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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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français sont en ce moment au Koweït et en Irak : difficile pour le Président de ne pas en tenir compte. C’est à cela, d’ailleurs, qu’il a consacré une grande partie de son intervention.
    Il m’a paru à la fois ravi de retrouver le devant de la scène et sérieusement préoccupé de l’avenir.

    11 août
    Philippe Barret, qui est au cabinet de Jean-Pierre Chevènement, me raconte qu’un déjeuner a eu lieu au ministère de la Défense, il y a deux ou trois jours. Autour de la table, le ministre, ses collaborateurs et le patron de la DGSE, Claude Silberzahn. Celui-ci leur a démontré patiemment que la guerre avec l’Irak était inévitable. Pourquoi ? Parce que Israël estime – et fait savoir depuis longtemps – qu’une fois l’Irak tenu en laisse, on aurait la paix au Moyen-Orient pour trente ans.
    « Les États-Unis feront la guerre », a affirmé Silberzahn, « et les pays européens, dont la France, suivront » conclut Philippe Barret.
    Dans l’après-midi qui a suivi ce déjeuner, Philippe Barret me dit qu’il a envoyé une note à Chevènement, du genre : si tu veux démissionner, c’est le moment ! Il paraît que Chevènement avait déjà pensé le faire au printemps dernier, lorsque le budget militaire a été rogné par les Finances avec l’autorisation de Rocard – et le mutisme de Mitterrand.

    25 août
    J’ai peu écrit depuis le début du mois à cause de la vive agitation qui s’est emparée des médias et du monde politique.
    Ces premières semaines me laissent une impression complexe : est-on en guerre ou ne l’est-on pas ? Certes, l’ONU a bien décrété un embargo frappant l’Irak. Certes, les ressortissants étrangers sont considérés à Bagdad et au Koweït comme des « boucliers humains ». Dans la capitale irakienne, ils restent cependant – sous bonne garde, il est vrai – dans leurs hôtels. Par ailleurs, des personnalités officielles occidentales se rendent à Bagdad : c’est donc qu’on n’a pas coupé les ponts. Si donc on n’est pas en guerre, je ne vois pas pourquoi on pourrait nous interdire d’envoyer des journalistes là-bas. Pourquoi ne donnerait-on pas la parole aux Irakiens, notamment à l’ambassadeur d’Irak en France ? Mais si on est pour de bon en guerre, il faut qu’on nous le dise : au fait, y a-t-il eu déclaration de guerre ? Où et quand ?
    Il n’y a pas de guerre pour le moment, même si le gouvernement français se comporte comme s’il y en avait une en essayant d’empêcher les télévisions de faire leur métier.
    J’écris cela en sortant aujourd’hui d’une réunion – je devrais écrire d’une convocation – de Michel Rocard à l’hôtel Matignon.
    Pourquoi ? Parce que Patrick Poivre d’Arvor, rentré d’Irak le 21, veut retourner à Bagdad pour interviewer Saddam Hussein. Soit dit en passant, je ne sais pas comment Rocard le sait : par les écoutes ? Par une indiscrétion de la rédaction... ou de la direction de TF1 ?
    Mieux vaut ne pas trop se le demander. L’idée de se rendre à Bagdad ces jours-ci ne me paraît pas folle, pour un journaliste ! Ou alors nous sommes tous fous : à l’heure qu’il est, pas moins de 300 journalistes ont demandé à rencontrer le chef de l’État irakien !
    Ce qu’on reproche en réalité à Poivre – et, de ce point de vue, je le lui reproche aussi – est d’avoir profité de ce déplacement journalistique pour ramener clandestinement à Paris un jeune enfant qu’il avait dissimulé dans un grand sac de voyage. Pour moi, le geste – généreux, peut-être – est de nature à compliquer considérablement les relations entre TF1, l’Élysée et les Irakiens. Donc à rendre impossible, éventuellement, la collecte des informations pour TF1. C’est un geste chaleureux sans doute, mais irresponsable.
    D’autant que, même si Poivre ne l’a pas voulu, les photographes de presse l’attendaient à sa descente d’avion. J’ajoute qu’un membre de l’équipe de reportage a pris une photo souvenir du « sauvetage » de l’enfant. Je suis immédiatement convaincue que cette photo se retrouvera sous peu à la une d’un hebdomadaire ou d’un quotidien français.
    Une fois que j’ai dit cela, il a bien fallu que je me préoccupe de la suite des événements, et surtout de la possibilité, pour les journalistes de TF1, de continuer à suivre l’information sans risquer de représailles de la part des autorités irakiennes.
    La

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