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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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semaines qui viennent : colloque sur l’énergie et charte des libertés, conférence des leaders de l’Internationale socialiste les 22 et 23 février, campagne d’adhésions – vaste, comme il se doit –, mise en place des responsables du secteur des entreprises, etc.
    Tout le monde attend qu’il parle du Parti communiste. Il n’y a que cela qui intéresse les journalistes présents aujourd’hui, et comment en serait-il autrement ?
    « Je rappelle, dit François Mitterrand, que le PS s’est engagé sur un programme commun de gouvernement applicable dès que le peuple français aura élu une majorité de gauche à l’Assemblée nationale : il n’appartient à aucun parti signataire de s’ériger en tribunal permanent. »
    En réponse aux questions, il va plus loin : « Je ne pense pas, dit-il, que les communistes veuillent mettre un terme à l’union de la gauche, même s’ils en prennent le risque. Il faut un certain degré de philosophie et de patience, particulièrement dans le domaine de la vie politique. Nous sommes prêts à toutes les actions à la base, en refusant les simulacres au sommet. »
    Il s’en tire par quelques formules, mais, franchement, quel gâchis !
    20 février
    Yves Guena 10 , qui vient de se rallier à Chirac, m’en fait le panégyrique. Drôle d’homme, cet Yves Guéna ! Il paraît que Pierre Juilletet Marie-France Garaud disent de lui que c’est l’homme aux deux parapluies : « Celui qu’il porte et celui qu’il a avalé » !
    Il faut dire que, la première fois que les Français l’ont vu, c’était en 1968, lorsque, ministre de l’Information dans la tourmente, il était apparu, sinistre, juste avant la grève de l’ORTF. Il n’avait franchement pas l’air d’être un gai luron. Héros de la guerre, c’est un gaulliste de la toute première heure, qui est tout sauf un extraverti. Excepté, paraît-il, à Périgueux, où il est le maître des lieux et des cérémonies. Son allure n’est pas celle du laisser-aller, certes, mais il s’exprime avec une décontraction qui me surprend, venant de sa part. « On était vraiment dans la mouise », me dit-il par exemple en parlant de la reprise par Chirac de l’UDR, et en m’expliquant en quoi et comment cette reprise était nécessaire pour la survie du mouvement gaulliste. Il m’assure que l’appareil dudit mouvement est séduit par Chirac, que les minoritaires s’inclineront forcément, que les limites de l’opposition à Chirac restent circonscrites aux « barons » : ni Michel Debré ni Couve ne sont d’accord aujourd’hui avec l’opération Chirac.
    L’objectif déclaré, selon Guéna, est que le Premier ministre soit reconnu comme chef de la majorité, et non comme le chef d’un des deux partis de la majorité. « Quels sont les meilleurs moyens d’y parvenir ? » me demande-t-il. Sa réponse : « Garder l’UDR. » La stratégie ? « La majorité, c’est notre cadre, parce que nous avons fait élire Giscard. Normal de soutenir le président qu’on a élu. »
    Certes. À condition que l’UDR ne soit pas dissoute dans un magma giscardien. Apparemment, ce n’est pas ce que souhaite Guéna, que je trouve assez ironique dans ses propos sur Giscard, même lorsqu’il veille à ne rien dire d’inconvenant à l’égard du président de la République, qui n’est pas de ses intimes.
    Un peu plus tard dans l’après-midi, François Mitterrand revient avec moi sur sa conférence de presse de l’avant-veille. Je ne sais où il trouve assez d’énergie pour ne pas jeter l’éponge. Il ne semble pas affecté outre mesure par ses échecs actuels. Il est dans son bureau, au Parti socialiste, place du Palais-Bourbon, bureau farouchement gardé par un bataillon de secrétaires : tout premier secrétaire du Parti socialiste qu’il est, cette petite pièce n’a rien de commun avec celle qu’occupait Guy Mollet à la cité Malesherbes. Comment dire ? Ce n’est pas un bureau de chef de parti politique, c’est quelque chose de beaucoup plus intime, qui lui ressemble. Et d’ailleurs il me dit d’emblée : « Le PS, ça n’est pas un parti, c’est un certain rayonnementpolitique lié à ma personne. En tout cas, ce n’est pas un parti organisé, mais plusieurs partis à la fois. Je ne peux pas être le secrétaire de quatre partis différents ! D’ailleurs, je n’en ai pas le temps ! »
    Il poursuit : « Maintenant, la SFIO n’existe plus et le Ceres est

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