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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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écarté. Je peux désormais construire un parti cohérent et organisé, c’est à cela que nous allons travailler. » Il a l’air très content de s’être débarrassé de tout ce monde-là.
    Restent les communistes : « Attendre et voir, c’est tout ce que je peux faire. Ils continueront à nous chercher querelle, mais il faudrait quand même qu’ils baissent un peu le ton. Il y a chez eux une véritable psychose du PS. Ils nous imaginent plus forts que ce que nous sommes, alors ils s’affolent ! »
    Reste aussi Giscard. Bizarrement ou pas, je le sens moins tendu quand il évoque Giscard que lorsqu’il me parle des communistes, qui – il ne le dit pas, mais ça se voit – l’exaspèrent. Se battre contre Giscard est pour lui dans l’ordre des choses. Contre ses partenaires, par contre, c’est irritant au plus haut point. Du moins est-ce ainsi que j’interprète ses propos. Il ne me dit rien qui m’y autorise. Rien non plus qui m’autorise à penser qu’il adore que les communistes le fassent chanter ! Ou plus exactement ralentissent sa course.
    « Giscard est dans une période d’euphorie, mais cela passera. En septembre il était très bas, maintenant il est très haut. Rien ne dit qu’il ne baissera pas quand on s’apercevra, au printemps, que la crise est toujours là. D’ailleurs, je n’ai jamais très bien compris pourquoi on gagnait ou on perdait des points ! Les cotes de popularité, ça va, ça vient. J’ai perdu des points chez les électeurs communistes, mais je les regagnerai quand l’occasion se présentera. »
    Suivent quelques longues minutes sur les sondages. « Ce sont des bulles au-dessus des réalités », me dit-il sans dissimuler un certain agacement face à ces chiffres qui montent et descendent sans qu’il en soit le maître.
    Il re-bifurque sur Giscard : « Il n’a pas de majorité au Parlement ; c’est ennuyeux, pour un président ! À chaque vote, l’UDR pèse d’un poids très fort. Des élections anticipées ? Je n’y crois pas, à moins que, du côté de chez Giscard, ils ne sentent la gauche très faible et décident de prendre un risque.
    « À Épinay, j’ai dit qu’il fallait dix ans pour faire un Parti socialiste fort. Mon ambition aujourd’hui est qu’il représente 26 % de l’électorat ; 26 %, ça me suffit. C’est 5 points de plus qu’en 1973, et 5 points de moins que ne m’accordent les sondages. »
    Nous nous quittons. Le soir est tombé sur l’Assemblée nationale. Le parti n’a pas encore fermé ses portes ; on entend d’étage en étage que les commissions continuent de travailler à cette heure avancée.
    14 février
    Jean Lecanuet, garde des Sceaux, me parle de la nouvelle loi sur le divorce.
    Avoir choisi la tête de file de l’ancien MRP pour défendre cette loi, je trouve cela génial ! La loi sur l’abaissement de la majorité à 18 ans, qu’il a défendue l’année dernière, était sûrement pour lui beaucoup plus facile à assumer. Il est vrai que c’est aujourd’hui un ministre « réformateur » plus que MRP. Il n’empêche...
    La loi qu’il prépare introduit le divorce par consentement mutuel dans le droit français. Un progrès considérable dans ce pays où les époux qui souhaitent divorcer sont obligés de faire de fausses déclarations pour s’accuser mutuellement de faute ! Il me dit qu’il a fallu deux heures de discussion en Conseil des ministres pour arriver à définir plusieurs sortes de divorces : le divorce par accord, le divorce aux causes objectives, le divorce pour faute.
    Tout de même : avortement, droit de vote à 18 ans, divorce par consentement mutuel... Les socialistes auraient-ils eu le cran de proposer tout cela en à peine plus de six mois aux Français ?
    21 février
    Paul Granet me raconte que Jacques Chirac, consulté sur le point de savoir autour de qui – Lecanuet, Jean-Jacques Servan-Schreiber, d’autres encore ? – devrait se faire la fusion des centres, a suggéré que ce soit Edgar Faure. Ce qui serait un moyen de s’assurer, via Marie-France Garaud, le contrôle de ce même centre parallèlement à celui de l’UDR.
    Le problème principal de Chirac est, a-t-il dit à Paul Granet, d’être, au-delà de l’UDR, le chef de la majorité. Dans cette hypothèse, il abandonnerait le secrétariat général de l’UDR au ministre le plus ancien dans le grade le plus élevé, c’est-à-dire sans doute à Robert Galley. Dans ce cas, c’est

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