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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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en tête, avec près de 22,5 % des voix. Même si la Fédération de la gauche n’est pas en mauvaise posture, elle n’obtient que 19 % des voix en métropole. Et surtout, les gaullistes rassemblent encore 38 % des suffrages. Dans la gauche non communiste, Mitterrand est le seul élu au premier tour. La majorité, elle, en compte plus de cinquante.
    Dix-huit mois d’efforts incessants pour obtenir qu’il n’y ait qu’un seul candidat de la gauche non communiste par circonscription, en imposant sa loi, celle de la Fédération de la gauche aux trois partis qui la composent, dix-huit mois de négociations permanentes avecle parti communiste pour maintenir le courant unitaire de la présidentielle de 1965 n’ont pas amélioré les résultats globaux de la gauche non – communiste qui obtient sensiblement le même nombre de voix qu’en 1962.
    Mitterrand n’attendait pas autre chose, me répond-il, un peu agacé par ma question, quand je lui demande s’il est déçu. Non, ce qui lui importe maintenant, c’est de négocier siège par siège le désistement des communistes au profit des candidats de gauche les plus susceptibles de l’emporter au second tour. Car, même si je ne l’avais pas remarqué immédiatement, après l’accord de décembre entre le PC et la Fédération de la gauche, il y a une ambiguïté dans le texte tel qu’il a été signé. Le texte évoque l’éventualité de désistement entre PC et PS au profit du « candidat le mieux placé par le suffrage universel » pour l’emporter au second tour : pour la Fédération de la gauche, ce n’est pas forcément celui qui a obtenu le plus grand nombre de voix au premier tour. C’est celui qui peut faire le plein des voix au deuxième. Dans certains cas, il peut s’agir d’un socialiste qui, même arrivé après un candidat du PC, recueille des voix modérées.
    C’est pour cette raison que les deux délégations avaient prévu, en décembre, d’examiner les « cas particuliers » qui pourraient se poser avant le second tour. Mitterrand doit calculer au plus serré, avant mardi, date du dépôt obligatoire des candidatures pour le second tour. Retour à l’hôtel du Vieux-Morvan : demain, il prendra le train vers 7 heures.

    Avec les dernières informations au flash de une heure du matin, sur Europe 1, j’en apprends plus sur ce qui s’est passé dans la France entière. Victoire de Pompidou et grave défaite du Centre démocrate lecanuetiste, je crois que le diagnostic du premier tour est net et sans bavures. L’exercice du pouvoir, c’est clair, n’a pas usé le parti gouvernemental, c’est la troisième fois de suite qu’il gagne, ce qui n’est jamais arrivé. À tel point que Giscard, qui s’attendait à être l’homme fort de ces élections, se retrouve dans la situation de deuxième homme derrière Pompidou, ce qui ne lui convient pas du tout.
    Le Centre démocrate de Jean Lecanuet obtient moins de 13 % des voix, ce qui est largement en dessous du score réalisé par Lecanuet a la présidentielle de décembre 65.
    Quant à Mitterrand, il n’a pas non plus obtenu, sur le plan national, les résultats qu’il attendait. Et s’il ne s’en sort pas trop mal,c’est parce que lui, personnellement, dans la Nièvre, obtient un score exceptionnel – c’est le député le mieux élu de toute la gauche – et que tous ses amis de la Convention sont très bien placés. Pour le reste, la Fédération de la gauche ne dépasse pas le Parti communiste, qui progresse d’un point à peu près par rapport aux élections de 1962 et elle ne met le moins du monde en péril la majorité parlementaire.
    C’est vrai : le succès va d’abord à Georges Pompidou, car c’est la première fois qu’il s’investit autant dans une campagne électorale, lui auquel l’opposition, et une partie de ses propres amis, ont souvent reproché de ne pas être un élu. D’ailleurs, il ne s’y est pas trompé : son premier commentaire, avant de savoir exactement les succès globaux remportés par l’UNR, a été, me rapporte Georges Suffert, de dire : « Une chose est certaine, je pourrai siéger à l’Assemblée. »
    Au-delà de ses résultats personnels, il faut dire qu’il a parcouru la France en leader de la majorité : vingt-trois voyages, prés de 9000 kilomètres en avion, tout cela en moins de trois semaines, deux duels mémorables contre les chefs de l’opposition, Mendès à Grenoble, Mitterrand à Nevers. De

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