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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’exigence d’un accord avec l’URSS. En revanche, il demande que la France se dégage du bouclier américain. Il est confiant : il pense que la gauche peut arriver à un accord sur la paix, le désarmement, l’Allemagne.
    Ce n’est pas tant ce qu’il me dit qui est spectaculaire, c’est le fait qu’il ait accepté de me voir dans un bar, pour me parler de tout cela. Et aussi des élections cantonales qui vont avoir lieu le 24 septembre : « Nous allons tous gagner des sièges, me dit-il, les deux forces de gauche seront gagnantes l’une et l’autre. »
    Sans date, septembre

    Conversation avec Michel Poniatowski qui revient sur la phrase qu’a eue Giscard, en plein mois d’août, sur « l’exercice solitaire du pouvoir 23  ». Trois mots, trois mots seulement, par lesquels il a dénoncé la vie politique française. Trois mots qui ont fait mouche, parce qu’ils décrivent une situation, me dit Poniatowski, que tout le monde, dans la majorité, Pompidou compris, analyse et regrette. Vrai, cet homme, Ponia, n’aime pas de Gaulle, même s’il a contribué en 1958 à lui donner le pouvoir !
    Il me parle d’élections primaires pour les futures élections législatives, une idée sur laquelle il travaille depuis janvier dernier. Il y a deux mois, Giscard a créé un groupe de travail présidé par Jean de Broglie 24 , sur ce sujet. Le schéma est simple, me dit-il. Les partis passeraient entre eux des accords de majorité : le PC avec la Fédération, l’UNR avec les giscardiens. Chacun de ces deux regroupements désignerait un candidat par circonscription. Après vote des sympathisants, on ne conserverait, pour la véritable élection, l’élection légale, qu’un seul candidat.
    Il en convient : « Vraisemblablement, l’UNR n’est pas très enthousiaste sur ce terrain. » Pourtant, m’assure-t-il, « ce n’est en aucun cas une machine de guerre contre l’UNR ». Il me le dit de telle façon que j’en doute, bien sûr : car en réalité, il compte sur l’image plus libérale, plus démocratique, plus ouverte des giscardiens pour accroître leur place au sein de la majorité. 
    « Contrairement à l’UNR, me dit-il, nous ne traînons pas derrière nous un vieil appareil politique, celui du RPF. Nous avons su nous débarrasser de celui, très vieillot certes, du Centre national des indépendants. » Et il me confie sa volonté – celle de Giscard – d’envoyer une dizaine de missionnaires dans toute la France, chargés de constituer des clubs, et non un parti, qui porteront la parole giscardienne. « La porte en est ouverte à tout le monde, insiste-t-il, patelin, de l’UNR au Centre démocrate. »
    21 septembre

    Réunion sur les structures de la future Fédération de la gauche. Le texte élaboré tient sur trois pages dactylographiées et en six points qui m’ennuient à périr. Dont des affirmations doctrinales : la dénonciation de l’oppression de la société capitaliste, la suppression de la monopolisation des richesses au profit d’une minorité, l’appropriation des grands moyens de production.
    La SFIO ne bloque que sur un aspect : la Convention insiste sur la démocratie à la base, et donc sur le fait que les assises départementales doivent se tenir en présence de tous les adhérents, y compris les nouveaux adhérents à la Fédération. Émoi de Claude Fuzier : « C’estdu délire, dit-il. Seuls viendraient à ces assises, si elles étaient ouvertes à tout le monde, ceux qui ont une automobile. Vous faites une caricature de la démocratie ! »
    Malgré cet éclat – et avec quelques coups de ciseaux dans le texte présenté –, les socialistes finissent par accepter le texte. Quant à Mitterrand, dont la cote a progressé dans les sondages depuis mars dernier, il est sur un nuage.
    26 septembre

    Imperturbables mais sans illusions, les 121 députés de la Fédération de la gauche déposeront cette semaine la quatrième motion de censure de la législature, commencée il y a moins de six mois ! Objet de la censure : les ordonnances – emploi, sécurité sociale, intéressement. Mitterrand a décidé de continuer sa politique de harcèlement de Georges Pompidou. Il n’est pas mécontent non plus de forcer le centre à choisir.
    14 octobre

    Malheureusement pour la Fédération, le centre a choisi : 29 d’entre eux ont préféré... Pompidou. L’arme de la motion de censure doit être considérée autrement par l’opposition de

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