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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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tout, ce sont des imbéciles ou des prétentieux. »
    « Si Maurice Faure avait accepté mon offre de se présenter à la présidence de la République en 1965, la face du monde aurait pu changer. »
    Ou encore : « Si Poher avait accepté en 1969 de revenir sur l’élection du président de la République au suffrage universel, nous serions sortis des dangers de la modification constitutionnelle de 1962 ! »
    Bref, tout le monde : Maurice Faure, Antoine Pinay, Alain Poher – tous plutôt que Mitterrand !
    25 novembre
    Première victoire pour Simone Veil : son projet de loi a été approuvé par la commission des affaires sociales et culturelles. Tous les députés savent que Giscard lui-même a voulu ce texte : ça limite les rébellions. Et puis, Simone Veil dispose de plus d’un atout. Outre sa maîtrise du débat – et du combat juridique –, chacun sait que Chirac l’aime beaucoup et que le redoutable Jean Foyer, pour hostile qu’il soit à la loi, éprouve presque de la tendresse pour elle. D’ailleurs il a dit : « Si cette loi passe, je ne lui adresserai plus la parole. Enfin, pendant six mois... »
    Il reste que les débats en commission ont duré trois jours, du mardi après-midi 17 h 30 au jeudi, dans une salle moderne, beige et truffée de micros. Simone Veil s’était armée de patience. Heureusement, car elle en a eu grand besoin ! Elle a tout entendu, pendant ces longues heures. Elle a entendu Pierre Baudis, député-maire de Toulouse, dire qu’il ne fallait pas écouter le jugement de l’opinion publique, mais le Jugement dernier ! Elle a entendu Jean Briane, député réformateur de l’Aveyron, dire bizarrement qu’on ne pensait jamais aux hommes, les pauvres, lorsqu’on parle d’avortement ! Et si elle a ressenti quelque étonnement en écoutant Pierre Buron, députéUDR de la Mayenne, dire qu’il était « horrible » d’adapter la loi aux mœurs, il paraît qu’elle n’en a rien montré.
    Pourtant, à la fin, jeudi, le projet de loi était adopté en commission moyennant 63 amendements beaucoup plus libéraux qu’elle ne s’y attendait. Et avec, en prime, la démission de Bolo, le rapporteur général !
    En fait, cela ne veut pas dire grand-chose ; il y a eu peu de votants en commission : vingt-deux pour, onze contre, sur cent vingt membres.
    Maintenant, débat dans l’hémicycle avec l’entrée en scène des ténors qui n’ont encore rien dit. Ce sera pour le mois de décembre.
    26 novembre
    Je viens de passer la journée à Lille, où Pierre Mauroy m’a fait visiter la ville. Son mimétisme par rapport à Mitterrand : la même façon parfois de chercher ses mots, la même façon de se mettre en retard. Avec plus de chaleur, certes ! J’ai eu droit à tout : médaille d’or de la ville, petite réception, etc., etc.
    Sur le fond : nous parlons beaucoup des communistes, puisqu’il semble qu’un éloignement se confirme entre le Parti socialiste et eux. « Augustin Laurent 39 , me raconte Mauroy, a eu sa vie brisée par le Parti communiste. Il aurait pu connaître une vie politique nationale, être au gouvernement. Impossible, depuis près de vingt ans. S’il devait en être de même pour les hommes de ma génération, ce serait terrible. Vous vous rendez compte : cette stérilisation... Jamais dans l’Histoire des hommes de gauche n’auront été ainsi empêchés d’arriver au pouvoir du fait de leur division, jamais ils n’auront supporté autant de sacrifices pour rien, pour aucun résultat ! Dans l’incapacité de prendre le pouvoir ! »
    Il revient sur le deuxième tour de l’élection présidentielle du printemps dernier : « Il fallait voir Roland Leroy arriver à la tour Montparnasse 40 au soir du deuxième tour. Nous étions tous abattus. Lui, il était ravi : quel beau résultat, disait-il, quel beau résultat ! La victoire, commente Mauroy, non, vraiment, ce n’était pas leur affaire, le PC n’en voulait pas. »
    Il me raconte le congrès d’Épinay de 1971, vu par lui. Le « complot » avec Mitterrand dans le but de prendre le Parti socialiste avaitété mis au point avant les élections municipales de 1971. « Mais moi, dit Mauroy, je ne pouvais en parler à personne dans la fédération du Nord, proche de Guy Mollet ; j’avais peur que la fédération se partage. J’ai donc demandé à Mitterrand d’approcher Gaston Defferre. »
    OK pour Defferre ! Arrivent les élections municipales. Pierre

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