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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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politiques avaient droit à deux enregistrements intégraux seulement : s’ils se trompent une première fois, ils doivent recommencer l’enregistrement dans sa totalité. S’ils se trompent une seconde fois, ils ne peuvent plus recommencer, la prise qu’ils viennent de faire est considérée comme la bonne. Et diffusée telle quelle !

    25 avril
    À deux jours du scrutin, le vendredi, le général de Gaulle réitère sa menace devant les caméras de la télévision : il s’en ira immédiatement si les électeurs refusent son référendum. Faut-il qu’il soit peu sûr du verdict des Français pour s’exprimer à nouveau, quarante-huit heures avant le scrutin 14  !
    **
    À ce stade du récit, et dans le souci d’en savoir plus sur le référendum fixé en avril 1969, il me paraît utile, bouleversant l’ordre de ces cahiers, de compléter ces notes, rédigées en 1969, au moment où se déroule la campagne du référendum, par des notes plus tardives, rédigées en novembre 1978 à partir de témoignages de tous les grands acteurs qui ont vécu la « tragédie du Général ». Beaucoup de ces témoins sont en effet restés longtemps muets, ne voulant pas, de son vivant, risquer d’accuser Georges Pompidou d’avoir précipité le départ du Général par ses appels de Rome et de Genève, ni d’avoir entretenu, depuis son départ forcé du gouvernement en juillet 1968, une agitation au sein de la majorité de l’UDR.
    Neuf ans après le référendum et le départ du général de Gaulle de l’Élysée, j’ai donc posé aux principaux acteurs la question : pourquoi ce référendum, pourquoi ce départ , fut-ce ou pas un suicide politique ?
    Voici les réponses, fournies neuf ans plus tard par les principaux protagonistes de l’événement :

    6 novembre 1978
    Avec Jean-Marcel Jeanneney que je rencontre dans ce merveilleux immeuble moderne qui donne sur le Luxembourg, je reviens, neuf ans plus tard, sur le référendum d’avril 1969. « Qui a tué le Général ? » C’est la question que je me pose et que je lui pose, non sans penser qu’il y a un peu contribué, sur la fin. Il s’en défend, bien sûr. Je note tout avec frénésie, quitte à ne pas pouvoir me relire, tant ce qu’il me raconte, et surtout le ton, direct, sur lequel il parle, me surprennent et me passionnent.
    Le référendum de 1969, me dit-il, était la suite du référendum ajourné auquel le Général avait pensé en 1968, et qui, on s’en souvient, avait été, si j’ose dire, remplacé par des élections législatives où le mouvement gaulliste avait remporté le succès que l’on sait.
    En prenant tout son temps, avec cet air de jeune homme, ce visage presque inaltéré – il faut que je vérifie son âge 15   –, sans consulter la moindre note (ce qui prouve, soit dit en passant, qu’il a dû souvent repasser dans sa tête les circonstances du départ du Général et s’interroger sur sa propre responsabilité), il raconte :
    « Le Général y a pensé dès le lendemain de la formation du gouvernement Couve. J’ai été nommé ministre précisément pour préparer le référendum sur la participation et le Sénat.
    – Pourquoi vous ?
    – Parce qu’il m’avait demandé depuis 1963, à mon retour d’Algérie, de réfléchir sur une réforme de l’Éducation nationale et sur la régionalisation. Je lui avais fait deux notes à cette époque, qu’il m’avait retournées avec cette annotation : “Régionalisation : intéressant mais prématuré.”
    « Dès le mois de juillet, le Général a précisé cette mission par une lettre adressée à Maurice Couve de Murville, à Maurice Schumann, à Raymond Marcellin. Et à moi, naturellement.
    « Couve s’est refusé à répartir les rôles entre Olivier Guichard et moi. La seule chose qu’il m’ait dite, c’est qu’il fallait aller vite.
    « Je n’ai jamais eu de désaccord avec Olivier Guichard, si ce n’est qu’il souhaitait, lui, une loi-cadre assortie d’un texte référendaire se contentant de poser des principes, donc très court. C’est sur ce point que j’ai marqué mon désaccord, un désaccord de juriste : il s’agissait, ce n’est pas rien, de redéfinir le Parlement. Difficile de le traiter par une simple loi-cadre !
    « Le Général était pressé : l’essentiel pour lui était de disposer d’un texte immédiatement opérationnel, sans qu’il y ait besoin d’attendre des textes d’application.
    « Une fois

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