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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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aussi – j'allais presque écrire surtout – sur le comportement actuel de Mitterrand : il a fait attention à lui, il a pris des vacances, il a maigri et légèrement bruni, son visage a repris en partie les arêtes de sa jeunesse. Il traverse en souverain les Quatre-Colonnes, intercepté par trois députés RPR – Jean Bozzi, Georges Gorse et Lucien Neuwirth – qui lui font grand compliment du discours sur le budget qu'il a prononcé ce matin. Il accepte leurs hommages avec une majesté nuancée de scepticisme, puis gagne la sortie.

    Après lui, voici qu'arrive dans mon champ de vision Jean Foyer, RPR, ancien garde des Sceaux de Michel Debré : « L'Élysée est sur un petit nuage, me dit-il ; en réalité, jamais le RPR ne votera pour Giscard : voilà la vraie signification de ce qui s'est passé aujourd'hui. »
    Comment, dans ce cas, Giscard pourrait-il être réélu ? Le « déchet » RPR sera important : il lui manquera beaucoup de voix de ce côté-là. Quant aux communistes, ils pourront évidemment reprendre leur mot d'ordre de 1969. Ils disaient alors : entre Poher et Pompidou, on ne choisit pas. Ils ont été suivis. Ils ne le seront pas, ou beaucoup moins, par leurs troupes lorsqu'ils diront : « Entre Mitterrand et Giscard, on ne choisit pas. »
    Vœu personnel ou froide analyse politique ? Foyer se plaît à voir Giscard battu dans un an et demi. Il n'a pas l'air d'en être mécontent.

    Derniers mots, avant de m'en aller, avec Robert Poujade, qui est, lui, très choqué par la colère de Barre à la tribune : « Je suis effaré, confie-t-il. Barre vient de me dire : Tant pis, je suis décidé à aller jusqu'au bout avec le RPR. S'il le faut, je redeviendrai professeur à Paris-I 59  ! »

    27 novembre
    Giscard à la télévision avec Elkabbach et Duhamel : « À la question que vous me posez sur la valeur de ce que j'aurais reçu comme ministre des Finances, j'oppose un démenti catégorique et, j'ajoute, méprisant. » Les cadeaux ? Tout le monde en reçoit. Ses cadeaux personnels seront distribués avant la fin de son mandat à des œuvres de bienfaisance ou à des musées.
    Je crains que sa réaction d'orgueil passe mal. De toute façon, elle ne met fin à rien 60 .

    6 décembre
    Lecanuet trouve – il me le dit – que Raymond Barre y va un peu fort, que son agressivité vis-à-vis du RPR est dangereuse pour la majorité et encore plus pour Giscard. Paradoxe : Lecanuet essayant de calmer Barre dans sa lutte contre Chirac, cela a son prix ! Il me raconte en riant comment, lorsqu'il est allé conseiller la prudence au Premier ministre, celui-ci l'a engueulé, l'autre après-midi.
    Lecanuet attend de savoir ce que Giscard veut vraiment.

    11 décembre
    « S'ils veulent la bagarre, ils trouveront à qui parler. S'ils me cherchent, ils me trouveront ! »
    Qui parle ainsi ? C'est Raymond Barre, salle Colbert, devant le groupe parlementaire UDF. Qui ça, ils  ? Les parlementaires RPR.
    De mieux en mieux !

    12 décembre
    Barre ne cesse de dire à ses collaborateurs – c'est Philippe Mestre qui me le dit – qu'il n'admet pas « qu'on élève systématiquement des obstacles sur son chemin », et que ce ne sont pas « les chefs du RPR qui gouvernent la France », qu'il en a assez d'entendre Chirac dénoncer « l'incapacité de ceux qui nous gouvernent ».
    « Tant que ce ne sont là que des paroles, me dit Mestre, cela n'a aucune importance. Tout de même, nous dire : votre budget est dégueulasse (Labbé), vous êtes incapable de gouverner (Chirac), et vous abaissez le pays (Debré), lancer des ultimatums, exiger deux milliards d'économies et un budget social, je trouve – pardonnez-moi l'expression – qu'ils poussent un peu ! »
    Il estime que Chirac, Labbé et Pons essaient de persuader le député RPR moyen que l'intention du gouvernement est de liquider les gaullistes. « Chirac, du coup, poursuit-il, veut prendre les devants et prétend nous faire la guerre avant que nous ne la lui fassions ! »
    Envisager une dissolution ? Oui, Barre va jusque-là. « C'est l'affaire du président de la République, concède Mestre. Mais il n'est pas possible d'y renoncer si nous sommes pris dans cette guerre-là ! Vous verrez : s'il y a dissolution, les parlementaires RPR seront balayés ; ils ne seront plus que trente dans la future Assemblée ! »

    C'est ce que dit, dans la soirée du 12, Pierre Hunt à André Chambraud : il se dit

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