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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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centristes, toléré par les socialistes. Oui, pourquoi pas, après Mitterrand ?

    9 janvier
    Coup de tonnerre dans un ciel que je croyais plus serein : unis aux termes d’un mariage inattendu, sinon contre nature, Charles Pasqua et Philippe Séguin ont entrepris de fomenter un putsch au RPR.Les deux nouveaux alliés ont publié dans la journée un communiqué conjoint, assassin 2 , jugeant le RPR de Chirac et d’Alain Juppé, son secrétaire général, incapable de tracer « un nouvel avenir ».
    Qu’ont-ils de commun, Pasqua et Séguin, l’un plus jeune, l’autre plus mûr, si ce n’est l’envie de dégommer Chirac ? Cela fait longtemps que Pasqua ne croit plus en celui-ci. Séguin avait fait mouvement, pendant l’affaire des « rénovateurs », l’été dernier, et puis il était rentré – ou avait fait semblant de rentrer – dans le rang. À tel point que Michel Noir avait pu dire à un moment donné que Philippe Séguin avait trahi leur cause.
    À mon avis, depuis juillet dernier, Séguin a dû trouver plus ou moins insuffisante la petite équipe des premiers rénovateurs. Michel Noir ? Il ne doit pas le juger très intelligent, pas plus que Charles Millon ou Alain Carignon. Il connaît mal François Bayrou, plus jeune, et François d’Aubert.
    Du coup, ceux qu’on appelait l’an passé « rénovateurs » hésitent à se ranger d’emblée derrière Séguin et Pasqua, d’autant plus que ceux-ci ne le leur demandent pas mais ont entrepris de rénover le mouvement gaulliste sans les consulter à aucun moment.
    D’ailleurs, la réaction de Carignon, ex-« rénovateur » de 1989, est significative ; le jour du « putsch », il est interrogé sur Antenne 2 :
    « De quel côté vous rangez-vous ? lui demande-t-on.
    – Par tempérament, répond-il, je ne suis pas favorable au coup de force. »
    Le journaliste insiste : « De quel côté ? »
    Carignon ne cache pas son embarras. Il confie qu’il en parlera dans la semaine avec Michel Noir et ses amis. Lesquels ont tous été pris de court par le communiqué Pasqua-Séguin qui les a, comme on dit, squeezés  !
    En réalité, je soupçonne Charles Pasqua et Philippe Séguin de n’avoir pas tenté un hypothétique regroupement de la droite, entre UDF et RPR, mais d’agir seulement à l’intérieur du RPR, pour tenter d’en garder les gros bataillons.
    Dans ce cas, il fallait un allié à Philippe Séguin, et Charles Pasqua n’est pas un mauvais choix. Les deux hommes ont tous deux unefibre populaire et gaulliste, tous deux jugent Chirac dépassé. Non, à bien y regarder, cette alliance est loin d’être contre nature.

    10 janvier
    Chirac a choisi FR3 pour répondre à Pasqua et Séguin. Au téléphone – je l’ai eu ce matin –, il m’a paru remonté comme si cette offensive, qu’il n’attendait pas, lui avait insufflé une énergie nouvelle.
    À « Soir 3 », ce soir, il a donc condamné cette initiative qu’il juge « peu élégante » à son égard et dont il assure qu’elle lui a fait de la peine.
    De la peine, Chirac ? Qui sait ? Il ne m’a pas paru peiné, ce matin. Il a sans doute été surpris ; il est inquiet, sans doute. Mais il m’a semblé plutôt combatif, lui qui ne l’est plus guère depuis 1988. Peut-être avait-il besoin de cela pour se réveiller ? Les tentatives des « rénovateurs » de l’an dernier ne l’avaient pas inquiété, car il ne croyait pas à un regroupement de l’UDF et du RPR. Aujourd’hui c’est autre chose. Il est touché dans son mouvement, dans le mouvement qu’il dirige depuis des années. Au surplus, il n’est pas le seul visé : Alain Juppé, Jacques Toubon, ceux qui l’entourent de plus près, sont également dénoncés par le nouveau duo de choc Pasqua-Séguin.
    Il joue les règles du mouvement, la légitimité des procédures : la prochaine tenue des assises du RPR, prévues pour février, aurait dû inciter les putschistes à modérer leur impatience ; s’ils jugent que le mouvement est mal dirigé, qu’il n’a pas d’ambitions, qu’ils proposent autre chose aux militants, et ceux-ci trancheront !
    Le commentaire du journaliste de la 3 me semble exagéré : il a dit que Chirac était carrément « groggy » – c’est son terme. Ce n’est pas ainsi que j’ai ressenti les choses par écran interposé. Encore une fois, je l’ai jugé plus remonté qu’abattu. Ce n’était pas le Chirac s’interrogeant, doutant de lui-même,

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