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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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commission des résolutions ont dû être chaudes : sur tous les points de l’organisation du bureau exécutif et du secrétariat, Jean-Pierre Chevènement, Motchane, Sarre ont fait de l’obstruction. La séance a été levée à cinq heures et demie du matin. C’est dire !
    Et ce qui devait se passer se passa : les ponts sont coupés avec le Ceres.
    10 février
    À peine sorti de Lariboisière, Georges Marchais donne une conférence de presse place du Colonel-Fabien. À la tribune, il paraît amaigri, pâle, flanqué d’un côté de René Piquet et de Paul Laurent, de l’autre de Roland Leroy et d’Étienne Fajon.
    Il remercie le personnel médical et les médecins, avec ce qu’il faut de plaisanteries mi-figue mi-raisin sur ceux qui l’ont enterré trop tôt dans leurs articles. Quelques phrases, et tout de suite on aborde la politique. Une première partie, assez classique, sur le régime qui « aggrave les difficultés des Français ». Et on entre dans le vif du sujet, c’est-à-dire... dans le chou du Parti socialiste ! Le Parti communiste n’a qu’une ligne : « Battre le pouvoir actuel pour obtenir un gouvernementd’union démocratique autour du programme commun. » À côté de cela, quelle est la politique du Parti socialiste ? Marchais s’interroge de longues minutes sur le point de savoir si le PS va mener une lutte conséquente contre le pouvoir en place ou s’il va céder aux sollicitations de ce dernier. « Après Pau, le problème reste posé. »
    Son analyse, enfin celle qu’il livre en public, est qu’au sein du Parti socialiste la direction s’est déplacée à droite en raison de l’éviction du Ceres. Marchais fait mine de n’avoir jamais entendu les protestations de loyauté du PS à l’égard du programme commun, il détourne dans un sens totalement négatif toutes les actions ou toutes les phrases de Mitterrand, l’accusant par exemple d’avoir fait référence à Léon Blum (c’est-à-dire, selon Marchais, à la SFIO), ou d’avoir qualifié de « parades » les meetings communs entre socialistes et communistes.
    Le clou, vis-à-vis de l’union de la gauche, est cette phrase de Marchais : « Je le dis très simplement, avec gravité : je retire de Pau l’impression désagréable d’une direction, d’un premier secrétaire socialiste de plus en plus sûr de lui et dominateur ! »
    La fin est à l’avenant, avec le rituel appel aux masses laborieuses, ce qui, dans le langage communiste, depuis le congrès de Tours, signifie le rejet des dirigeants sociaux-démocrates. Cette fois, c’est la rupture.
    Je ne sais pas ce que va faire Mitterrand. Toute sa stratégie est en cause. D’autant, il me le disait récemment, que sa marge de manœuvre est étroite et que, le voudrait-il, il ne pourrait se rallier maintenant au pouvoir giscardien, ni même aux partis du centre. Mitterrand est en réalité coincé par les communistes et je ne vois pas comment il peut s’en tirer.
    Sisyphe, vous connaissez ?
    Notons que, lorsque l’on demande à Marchais s’il envisage de nommer quelqu’un en intérim au secrétariat général du Parti communiste, il répond avec vivacité : « Je suis le secrétaire général du parti. Je peux vous dire que j’ai assumé mes responsabilités, mis à part les premiers jours de ma maladie. Sous la responsabilité particulière qui est celle du secrétaire général, ce secrétariat collectif va continuer à fonctionner. »
    Suivent, de la part des socialistes, quelques protestations, et, de la part du Ceres, quelques phrases molles. Mitterrand répondra jeudi à la cité Malesherbes, mais ne désire manifestement pas en faire trop. Il a choisi d’attendre, faute de pouvoir faire autre chose.
    12 février
    Déjeuner avec Jean-Pierre Soisson 6 .
    À chaque phrase, il est question du président de la République qui, que, dont, etc. C’est un giscardien de la première heure, mais particulièrement à plat ventre devant Giscard. Le déjeuner a lieu dans son appartement du Marais, où, raconte-t-il, s’est passée une des réunions des « 43 » députés UDR qui avaient choisi, avant la présidentielle, de soutenir Giscard. Giscard les a rencontrés là, avec Soisson et sans doute d’autres giscardiens, dont lui, Soisson, ne parle pas. C’est la première fois qu’on me parle d’une réunion des « 43 » en présence de Giscard, et je ne pense pas que quiconque y ait fait allusion avant aujourd’hui, mais

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