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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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libéré, a été décoré. Puis son livre, L’Aveu , a été publié. L’Humanité a exprimé sa position. Nous avons considéré que c’était la description de procédés aujourd’hui condamnés par le mouvement communiste international. Enfin le roman a été adapté au cinéma : le livre provoquait l’émotion ; le film, l’indignation. »
    Il insiste : « Nous avons une conception autre de la manière dont le socialisme s’instaurera : pas par des mesures administratives. »
    Il est caricaturalement communiste, certes, et ses propos le sont aussi. Je le sens atrocement ennuyé par toute cette affaire. Il me le dit d’ailleurs en fin de conversation : « On nous trouve parfois timorés, nous, les communistes français. Mais vous connaissez notre point de vue. Nous avons le double souci de défendre la politique du Parti français et, en même temps, de préserver nos bonnes relations dans le mouvement communiste international. »
    Une phrase sur Yves Montand 14 , pour finir : « Montand ! Nous l’avons beaucoup soutenu. Les communistes faisaient ses salles. Ils ne le regrettaient d’ailleurs pas. Après cela, il a fait une tournée des pays socialistes, où il a gagné un pont d’or. Il est revenu et il nous a envoyés aux pelotes... »

    7 septembre
    C’est Brigitte Gros 15 qui rapporte le propos à Georges Dayan, qui me le rapporte à son tour.
    Le soir de la première conférence de presse de Chaban-Delmas, à Bordeaux, Jean-Jacques Servan-Schreiber, son adversaire, était, contrairement à tous les usages, présent dans la salle. Il a fait ce même commentaire : « Lorsque les caméras m’ont éclairé, la peur a décomposé son visage. Je me suis dit : ce type-là, je peux l’avoir. »
    De Dayan encore, cette constatation : « Nous sommes tous cul par-dessus tête. »

    9 septembre
    Selon Maurice Faure, rencontré hier soir, nous allons vers un éclatement de chacun des partis de gauche. Et vers la création de deux partis, l’un autour de Jean-Jacques Servan-Schreiber, l’autre autour de François Mitterrand. « Au moins, me dit-il, cela aurait le mérite de la clarté. »
    Il ne fait aucun doute que le calcul est aussi celui de Mitterrand et qu’il entend bien, l’UDR éclatée et les « réformateurs » unis derrière Servan-Schreiber, reprendre, lui, sa stratégie d’union de la gauche, écartée depuis 1969.
    D’où son mutisme actuel, sa volonté de ne rien faire pour se couper des socialistes et des communistes.

    15 septembre
    C’est le cardinal Villot qui raconte cette histoire à Charles Hernu. Dans les jardins de Castelgandolfo, il y a un labyrinthe de fourrés et de bosquets. « À quoi ça sert, lui demande le pape, il n’y a pas d’enfants ici... »
    Hernu – qui ne connaît rien aux usages catholiques, puisqu’il est libre penseur et franc-maçon – demande au cardinal Villot s’il est bon, avant de rencontrer le pape en audience privée, d’assister à une audience publique. « Non, répond Villot, vous n’allez tout de même pas aller à cette cérémonie pour touristes ! »

    Hier, PMF à la télévision. Une attaque en règle contre Jean-Jacques Servan-Schreiber :
    « Ce qui se passe à Bordeaux me plonge dans la consternation. »
    Coup de pied de l’âne au moment où Servan-Schreiber se casse la gueule.
    François Mitterrand, au contraire, se garde de commenter les choses. Il est retourné dans le Sud-Ouest, son ton est calme, dur mais courtois, ferme, sans complaisance à l’égard de Jean-Jacques Servan-Schreiber. L’élégance est de son côté.

    17 septembre
    Les sondages remontent pour Jean-Jacques Servan-Schreiber à Bordeaux, mais Chaban passe toujours au premier tour.
    On imagine de Gaulle, à Colombey, regardant le spectacle de ces deux hommes en train de se battre à coups de communiqués, de saluer les foules comme des joueurs de rugby.
    On me raconte qu’il disait de Pompidou : « Il s’enfonce », lorsque celui-ci, de Milan ou de Genève, parlait de sa succession. C’est Pompidou qui est au pouvoir et qui dit aujourd’hui de Jean-Jacques Servan-Schreiber, hier de Chaban : « Ils s’enfoncent. »

    20 septembre
    Bordeaux. Dans quelques heures, on sera fixé sur l’avenir politique de Jean-Jacques Servan-Schreiber.
    Je me dis depuis quelques jours qu’il faudrait bien que, moi, je me précise à moi-même ce que je pense aujourd’hui de lui.
    Il serait facile, je crois, de tracer deux

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