieux.
— Je suis à votre disposition, maîtresse, dit l’eunuque.
Il s’appelait Isaac. Malgré sa peau sans barbe, il avait la mâchoire dure et musclée. Dans sa robe de soie élégante, coupée à la perfection, sa silhouette semblait souple et féline, mais avec des proportions viriles. Il avait de longs cheveux blonds légèrement bouclés.
Maria éclata de rire, ravie.
— Non, j’ai l’intention de te laisser le choix. Surprends-moi.
Isaac n’avait guère le choix. Il était vestioprataï , négociant accrédité par les autorités impériales pour le commerce des soieries précieuses. Il comptait parmi ses clientes de nombreuses épouses de dynatoï et des dames de haut rang de la cour, mais c’était sa première convocation au Gynécée, les appartements des femmes de la famille impériale. Il s’était préparé avec soin. Il pouvait décrire le plan et l’ameublement des appartements de la maîtresse des robes aussi précisément que s’il s’y était rendu dix fois.
— La chaleur ne vous dérange pas ? demanda-t-il.
— Non, je déteste le froid.
Isaac conduisit Maria vers une coupole d’observation aménagée sur le toit. Il envoya les eunuques chercher des coussins et du vin. La brise qui murmurait entre les fines colonnes effleurait la peau comme un tissu de soie. Il avait appris depuis longtemps à se montrer pratique. Dès que les coussins et les gobelets furent en place, il délaça le scaramangium de Maria. Elle se mit debout sur le banc de marbre pour que son corps soit exposé à la brise. Isaac durcit les mamelons avec ses doigts doux et lisses, puis prit le vin glacé dans sa bouche. Quand il effleura le mamelon de sa langue glacée, elle se tordit et gémit. Il fit glisser sa langue vers le nombril mais elle le repoussa. Elle délaça et enleva la robe qu’il portait. Il était aussi ferme et lisse qu’une statue. Elle tomba à genoux et fit courir sa langue le long
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